Magazine Beaux Arts

Larron en foire (Lyon 5)

Publié le 26 septembre 2007 par Marc Lenot

C’est finalement à Docks Art Fair (qui a fermé le 23 Septembre) que, pendant ces visites lyonnaises, j’ai eu le plus de plaisir. Certes la proximité d’une foire et d’une biennale peut être dérangeante; certes la biennale se veut sans doute pure et dure, alors que la foire serait plus proche des goûts du public. Je ne sais. Mais plusieurs des galeries présentes, jeunes et innovantes, chacune dédiée à un seul artiste, avaient des stands de grande qualité.

La galerie berlinoise 5213 présentait les oeuvres mobiles de Vincent Leroy, structures gonflables respirant dans le hall, machines à reflet et à vertige sur le stand. En particulier un mur de miroirs pivotants, un cercle lumineux déformé et ces petits bonshommes bleus, Envahisseurs pleins de grâce aérienne; il y avait aussi des bulles qu’on croirait de savon, qui, légères, avançaient toutes seules et, équipées d’une caméra, vous restituaient une vision renversée du monde. Une ingénieuse légèreté. 

VF Galerie, de Marseille, montrait les cannes à tête de mort de Lionel Scoccimaro, qui m’avaient frappé lors de Show Off. Elles étaient ici en situation dans un ensemble plus large, où on pouvait circuler en écoutant de la musique. Au milieu de ce jardin “Not so Zen Garden” où des pierres noires grumeleuses émergaient de la blancheur immaculée du sable, ces cannes prenaient soudain une autre dimension, plus tragique, plus ancestrale.

Du Stéphanois Ghyslain Bertholon, chez Verney-Carron, plutôt que son travail surréaliste et loufoque sur les animaux et la chasse, j’ai retenu son Autoportrait à la mode de Dürer. Dürer lui-même avait osé se représenter sous les traits du Christ, à l’âge de 28 ans, et, écrit-il sur la toile, “avec des couleurs durables” : l’homme, ayant été créé à l’image de Dieu, ne peut-il se représenter sous les traits du Fils de Dieu ? Bertholon a créé là une oeuvre intemporelle, éternelle de par son esprit, ancrée dans l’histoire, et qui pourtant, peinte avec des couleurs non durables, ne subsistera pas, memento mori.

Bernhard Bischoff, de Berne, présentait le travail de Brigitte Zieger : tout n’était qu’explosions, éruptions, champignons atomiques. Mais ces dessins sont faits à l’ombre à paupière, la violence est apprivoisée, filtrée. On nous tirait dessus (Shooting Wallpaper), mais les tireurs étaient de charmantes jeunes femmes émergeant des bosquets d’une toile de Jouy champêtre qui se levaient, nous ajustaient, nous descendaient, puis se refondaient dans le motif. Dois-je me méfier de mon papier peint ?

Enfin, en deux mots, il y avait aussi les toiles lumineuses de Nicolas Delprat, la funèbre maison de cheveux de Léopold Rabus et le stand de LA B.A.N.K. tapissé du plancher au plafond des rouges calligraphies d’amour montrées ici il y a 4 jours. En somme, un bilan plutôt réjouissant.

Photo Leroy courtoisie service de presse de Docks Art Fair. Photo Scoccimaro courtoisie VF Galerie. Photo Bertholon provenant de son catalogue. Photo Zieger courtoisie Galerie B. Bischoff. Brigitte Zieger étant représentée par l’ADAGP, la photo de son oeuvre sera retirée du site au bout d’un mois.


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