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Mon dîner avec « NKM »

Publié le 17 juin 2009 par Roman Bernard
J'étais invité hier soir à un dîner de blogueurs politiques par Nathalie Kosciusko-Morizet, secrétaire d'État à la prospective et au développement de l'économie numérique auprès du Premier ministre. Arrivé devant l'un des palais de la République réservé à cet effet, je passe la porte, sans aucun contrôle d'identité ni d'objets métalliques. Amusant, pensé-je, que le collègue de mon hôte, ministre de l'Éducation nationale, Xavier Darcos, envisage de placer des portiques de détection de métaux à l'entrée des établissements scolaires, mais qu'un ministre, enceint de surcroît, puisse recevoir dans un bâtiment sous-sécurisé, à la merci du premier passant armé.
Face à « NKM », j'hésite : me faut-il l'appeler « Madame le ministre », comme l'exige la langue française (a-t-on eu l'idée de masculiniser un métier aussi viril que sentinelle ?), ou « Madame la ministre », comme le veut la bienséance selon laquelle l'on se plie aux us et coutumes de son hôte ? Les idées se bousculent dans ma tête, tandis que « NKM » me serre la main : un peu pris de court, je me contente d'un « Bonsoir, Madame » emprunté, dont je ne suis pas satisfait. Le vin me fera oublier ça.
Sont présents des blogueurs éminents, tels Nicolas Vanbremeersch, Maître Éolas, Luc Mandret, Franck Contat, Yves Thréard, Philippe Chriqui, Jules de Diner's room (si j'en oublie, prière de me les signaler).
Il y a trois tables. À chaque plat, « NKM » change de table. La mienne, composée notamment de la blogueuse féministe Olympe [à laquelle je souhaite de mieux finir que son homologue et homonyme], Nick Carraway et Koz, a eu la chance de recevoir la ministérielle visite au moment du plat principal. En raison de la présence d'Olympe, la discussion a rapidement porté sur un troublant paradoxe de la blogosphère politique française : alors qu'il n'existe aucune contrainte pour tenir un blog, la blogosphère politique est ultra-majoritairement masculine. Madame le ministre et Olympe font valoir que notre culture, patriarcale, façonne les représentations de genre, et détermine leurs fonctions sociales : aux hommes la politique, aux femmes la cuisine. Koz, que je ne savais pas si « phallocrate », n'est pas du tout de cet avis : comment expliquer que, dès l'école maternelle, les comportements commencent à se distinguer entre les sexes, alors que l'essentiel des traits culturels de l'enfant n'est pas acquis ? Réponse commune du ministre et de la blogueuse féministe : dès le berceau, les parents parlent aux bébés de telle sorte qu'ils induisent chez eux une distinction entre les sexes. C'est alors que j'interviens : pour modifier cette inertie culturelle, anthropologique, il faudrait mettre en place un projet de société proprement totalitaire, qui n'aurait rien de plus enviable que le « patriarcat » honni.
Et, puisque l'on ne peut absolument rien changer à cet état de fait, que l'extrême sur-représentation masculine dans la blogosphère politique illustre bien, je m'apprête à conclure que le politique est le propre de l'homme, avant de me raviser, voyant que je désobligerais ainsi mon hôte, et songeant qu'au moment où je naissais, une femme sauvait le Royaume-Uni, tandis qu'un homme... devenait le fossoyeur de la France...
Roman Bernard

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