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Putain ! On a bien failli le perdre !

Publié le 06 février 2007 par Eric Viennot

Oxygene Placé depuis quelques mois en salle de réanimation, le jeu vidéo français vient d’obtenir une bouffée d’oxygène qui lui redonne un petit espoir de s’en sortir. Quelques semaines après avoir été blackboulé au cours  du vote du budget, (cf mon précédent billet) le Crédit d’impôt production vient finalement d’être voté à l’Assemblée nationale comme l’annonçait Ecrans vendredi dernier.
Je ne m’étendrai pas sur cette bizarrerie du jeu politique. On ne peut que se féliciter de ce vote qui a reçu au passage le soutien conjoint des groupes UMP, UDF et PS. C’est une reconnaissance de notre industrie et des enjeux culturels et économiques qu’elle représente pour l’avenir.
Si elle est confirmée par la Commission européenne (dernier obstacle, et pas des moindres, avant qu’elle puisse entrer en application), cette mesure peut relancer la production française complètement sinistrée depuis quelques années. Elle arrive à un moment décisif.

L’arrivée des consoles de nouvelle génération a augmenté considérablement les coûts de production. Le crédit d’impôt devrait donc permettre aux studios français de redevenir compétitifs face aux studios étrangers qui bénéficient d’aides similaires (Canadiens, Coréens…) ou d’aides déguisées ou souterraines (Etats-Unis…). D’ailleurs, il est intéressant de noter qu’il y a un consensus des développeurs européens sur cette mesure présentée par la France. Si les développeurs anglais ou allemands soutiennent notre démarche c’est parce qu’ils ont compris que la véritable concurrence est ailleurs et qu’ils ont tout à gagner d’un précédent français pour tenter de convaincre leurs gouvernements respectifs d’appliquer des mesures analogues.
Il reste cependant un écueil auquel nous pouvons encore nous heurter. Il réside dans cette définition d’oeuvre culturelle.
Comme je l’indiquai dans un précédent billet, il ne faudrait pas que des critères trop restrictifs en la matière limitent les aides à des productions complètement détachées de la réalité du marché. Qu’ils incitent les studios à investir dans des projets créatifs et innovants est une excellente chose ; qu’ils excluent systématiquement certains genres, sous prétexte qu’ils ne sont pas culturels, peut avoir des effets pervers.
L’histoire de l’art regorge d’exemples d’œuvres considérées d’abord comme insignifiantes ou purement industrielles à une époque, dont on n'a reconnu que bien plus tard la valeur artistique.
La tour Eiffel, tant décriée au moment de sa construction, est ainsi devenue, quelques décennies plus tard, le symbole même du patrimoine architectural français. Ce genre d’exemple fait réfléchir. Méfions-nous des définitions trop restrictives qui pourraient rendre la mesure totalement inefficace si n’étaient éligibles que des projets éloignés des attentes du grand public. Pour pallier à ce risque, j’avais évoqué cette notion d’art populaire qui me semble parfaitement adaptée au moment historique où en sont les jeux vidéo aujourd’hui. Elle motive ma démarche comme celle d'un grand nombre de mes confrères. Tous les arts ont eu dans leur évolution un âge d'or au cours duquel s'est produit cette rencontre miraculeuse entre de grands auteurs et un large public. Je fais le pari que cet âge d'or est devant nous, contrairement à ce qu'écrivent parfois certains esprits grincheux. A condition que l'industrie permette à certains auteurs de s'exprimer et à certains projets ambitieux, originaux, différents, de voir le jour. Y'a encore du boulot !

Illustration : les Guignols de l'Info, Canal+.


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