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Confidences à Allah de Saphia Azzedine

Par Sylvie

PREMIER ROMAN
Confidences à Allah
Editions Léo Scheer, 2008
Sur le thème du discours de la parole de la femme musulmane libérée, nous avions découvert l'an dernier le magnifique Prix Goncourt, Syngué Sabour  d'Atiq Rahimi. . Une femme dont le mari se meurt et qui confie toute sa haine et son désespoir à son mari dans le coma.

Dans ce premier roman très poignant, d'une rare violence, Saphia Azzedine s'adresse directement à Allah : pas directement pour prier mais pour lui raconter sa vie de pécheresse (Haram, le péché, revient constamment dans le discours) : jeune bergère dans les montagnes du Maghreb, enceinte et rejetée par ses parents, elle se réfugie en ville et devient prostituée de luxe avant de devenir ....femme d'imam.
Si l'on regrette des raccourcis trop artificiels (la jeune prostituée qui sort de prison devient bien vite femme d'imam !), on appréciera surtout le rapport intéressant à Allah et la conception originale de la religion. La narratrice se refuse à culpabiliser Allah comme elle le dit, en rejetant tout Inch'Allah, si Dieu le veut. Car tout ce qui nous arrive, c'est nous qui le voulons et qui devons l'assumer. Vibrant appel à la responsabilité humaine, la narratrice assume ses choix, son pêché. Si elle s'adresse à Allah, c'est parce qu'elle l'aime tout simplement.
Un roman qui donne à la religion une teinte très subtile.
Certains lecteurs pourront être choqués par une langage très âpre et violent, qui fait la part belle au sexe et aux sécrétions de tout genre : prisse, merde, sperme. La narratrice ne se refuse aucun interdit et les assume.
Original et percutant.
" Pardon, Allah, de T'avoir pris à partie tout à l'heure. Je ne veux pas être comme ces gens qui aiment Te culbaliliser. Les hommes n'arrêtent pas de le faire. Au lieu de se bouger, ils attendent que Tu te boiuges, toi. ...Je sais que c'est un mot magnifique Inch'Allah. C'est comme le petit espoir en plus qui fait que tout devient possible, comme un petit coup de pied aux fesses qui me réveille quand le perds espoir, comme si Allah me disait "Je n'ai pas encore pris Ma décision, alors lève-toi et tu verras". Je sais que la décisiion finale t'appartient, Allah, mais je me dois d'escalader tout en haut de la montagne même quand les nuages m'empêchent de voir le sommet. Les fainéants, eux, ils prennent Inch'Allah à la lettre parce que ça les arrange trop de dire que c'est à Toi de décider. Que si ça merde,  c'est parce qu'Allah ne voulait pas que ça arrive. Que c'est la volonté d'Allah. C'est sur que le cul vissé sur un matelas, rien n'arrive, père !
...Je déteste la culpabilité et encore plus celle qu'on t'impose sous couvert de Toi le Glorieux, Toi le Miséricordieux, Toi le Grand. Jamais je ne te culpabiliserai, allah, jamais. Moi je t'aime et pas parce que je te crains. Parce que je t'aime, un point c'est tout. Sinon, ce n'est pas de l'amour, c'est un contrat. Moi, je t'aime. Je ne sais pas si je te crains. Je ne sais pas si c'est vraiment important au fond. L'amour c'est mieux. Tu ne m'a jamais abandonnée. Ou un peu. Mais c'était pour que je trouve mon chemin toute seule. Je vais le chercher comme une grande"


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