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Georges Duby : "Le chevalier, la femme et le prêtre"

Par Schlabaya
Le mot de l'éditeur : "Que sait-on des origines et de l'histoire de l'institution du mariage, à la fois si menacée et si endurante ? La cellule conjugale, cadre consacré, contrôlé par le clergé, ne s'impose qu'après une longue lutte qui culmine au XIIème siècle, entre les guerriers et l'Eglise. C'est l'histoire de ce conflit, long et spectaculaire, contre les prérogatives des seigneurs que retrace ce livre, pour déboucher sur un nouvel équilibre : celui de l'amour conjugal et de l'amour courtois."
Cet essai s'attache à retracer l'histoire de la conjugalité, du onzième siècle à l'aube du treizième, le champ d'étude étant limité aux familles nobles et à la France septentrionale. Les enjeux du mariage n'étaient pas les mêmes pour les seigneurs et pour les  serfs. Chez les nobles, il s'agissait avant tout de transmettre, voire d'étendre, un patrimoine sous forme de fiefs, ce qui impliquait de contracter une alliance avantageuse, et de s'assurer une descendance mâle. Afin de prendre femme, les guerriers n'hésitaient pas à s'emparer des femmes contre l'avis de leurs familles (même si, parfois, ces dames ou damoiselles étaient déjà promises, voire mariées à un autre !) Le concubinage a longtemps été la norme de l'union maritale. La fornication et l'adultère étaient largement tolérés, voire encouragés. Il n'était pas rare qu'un homme entretienne sous son toit plusieurs femmes. Et la répudiation était monnaie courante, lorsqu'une épouse ne donnait pas d'héritiers, ou que son seigneur et maître s'en était lassé.
Si
la société laïque était assez peu regardante sur les moeurs, les gens d'Eglise, eux, voyaient d'un mauvais oeil ces survivances des temps païens. Sous l'influence des évêques et des papes, le mariage s'est progressivement imposé, sur le plan civil et religieux, avec pour corollaires diverses contraintes. Deux d'entre elles, difficilement  conciliables, poseront des problèmes quant à leur application : l'indissolubilité du mariage en tant qu'union des âmes, d'une part, l'interdiction de s'unir entre parents jusqu'au septième degré, d'autre part. Le tabou de l'inceste était, en effet, une préoccupation majeure pour l'Eglise. Les nobles étant fréquemment cousins à divers degrés (qu'ils descendent de Charlemagne, de Guillaume le Conquérant, ou de tout autre glorieux ancêtre), et les mésalliances étant prohibées, les mariages ne respectant pas cette règle étaient légion. Bien souvent, le clergé fermait les yeux sur une parenté au quatrième ou cinquième degré; couramment, l'époux feignait de s'en apercevoir après quelques années, lorsqu'il cherchait un prétexte de répudiation... C'est d'ailleurs ce qui a permis le divorce - souhaité de part et d'autre - entre Louis VII et Aliénor d'Aquitaine.
La finalité première du mariage, du point de vue des familles, et plus principalement des mâles, était économique et politique. Comme l'exprime G. Duby, la femme "est une pièce dans un jeu, mais ce sont des hommes qui jouent." Au fil du temps,  cependant, l'influence de l'Eglise, et l'impulsion grandissante des femmes dans la haute société, vont quelque peu changer la donne. La signification profonde de l'union, les droits et devoirs respectifs des époux, et donc la vie familiale et conjugale, en seront profondément modifiés.
Ces changements, et bien d'autres, sont détaillés dans cet essai, où l'auteur rend également compte de sa démarche d'historien. Georges Duby, il faut le souligner, a initié les recherches concernant l'histoire des femmes en France.

Pour approfondir le sujet, je vous suggère de lire l'article consacré à ce livre sur le site Cultures et Débats,  celui d'Olivier Le Naire sur le site de l'Express, et, sur le site Clio, et celui de Michelle Perrot sur la place tenue par l'histoire des femmes dans l'oeuvre de Georges Duby.

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