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Et H1N1 dans tout ca ?

Publié le 28 mai 2009 par Bayashi_pascal

Je ne pouvais quand meme pas ne pas vous rapporter comment j'ai ressentie l'epidemie ici...

Au debut, le gouvernement japonais montent immediatement sur ses grands chevaux : des equipes medicales en combinaison integrale inspectent les passagers un a un a bord meme des avions en provenance de pays "a risque". C'etait la semaine de la golden week, ou les Japonais se deplacent en masse a travers tout le Japon pour profiter d'une semaine de conge pour aller voir la famille. Si la fameuse bulle etanche dans laquelle vit le Japon se perce, c'est sur on y passera tous semble-t-on se dire.

La periode d'incubation allant jusqu'a 8 jours, ce genre de dispositif ressemble a un marteau piqueur pour ecraser une mouche qu'il va generalement rater. Mais les Japonais, il faut comme chacun le sait en toute circonstance les lobotomiser ras-su-rer. La premiere semaine s'ecoule donc relativement paisiblement puisqu'aucun cas n'est encore officiellement declare sur le territoire. Les seuls a en souffrir sont les voyageurs qui subissent les desagrements a l'aeroport.

La semaine suivante, ca y est on apprend que la grippe A est au Japon. Des etudiants de retour de voyage scolaire au Canada aurait ramene le virus. Les medias se regalent, on peut voir aux infos l'itineraire a la minute pres de chaque malade. Ce qu'une de mes collegues appellera ensuite "la panique silencieuse" peut commencer. Les Japonais se mettent a aller aux urgences au moindre pet de travers pour se faire depister. Hopitaux qui sont deja ici en temps normal au bord de l'implosion. Les gens se font donc renvoyer chez eux sans aucune inspection, ce qui declenche un nouveau tolle dans l'opinion public a propos du systeme hospitalier japonais.

A l'hotel on recoit un mexicain en perdition. Il transitait par le Japon pour aller en Chine. A cause de sa nationalite son billet a ete annule en cours de route, il se fait debarquer a Osaka. Il restera trois jours le temps de trouver (et repayer bien sur) un nouveau billet pour une autre destination qui veut bien de lui. La police vient nous voir pour nous donner des consignes en cas de clients suspects. Des centres speciaux rattaches a chaque arrondissement ont ete mis en place pour traiter les malades. Interdiction de les envoyer dans les hopitaux, de peur qu'ils contaminent les autres malades (et peut etre un peu aussi a cause des evenements precedents ?). Au Seven Eleven d'a cote on me plaint de travailler dans un endroit aussi dangereux qu'un hotel (jusqu'a aujourd'hui je n'ai entendu parler au Japon que de Japonais malades et notre clientele est a 95% etrangere...). Eux en sont deja au masque obligatoire, nous notre chef ne nous a pas encore embete avec ca, c'est juste "si on veux". Ma collegue en porte un durant le menage sans trop de conviction.

Au debut de la semaine derniere l'epidemie explose a la faveur semble-t-il de deplacements d'etudiants pour des rencontres sportives. Apres quelques jours je lis dans les news que le Japon devient le 4e pays le plus contamines au monde. Des personnages haut places, comme le maire d'Osaka, commencent a emettre quelques sarcasmes au sujet de la lourdeur des mesures prises par rapport a leur efficacite. Le gouvernement decidera d'arreter le depistage dans les avions vers la fin de la semaine, officiellement "pour concentrer ses efforts sur la situation interieure". Le gouvernement commence egalement a demander la fermeture temporaire des ecoles. Les jeunes s'en rejouissent et en profitent pour en sortir toute la journee, ce qui a bien sur l'effet completement inverse de celui desire. A la tele on entend par exemple les gerants de karaoke rapportant un boom dans leur taux de frequentation. De mon cote je vois sans comprendre immediatement une affluence anormale de lyceens se la coulant douce dans le parc du palais imperial de Kyoto, et des gros rassemblements festifs dans les parcs la nuit. Au boulot le chef commence a donner des consignes. Pendant le menage on doit tout essuyer avec un produit special qu'il est alle acheter a la pharmacie. Apres le menage grand lavage de mains et ugai (nettoyage du fond de la gorge tres populaire ici) obligatoire. On commence a recevoir nos premieres annulations de reservation, avec en premiere ligne les clients japonais bien sur. On nous contactera plus tard par telephone pour evaluer l'impact de l'epidemie sur l'economie. Pour nous ca n'a pas eu vraiment d'effet, le taux d'annulation etant a peine plus eleve que le taux normal, mais si la situation devait perdurer ca deviendrait surement genant. Pour la boulangerie ou je travaillai par contre, une grosse parte de ses commandes, destinees aux ryokans alentour accueillant les ecoliers en voyage scolaire, c'est la catastrophe. Dans les autres entreprises, chacun y va de son initiative personnelle (demagogique ?). Les salaryman se retrouvent presque tous avec masques obligatoires; certaines grosses entreprises installent des detecteurs optiques de temperature a leur portillon; deux amies se font menacer de sanctions si elles n'annulent pas le voyage qu'elles avaient prevu la semaine suivante; Junko est interdite de venir travailler si elle a un proche malade; ... Le gros des contamines est dans la region ou je vis et travaille, je suis donc aux premieres loges pour voir tout ca. Des evenements et rencontres sont annules, comme la foire a la voyance qui a lieu tout les mois dans la rue ou je travaille.

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D'autres non, comme le grand marche aux puces du temple Tennoji. Les restaurants y vont de leur petit message rassurant sur la porte, mon restaurant de ramen preferre pose meme une bouteille de desinfectant bien en evidence a l'entree.

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Dans le train beaucoup de monde est masque c'est vrai mais ceux qui le sont sont quasiment tous des travailleurs, difficile de savoir la part de consignes et de libre arbitre. Les deux pharmacies a cote de mon hotel sont en rupture de stock.

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A la tele on montre une longue queue devant une pharmacie de Kyoto, et une dame en resortant les bras plein de masques : "Vous vous rendez compte s'ils sont en rupture de stock et qu'on ne peux plus avoir de masque, comment on va faire ? Je preferre en acheter plein maintenant !".

Finalement on arrive a cette semaine, 350 personnes malades au Japon pour 13000 cas dans le monde. L'epidemie est toujours la mais les ecoles ont rouvertes, les porteurs de masque sont presque revenus a leur niveau normal (toujours anormalement eleve ici), et je commence a entendre des reflexions du genre "c'est bon c'est passe et finalement c'etait pas si terrible que ca ...".


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