Tout cela rappelle au Guardian l'introduction d'Anna Karenine : « Toutes les familles heureuses se ressemblent, mais chaque famille malheureuse est malheureuse à sa manière. »Un époux qui devient de plus en plus invivable pour cette femme qui aura retranscrit chaque manuscrit à la main et qui, parce qu'il pratique un régime végétarien, complexifie l'intendance de la maison. « Ses sermons sur l'amour et la bonté n'ont pas cours dans sa famille », écrit Sofia. « Et son détachement - purement verbal - des choses et des biens a fait de lui un homme sans cesse critique et désapprobateur vis-à-vis des autres. »
Femme et intellectuelle, Sofia aspire pourtant à de plus grands chemins que ceux que l'on parcourt dans la neige et la boue, au milieu des bois. De plus en plus isolée par son mari, cet homme qu'elle avait idéalisé et qui désormais la tourmente, on la retrouve dans une version de ses journaux qui lui rend toute sa grâce et sa grandeur.
L'éditeur Alma Books reprend donc une édition publiée voilà 20 ans et préfacée aujourd'hui par Doris Lessing qui achève le portrait d'un mauvais mari, sexuellement maladroit et proche du monstre. « Je me sentais en colère contre lui. Je lui consacre beaucoup d'amour et de soins, et son coeur est tellement glacé », écrivit Sofia.
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