Magazine

De la morve, de l'honnibilité du Sud, de la soupe de roustons et de Louise

Publié le 27 mai 2009 par Francisbf

J'aimerais, tel Bill Baroud en détresse sur une île déserte, vous écrire ces mots avec de la morve sur une feuille de bananier, mais si mon stock de morve semble dépasser la quantité de liquide que peut physiquement contenir le corps humain (fichu rhume des foins), il est malheureusement un peu clairet, et je manque en plus cruellement de feuilles de bananier.

Mais bon.

Si je vous ai laissés si longtemps sans nouvelles, vous mâchant les ongles dans une panique qui commençait à monter, c'est que j'ai été séquestré quatre jours durant dans le sud profond (plus précisément Nîmes). Ce sud que depuis des lustres, je me complais à honnir avec délectation.

Car en vérité, je vous le demande, qu'y a-t-il de plus honnible que le sud ?

Sans compter que c'est mon dada à moi de monter les pays les uns contre les autres, en dénigrant les uns (c'est à dire les autres) au profit des autres (la Bretagne si je suis en France, la France si je suis ailleurs et qu'il n'y a pas de français dans le coin).

Bref. Je suis au moment où j'écris ces lignes (au stylo bille sur feuille simple grands carreaux, finalement), dans une petite Peugeot avec pôpa, môman et tata, un dimanche de grands retours de vacances, sur la route entre Nîmes et Lyon (et il s'avérera qu'on mettra six heures et demie à faire ces quelques kilomètres, Bison Futé avait bien raison de mettre la journée en rouge, moi je dis ugh à Bison Futé, tu n'avais pas la langue fourchue).

Et pour échapper aux discussions familiales (c'est à dire aux prises de bec entre ma môman, sa soeur et mon pôpa sur le trafic, les voitures, les « voie de droite, voie de droite », les « putain mais tout le monde nous double on s'est bien fait enculer » au péage, il ne me reste plus qu'à lister en quoi, quand même, la Bretagne c'est vachement mieux que le Sud.

Parce que le Sud, déjà, il y fait trop chaud. J'ai ma petite chemisette qui me colle au gras (et par là au siège de la voiture) de la manière la moins sexy qui soit et les roustons qui baignent dans une soupe de sueur chaude, salée et piquante que si je m'essorais le calbute je pourrais fournir tous les restaus du XIIIème arrondissement en potage pékinois pour la semaine. En plus, même quand on va à la mer (où en mai il y a déjà trop de monde), on peut à peine se rafraîchir parce que a) on n'a pas de maillot, b) si on trouvait un maillot on se ferait vite choper par la brigade des moeurs pour attentat à la pudeur à cause de toutes ces dégoûtantes et sexy petites minettes en bikini qui ont des effets que la fraîcheur de l'eau ne saurait endiguer, vu que l'eau n'est fraîche que pour les beaux-frères camerounais, on peut y rentrer en quinze secondes, alors que toute baignade digne de ce nom se doit de commencer par un quart d'heure de rentrée dans l'eau, ponctuée de « Brrrrr », de « Hiiiiiiiii », de sorties découragées pour rerentrer juste après 5 centimètres plus loin (enfin, 5 centimètres en hauteur d'eau, donc, selon la marée, plus ou moins 10-15 minutes de chemin dans la vase ou les galets.

Donc, il fait trop chaud. Mais c'est pas tout (bis).

En plus de ça, le vert du Sud est moche.

Là où les verts bretons sont éclatants de vie, que ce soit dans les prés, les champs de maïs ou sur les plages (y'a-t-il plus beau vert que celui de l'ulve des plages bretonnes ?), les verts du sud sont ternes, poussiéreux, gris (les oliviers, berk) ou suffisamment sombres pour orner des cimetières.

D'ailleurs, les paysages du sud ressemblent à des cimetières de cailloux blanchâtres affleurant dans une terre jaune comme un grand-père abandonné depuis deux semaines sur une aire d'autoroute.

Je ne parlerai même pas de la toponymie (Ploubazlanec, c'est plus classe que Collorgues ou le Grau du Roi (on dirait des bruits de dégueulis).

Non, les seules choses qui manquent à la Bretagne, c'est les petits vieux, et l'apéro du soir à la terrasse du café.

Puis cette fille. Louise. Adorable brunette aux grands yeux marrons. Et à qui, incroyablement, je plais. C'est réciproque.

C'est agréable, d'avoir quelqu'un qui préfère votre compagnie à celle des autres. Qui se plaît dans vos bras.

Quoi que je suspecte que c'est pour mon côté confortable, ou parce que j'ai plus de doudous que sa maman. Mais même, que c'est bon de voir la jalousie dans les yeux des cousines quand le plus beau des bébés vous tend les bras et s'agrippe à votre T-shirt et refuse de vous lâcher.

Loulou, c'est la plus belle.

De la morve, de l'honnibilité du Sud, de la soupe de roustons et de Louise


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Francisbf 367 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte