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Parlons sexe

Publié le 11 juin 2009 par Zegatt

Un personnage, mine de rien, ça baise… ou ça fait l’amour, c’est selon. Chacun avec sa personnalité propre et son identité unique, jusque dans l’acte lui-même.

En bons pervers polymorphes qui se respectent, pour raconter un récit, il faut que derrière nos feuilles noircies qui s’accumulent, nous plongeions avec eux dans leurs contacts intimes, que la fiction qui se met en place dans nos synapses paraissent une réalité possible.

Avec les scènes d’affrontement (physique ou verbal) et le final du récit (qui est souvent l’occasion de plonger dans un état second et assez jouissif le long des dernières lignes), le sexe est une partie de la création que j’aime.
Pas parce que je mets parfois en scène des personnes réelles ; la fiction ne me sert pas de compensateur (pas à ce niveau du moins), non, plutôt parce que ce type de passage permet de tester la mentalité du personnage.

En l’exposant dans sa nudité face à un autre personnage (ou plus si affinités), cela permet de voir si leur rencontre est justifiée. Si la mentalité qui s’érige au fil des pages lors des phases de doute, dans des confrontations, ou dans l’exposition de réflexions, a en effet une suite logique jusque dans l’intimité, jusque dans la rencontre de deux corps.

La clé de voûte du récit réside dans les personnages. S’il s’avère soudain qu’ils n’ont pas une similitude suffisament poussée pour tenir debout, tout s’écroule.
Le constat est sans appel : si le rapport qui s’érige entre eux est indécis, hésitant, c’est soit que le profil du personnage n’est pas suffisamment précis, soit que l’un des deux n’a pas sa place ici. De la même façon que le héros ne va pas partir en courant face à son éternel rival lors de la confrontation qu’il a attendu de si nombreuses pages, les deux êtres ne peuvent pas se regarder l’un l’autre sans savoir quoi faire. Il faut un dominant, un dominé, un rapport d’égal à égal, une sensualité, un érotisme, un rapport direct, un sentiment amoureux, un acte purement physique… Et ce qui se met en place entre les deux corps doit être une continuité logique de ce qu’ils ont été pour le lecteur jusque là.

Certains de mes personnages existent dans différents récits. Leurs noms varient, ou bien leur statut, et bien entendu les rencontres qu’ils font. J’ai toujours été intrigué de constater qu’avant même que je ne le réalise de façon consciente, les mêmes schémas se mettent en place, malgré la transposition dans un autre univers.
Que tel personnage aura toujours une sexualité similaire – en plus bien sûr de l’image renvoyée en général -, qu’il ou elle aura les mêmes vices (une tueuse en série dans une histoire devient sorcière ailleurs ou encore mercenaire, toujours aussi dominante, dépourvue de tabou, et régulièrement à tendance nécrophile… l’univers change, pas le personnage, qui se contente d’une simple adaptation).

A mon sens (…et traitez moi de freudien si vous voulez !), la façon dont les protagonistes ont un rapport sexuel est tout aussi important que leur point de rupture, là où ils s’écrouleront à coup sûr si la narration les y amène. Dans les deux cas, ils offrent leurs retranchements, et ils chutent dans une vérité complète. Ils montrent ce qu’ils sont, ni plus ni moins.
Et c’est là, si la machinerie grince, que l’alarme se déclenche et que les pages sont à réécrire. Deux personnages ne feront jamais l’amour de la même manière, de même qu’ils ne tueront pas avec les mêmes scrupules, qu’ils ne sacrifieront pas leurs idéaux aux mêmes conditions, ou qu’ils n’auront pas les mêmes remords pour des actes similaires.
La vérité de la narration, elle est là, disséminée dans tous ces instants.


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