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Antennes-relais : où en est-on ?

Publié le 05 juin 2009 par Cafatica

Certains scientifiques sonnent l'alarme sur le développement de la téléphonie mobile, qui serait nocive pour notre santé, tandis que d'autres se veulent plus rassurants ...
Antennes-relais : où en est-on ? Après l'arrêt de la cour d'appel de Versailles du 4 février dernier contre Bouygues Telecom, qui relève "qu'aucun élément ne permet d'écarter préemptoirement l'impact sur la santé publique des personnes exposées à des ondes ou des champs électromagnétiques", le mois de mars a vu fleurir les victoires des riverains portant plainte pour troubles du voisinage au motif qu'une ou plusieurs antennes-relais se trouvaient installées à proximité de leurs habitations. A chaque fois, même gain de cause : les juges ont condamné les opérateurs à démonter ces dérangeants voisins ...
> Au coeur de la controverse...
En principe indiscutable, la décision de justice a pourtant été vertement critiquée par l'Académie de médecine, tout simplement parce qu'elle tenait compte "de la prééminence du ressenti du plaignant au détriment de l'expertise scientifique et médicale !" Les scientifiques se plaindraient-ils de ne plus être écoutés ? Selon l'Académie, les antennes-relais sont sans danger. Dixit toutes les études médicales qu'elle a bien voulu retenir, et les organisations mondiales et européennes de santé. Le contraire serait étonnant ... et d'ailleurs bien embêtant pour le marché de la téléphonie mobile ! Simple coïncidence sans doute, le porte-parole de l'Académie, André Aurengo, s'avère être aussi membre du conseil scientifique de Bouygues-Telecom et du conseil d'administration d'EDF-GDF...
En amont du "grenelle des antennes", les débats ont fait rage : au Sénat, le 23 mars, un colloque organisé par les sénateurs Marie-Christine Blandin et Jean Desessard à l'initiative des associations Robins de Toits et Ecologie sans frontière a donné la parole aux scientifiques militants pour des réglementations plus strictes. Etaient aussi invités (mais absents ...) l'AFOM (association française des opérateurs mobiles), l'Académie de médecine, et l'AFSSET (agence française de sécurité sanitaire de l'environnement et du travail). Le secrétariat d'Etat à l'économie numérique, représenté par Marie-Claire Daveu, directrice du cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet, a salué l'exigence de démonstration scientifique des associations, "seule à pouvoir justifier le principe de précaution". Les associations n'en attendaient pas moins !
> Des études largement contestées
Pour l'instant, cette démonstration scientifique est loin de faire consensus dans la communauté scientifique. Françoise Boudin, présidente de la jeune Fondation Santé & Radiofréquences, a d'ailleurs rappelé qu'il était encore trop tôt pour connaître les résultats des études engagées...
Le 6 avril, à l'Assemblée nationale, c'était au tour de l'office parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) de rassembler scientifiques, associations, décideurs (français et étrangers) pour une "audition publique sur les antennes-relais à l'épreuve des inquiétudes du public et des données scientifiques". André Aurengo, auteur de l'avis rendu sur le sujet par l'Académie de médecine, n'a pas manqué de contester, comme on pouvait s'y attendre, toutes les études montrant des effets nocifs des champs électromagnétiques en les qualifiant sans le démontrer de fausses, voire de frauduleuses.
> Une table ronde pour calmer les esprits
Dans le contexte actuel, la mission du Grenelle semble difficile, voire impossible ! Comment concilier les opérateurs de téléphonie mobile et les associations, qui restent de fait profondément divisées sur la question de la dangerosité des antennes-relais ? Initialement tenues à l'écart, puis finalement invitées, les associations actives sur ce sujet (Priartem, Robins des Toits, Agir pour l'environnement...) maintiennent leurs revendications, notamment l'abaissement des normes d'émission des antennes-relais de 41 à 0,6 volt/mètre. Elles sont rejointes par les sénateurs Verts qui, à la suite du colloque du 23 mars au Sénat, ont déposé une proposition de loi exigeant cette nouvelle norme.  De leur côté, les opérateurs souhaitent poursuivre l'extension de leur réseau d'antennes ... le professeur Aurengo, à l'Assemblée nationale, a d'ailleurs affirmé que la norme de 0,6 volt/mètre reposait "sur du vent"...
Et l'Etat ? Comme l'a rappelé maître Forget lors du colloque au Sénat le 23 mars dernier, "58 millions de français veulent pouvoir utiliser leur téléphone sur la quasi-totalité du territoire, et l'Etat a fixé des obligations de couverture aux opérateurs, avec des sanctions financières pour ceux qui n'y répondraient pas. Il revient donc à l'Etat de dire clairement si oui ou non les antennes-relais ont un impact sur la santé". Or, pour l'instant, l'Etat veut soigneusement éviter la polémique sur les effets sanitaires, alors que c'est précisément cela qui est au coeur du débat ! Ainsi que le redoutaient les associations, aucun des scientifiques ayant travaillé sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques n'est invité à ce Grenelle. Pas même la Fondation Santé & radiofréquences, pourtant financée à parité par les opérateurs et l'Etat, qui pilote la plupart des recherches "officielles" menées en France sur la question ! Il est vrai que certains membres de son conseil scientifique se sont risqués à dire qu'il existait une incertitude scientifique quant à l'innocuité absolue des ondes ... Enfin, parmi les sociologues invités, on remarque la présence de Michel Setbon, aux positions pro-OGM bien connues. Selon lui, les risques liés aux OGM sont "fantasmés", ce qui exclut bien sûr toute mise en oeuvre du principe de précaution.....
Cependant, de l'avis de la commission européenne, les choses semblent loin d'être aussi tranchées qu'elles ne le sont pour l'Académie de médecine. Tout comme du côté du Parlement. Chacun invite à une révision des normes.
A Bruxelles, le rapport de Frédérique Ries ("rapport sur les préoccupations quant aux effets pour la santé des champs électro-magnétiques", Commission de l'environnement, de la santé publique et la sécurité alimentaire,  Janvier 2009), une parlementaire belge, a été adopté au Parlement européen à une écrasante majorité (559 voix) le 2 avril dernier. Il réaffirme la nécessité d'appliquer le principe de précaution quant à l'exposition des citoyens aux champs électromagnétiques, faute de données scientifiques suffisantes. Selon le rapport, "il faut agir rapidement, sans attendre le résultat des études scientifiques, et appliquer le principe de précaution en limitant le champ électrique à 3 volts/mètre". Comme l'ont déjà décidé 9 Etats membres. Il préconise également d'éviter d'implanter des antennes-relais ou des lignes à haute tension près des écoles, des crèches, des maisons de retraite ou d'institutions de santé, de rendre publiques des cartes notifiant les degrés d'expositions aux ondes électromagnétiques.
En France, le dernier avis du Comité scientifique sur les risques de santé émergents et nouvellement identifiés de la commission européenne (SCENIHR) ne semble pas avoir été pris en considération par l'Académie de médecine, qui s'est arrêtée à l'avant-dernier, en date de janvier 2009.  L'avis de février 2009 ("health effects of exposure to EMF", scientific commitee on emerging and newly idendified health risks, commission européenne, 19 janvier 2009) reconnaît la controverse scientifique et invite bien au contraire à la poursuite des études !
D'ailleurs, quand l'Académie clame l'innocuité des antennes, Bernard Accoyer, en ouverture à l'audition publique du 6 avril dernier, admet tout de même que "les chiffres font débat, car les effets sanitaires de l'exposition aux champs électromagnétiques ne sont pas encore aussi complètement connus que nous pourrions le souhaiter. D'ailleurs, le seront-ils un jour ?"
En attendant d'être peut-être un jour fixés sur la question, mieux vaut prendre quelques précautions élémentaires quant à l'utilisation du portable :
- Eteindre son portable dans les hôpitaux et les avions. Pour les porteurs de pacemaker, il faut impérativement faire attention aux possibles interférences.
- Eviter de rester longtemps au téléphone
- Eviter de téléphoner dans des zones où la réception est mauvaise
- Eloigner son portable des zones particulièrement sensibles : zones génitales (surtout chez les ados), ventre (femmes enceintes) et tête (il est préférable d'utiliser un kit mains libres, mais préférer le kit piéton à l'oreillette bluetooth, elle aussi génératrice d'ondes)
- Ne pas laisser des enfants jouer avec un portable
- Ne jamais téléphoner dans un bus, un métro ou en voiture : la cage métallique dans laquelle on se trouve amplifie considérablement l'exposition. Si l'on est en voiture, téléphoner en conduisant est passible d'une amende. Mieux vaut vous arrêter pour téléphoner, et ouvrir les fenêtres.
- Limiter la durée de ses appels (5 à 6 appels par jour maximum de 2 à 3 minutes chacun)
- La nuit, le portable dort lui aussi, et loin de soi c'est encore mieux. 
 
(Source : Alternative Santé, Juin 2009, qui consacre un dossier entier sur les ondes électromagnétiques)


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