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Salaires, Bonus, stock-options… les vrais-faux sacrifices des patrons

Publié le 16 juin 2009 par Bernard Carlier

Salaires, Bonus, stock-options… les vrais-faux sacrifices des patrons 

Extraits d’article de capital.fr

A l’heure où les assemblées générales valident les rémunérations 2008 des dirigeants, ceux-ci affichent leurs bonnes intentions. Mais ce qu’ils lâchent d’une main, ils le récupèrent souvent de l’autre…

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A l’heure où les assemblées générales doivent entériner leurs émoluments de 2008, les dirigeants du CAC 40 se bousculent pour annoncer, avec un certain lyrisme parfois, les sacrifices auxquels ils ont volontairement consenti. «Simple solidarité avec les salariés», indique-t-on dans l’entourage de Frédéric Rose, le directeur général de Thomson, qui a renoncé à son bonus et à ses stock-options, mais a aussi «suspendu» une prime de 150 000 euros attribuée à son arrivée dans ce groupe en totale déconfiture, il y a huit mois.

Comme lui, quelques patrons ont vraiment joué le jeu de l’austérité. Leur manque à gagner se chiffre en millions d’euros. Mais beaucoup d’autres ont trouvé des techniques assez astucieuses pour limiter la casse. 

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Dans de nombreuses entreprises cependant, les variables ont réellement trinqué. Pour rattraper le coup, la technique la plus répandue au sein du CAC 40 consiste à faire le plein de stock-options. La formule, rappelons-le, donne la possibilité d’acquérir au bout d’un délai minimum de quatre ans des actions de l’entreprise à un prix défini à l’avance et proche du cours actuel. Il suffit donc que la cote grimpe pour réaliser une plus-value.

Illustration avec Ben Verwaayen, à nouveau. En mars dernier, il a reçu un million de stock-options Alcatel à 2 euros l’unité. Certes, le cours navigue actuellement autour de 1,6 euro. Mais si celui-ci revient ne serait-ce qu’au niveau de janvier 2008, soit 5 euros (hypothèse considérée comme réaliste par les analystes), le gain sera de 3 millions d’euros. «On espérait pourtant que les abus de l’ère Russo-Tchuruk étaient finis», déplore Bertrand Lapraye, délégué CGC. L’assemblée générale de l’équipementier télécoms, le 29 mai, risque d’être houleuse. 

Y aura-t-il aussi du grabuge à celle d’Axa ? Son P-DG, Henri de Castries, étonne par ses changements de cap. En mai 2007, ce proche de Nicolas Sarkozy avait renoncé à ses stock-options. «Un patron doit savoir prendre ses responsabilités et être capable d’autorégulation», disait-il à l’époque. Un an plus tard, le voilà avec 390 000 nouvelles options en poche. Gain potentiel, selon la valorisation indiquée dans le rapport annuel 2008 : 1,2 million d’euros. De quoi l’aider à digérer la réduction de 800 000 euros de son bonus. 

Bruno Lafont, P-DG du cimentier Lafarge, est plus constant ; en 2007, il avait engrangé 60 000 stock-options ; en 2008, il a continué avec 120 000 nouvelles options. A croire qu’il avait prévu la chute de son bonus : – 53% l’année dernière. 

Dans le même esprit mais avec l’espoir d’un gain encore plus sûr, les actions gratuites connaissent cette année un véritable engouement. Jean-Pascal Tricoire, président de Schneider Electric, en a, par exemple, reçu 6 750 en 2008. Elles sont valorisées à 489 000 euros. Soit plus du double de ce qu’il avait perdu en bonus. Quant à Gilles Pélisson, numéro 1 d’Accor, il a perdu 700 000 euros de variable. Or, heureuse coïncidence, il a reçu deux fois plus d’actions gratuites en 2008 que l’année précédente. Leur valorisation : 725 938 euros. Il devra néanmoins patienter jusqu’en 2012, c’est la loi, pour empocher la mise. 

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Stock-options, actions gratuites, salaires… Pour les patrons qui possèdent un montant significatif d’actions, ce ne sont souvent là que broutilles par rapport à ce que rapportent les dividendes. Ce qui explique qu’un Alain Dinin, P DG de Nexity, signale dans une missive envoyée fin mars à ses salariés qu’il a renoncé à son variable 2008. Tout en précisant sobrement que cette position ne lui paraît pas «devoir être mise en avant.» On comprend pourquoi. Bonus ou pas, il touchera fin mai 2009 près de 3 millions d’euros de dividendes. Pas évident non plus pour François-Henri Pinault d’émouvoir les foules. Certes, le P-DG de PPR n’a perçu aucun bonus et ne s’est fait attribuer aucune stock-option en 2008, mauvais résultats obligent, mais la holding familiale Artémis (qui contrôle, entre autres, PPR), dont son père, François Pinault, détient l’usufruit, va encaisser 207 millions d’euros de dividendes. L’héritier de l’empire familial a cependant pris une initiative originale : il a renoncé par avance à toute attribution de stock-options et d’actions gratuites en 2009. Jusqu’à présent, peu de patrons du CAC 40 l’ont suivi dans cette voie. Parce qu’ils croient à la reprise ? 

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