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Barack Obama et la France

Publié le 31 mai 2009 par Exprimeo
A quelques jours de sa nouvelle visite, comment apprécier la place de la France dans la nouvelle politique Américaine ? Beaucoup d'éléments sont de nature à rapprocher Barack Obama de la France. Tout d'abord, son tempérament plus conceptuel que celui de son prédécesseur le rapproche de " la culture Française ". L'an dernier, à la même époque, les stratèges du Parti Républicain étaient confiants quant à la présidentielle 2008. Leur préoccupation était d'abord de récupérer l'électorat de Bush sans que ce dernier n'ait à s'exposer dans la dernière ligne droite. Début juin 2008, le Parti Démocrate était perçu comme très divisé car la compétition avec Hillary Clinton n'était pas encore bouclée. Des contestations sur des primaires donnaient lieu à des séances internes quasi-contentieuses au sein de l'état-major démocrate pour finaliser le décompte des délégués. Mais surtout, les Républicains pensaient que Barack Obama était trop élitiste. Obama n'était pas "assez cow boy". Cette analyse devait ouvrir une séquence de communication du côté de McCain renforçant son aspect "Arizona". Il était trop "européen" ; ce qui devrait dissuader l'Amérique profonde. Ensuite, sa campagne était présentée comme excessivement marquée par des considérations générales à l'opposé de la segmentation classique des campagnes US traditionnelles. Là encore, les responsables Républicains considéraient que la place des valeurs générales était trop grande. Enfin, sur le fond, la place accordée à l'écoute des autres pays devait aller à l'encontre de la "fierté Américaine". Bien plus, les analystes du Parti Républicain considéraient que ce positionnement serait progressivement perçu comme une forme de faiblesse potentielle incompatible tant avec le profil de la fonction de Commandant en Chef qu'avec les enjeux ponctuels de lutte contre le terrorisme qui demeurerait une priorité absolue aux yeux du grand nombre. Début septembre, avant même que la crise économique ne change la donne, les mêmes responsables Républicains étaient moins rassurés. Lors de la Convention de Denver, le Parti Démocrate avait fait son union dans des conditions très réussies. Mais surtout, les autres ancrages pourraient très bien ne plus avoir le même impact que celui supposé lors du premier semestre 2008. Les enquêtes d'opinions montraient que la modération de Barack Obama ne le pénalisait plus. Bien plus, les affirmations péremptoires de McCain inquiétaient : et si McCain Président engageait les troupes US dans trop de conflits … Le besoin de solidarité notamment face aux dépenses de santé prenait une part nouvelle dans les aspirations. La recherche d'un " nouveau sens collectif " correspondait à une vague importante. Autant de critères montrant que l'opinion avait bougé. Toutes ces craintes du côté des Républicains allaient être justifiées car la crise, qui a écrasé les trois dernières semaines de la campagne, allait renforcer ces tendances et creuser un écart historique. En 1980, l'élection de Reagan fut une " révolution culturelle " en faveur d'une Amérique forte. En 2008, la victoire de Barack Obama fut une autre " révolution culturelle " en faveur d'une autre Amérique. C'est cette vague qui a creusé l'écart bien davantage que les techniques de campagne (Facebook, Twitter, Internet, Catalist …). Cette vague crée a priori les conditions nouvelles d'une entente entre le nouveau Président et la France. Seulement, pour que cette entente se détache, il y a deux obstacles. D'une part, la France comme entité ne s'impose plus. Elle est fondue dans l'Europe et l'Europe pour les Démocrates US c'est la Grande-Bretagne comme partenaire indéfectible et l'Allemagne comme première puissance au sein de l'Europe. Dans ce rapport affectif et de rapport de forces, la France n'est plus au premier rang. D'autre part, les conditions d'exercice de pouvoir par l'actuel Chef d'Etat Français le rendent imprévisible car trop impétueux. Pour ces deux raisons, les relations sont normalisées mais il n'y pas de véritable lune de miel. Par conséquent, une nouvelle fois, le Président Américain place la France comme une étape dans un périple international, mais une étape sans retentissement particulier.

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