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Manifeste pour une société de vocation

Publié le 14 juin 2009 par Beniouioui

Image1 Après chaque élection, les commentateurs appellent à une prise de conscience. Montée de l’abstention, baisse des partis de gouvernement, surprise des listes catharsiques.

Le peuple est à bout de souffle et réclame le changement ;

il a voulu donner un signe à ses gouvernants.

Et puis, Vahiné c’est dégonflé, le soufflé retombe et rien ne change.

Il semble pourtant nécessaire que nous entrions dans un nouveau cycle de l’histoire économique et sociale.

Née dans un 19e siècle bourgeois, la société de production nourrit en son temps la question de la répartition des richesses. Patrons ou ouvriers, chacun s’enferma dans son argumentation et l’Eglise sortit alors, via l’encyclique Rerum Novarum, une Doctrine Sociale qui fit date mais ne fut que trop rarement suivie.

Les temps passèrent et la foi décrut ; les guerres se suivirent et fabriquèrent des horreurs ; le travail restait oppressant et le salarié vit son salut dans l’avènement des loisirs. La société de consommation apparut alors. Dans l’air frais des yé-yé, le consommateur du 20e siècle profitait enfin de ses loisirs et de ses propriétés. Mais il se renferma vite sur lui-même. Le monde devint un peu plus individualiste, les inégalités se creusèrent un peu plus et le consommateur qui était en fait un gentil client dépensier commença à trouver que le salut était long à arriver.

La réponse à ce mal-être, l’intelligensia médiatique la vit dans l’information. Ce fut soudain l’éclosion de cette société de l’information qui apparaissait tel un nirvana d’ouverture dans un univers trop cloisonné. L’information abolirait les frontières, lancerait une nouvelle forme de communication, faciliterait l’accès au savoir. Chaînes de télé, stations de radios, magazines, Internet, mobile, les années se suivirent et les médias et nouveaux médias poussèrent comme des champignons. Pourtant, le salarié-consommateur-nouvellement-informé percevait les limites du système. Les médias lui renvoyaient son image, celle d’un salarié moyennement heureux, d’un consommateur éternel insatisfait, d’un habitant d’une terre ravagée et d’un individu en quête de communauté.

Aujourd’hui, le monde occidental et la France en particulier sont donc appelés à un nouveau changement : la société de vocation.

Un changement qui fit dire à Barack Obama pour son discours d’investiture qu’il nous fallait réaffirmer « la promesse de Dieu que nous sommes tous égaux, tous libres et que nous méritons tous la chance de prétendre à une pleine mesure de bonheur. »

Un changement qui fait dire inlassablement à Benoît XVI que chacun d’entre nous avons « une place dans le plan de Dieu ».

Cette place dans le plan de Dieu, cette vocation, elle nous est offerte par des talents que nous devons parfaire et développer. Il n'y a pas de "mauvais" sur terre; il n'y a pas de "nul". Il y a des talents, des dons, des charismes variés que nous devons cultiver dans notre travail. Avec un unique but : accomplir notre vocation de charité, de joie et de solidarité.

Œuvrer pour une société de vocation, c’est affirmer que la seule voie de la croissance économique n’est pas de passer cinq jours par semaine à produire des biens et services plus ou moins utiles que nous empresserions de consommer le week-end sans en être pleinement satisfaits. La croissance économique doit également être portée par une croissance humaine.

Œuvrer pour une société de vocation, c'est être convaincu que trop de gens ne sentent pas à leur place dans leur travail et s'enferment dans un individualisme tristounet parce qu'on ne leur a pas permis d'exercer leurs talents. Développer son talent pousse nécessairement à la joie, à la solidarité et à la charité; c'est l'inactivité qui enferme.

Œuvrer pour une société de vocation, c’est donc considérer qu’il est nécessaire de soutenir et pousser tous ceux qui souhaitent s’accomplir à développer leurs talents, économiques pour certains mais pour d’autres artistiques, familiaux, religieux, politiques, charitables qui répondront alors aux besoins de foi, d’espérance, de culture, de joie, de paix, d’amour de l’ensemble de la population. La dernière initiative de Xavier Darcos et Philippe de Villiers qui lancent un "collège novateur de référence nationale" à Saint-Hilaire-de-Loulay va dans le bon sens. Le principe : à la manière des classes sport-études, une section «humanités classiques, art, culture» pourra être suivie. Au programme, du grec et du latin, des épreuves de culture générale, des cours de civilisation, de littérature, de théâtre.

A quelques jours de la sortie par Benoit XVI de son encyclique social, soyons assurés que cette économie de l'immatériel peut être un vrai moteur de croissance, car l'innovation a besoin d'espérance.


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