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Voici l'homme de Moorcock

Publié le 26 août 2007 par Vincent

Attention, si vous n'avez pas lu Voici l'homme de Moorcock, ne lisez pas cette chronique, j'y dévoile la fin.  

Sur les conseils de Systar, j'ai emprunté à la bibliothèque Voici l'homme de Michael Moorcock. L'histoire est pour le moins subversive. Un homme  du nom de Karl Glogauer à la psychologie complexe et trouble (homosexualité refoulée, rapport étrange au martyr à cause de mauvais traitements dans l'enfance, névrose obsessionnelle portant sur la croix) remonte le temps en l'an 28 pour assister à la crucifiction du Christ. Seulement, il n'y a pas de Christ ... En fait, il y a bien un Jésus à Nazareth mais c'est un attardé mental. Alors, Karl devient le Christ et sa névroses se confond avec la passion du Christ. Des citations des évangiles viennent illustrer sarcastiquement cette confusion érigée en dogme depuis.

C'est un livre assez court (185 pages), qui se lit vite et la dernière page fermée, il donne à penser car on se demande comment interpréter une telle histoire.

Premier niveau de lecture (le plus simple):  Jésus n'a pas existé, c'est en fait un déséquilibré mental venu du 20ème siècle à qui on voue un culte. Lecture subversive qui est confortée dans le roman par le fait que le seul Jésus fils de Joseph et de Marie à Nazareth est un attardé mental qui bave ..

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. C'est peut-être le niveau de lecture le moins intéressant car si on replonge dans le christianisme primitif, des histoires comme ça (Jésus n'a pas existé, ce n'est pas lui qui a été crucifié), on en trouve à la pelle. Le passage où c'est Jésus qui demande à Judas de le trahir  est l'écho d'une vielle théorie gnostique selon laquelle Judas est un initié secret. Mais passons.

Deuxième niveau de lecture (attention, ça se complique): Le prénom de Glogauer (Karl, le même prénom de Jung), la mention répétée de Jung auquel s'intéresse Glogauer nous oriente sur cette fameuse thèse de l'inconscient collectif du psychanalyste. Selon cette thèse, l'inconscient n'est pas qu'individuel (comme le pensait Freud) mais collectif d'où les mythes, l'alchimie, les hallucinations collectives ... La forêt des mythagos de Holdstock est basée sur cette théorie (joli cycle d'ailleurs). Ici, on pourrait penser que le voyage dans le passé de Glogauer ne change rien au passé car l'inconscient collectif substitue au Jésus historique un Jésus de substitution. Pas une ligne des évangiles n'est changée pour autant. D'ailleurs, la guérison des malades n'a rien de miraculeux, ce sont de simples névroses guéries par  psychanalyse (et hop, nouvelle allusion à Jung). Au fond, à ce deuxième niveau de lecture, à cause de l'inconscient collectif, Jésus existera forcément. 

Troisième niveau de lecture (attention, encore plus compliqué):  Le Karl Glogauer souffre d'un trouble psychologique créé par son moi vieux de deux mille ans. Sa seule façon de le guérir est de retourner en 28 et d'y mourir. Au fond, c'est le retour dans le passé comme psychanalyse.

Bon, voilà, si vous voyez d'autres interprétation, n'hésitez pas à m'en faire part. Et merci à Systar pour le conseil de lecture.


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