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La biopiraterie : une nouvelle injustice économique et morale

Publié le 23 juin 2009 par Doukyo

Experts, personnalités politiques et représentants d'ONG se sont réunis à Paris à l'Assemblée nationale, le 15 juin dernier, pour les "Premières rencontres internationales sur la biopiraterie", a rapporté un article de l'AFP. En effet, véritable pillage industriel des ressources naturelles et des savoirs des pays du sud, ce nouveau phénomène est une injustice économique et morale et une menace pour la diversité du vivant.

L'équatorienne Patricia Gualinga, membre du peuple kichwa de Sarayaku (Amazonie) et coordinatrice de l'association "Aliaza de los pueblos", a dénoncé : "c'est une malédiction, un vol collectif. Mon père est chamane, il connait beaucoup de plantes et il a lutté pendant vingt ans contre l'intimidation des industriels. Les peuples indigènes n'ont plus confiance et veulent se défendre car le modèle occidental a prouvé qu'il n'était pas correct."

  

Images du commerce équitable

Il faut dire que les industries du "naturel" (laboratoires pharmaceutiques, cosmétiques, spécialistes du bio) puisent largement dans la riche biodiversité des pays du sud. Pour trouver l'ingrédient nouveau, les entreprises "pillent sans contrepartie" les connaissances ancestrales des peuples autochtones en brevetant les ressources biologiques ayant une valeur commerciale, souligne le Collectif Biopiraterie, organisateur du colloque.
"Ils disent qu'ils ne font que breveter un processus de laboratoire mais c'est un artifice monstrueux pour mettre la main sur le vivant", s'est indignée Marie-Christine Blandin, sénatrice verte.

"C'est un droit des peuples de ne pas se laisser piller par des organisations qui ont d'autres intérêts que le bien-être général", a renchéri Danielle Mitterrand, présidente de la fondation France libertés et épouse de l'ancien président socialiste.

Un arbre de Neem
Des victoires peuvent être remportées contre cette "épidémie de brevets", a rappelé l'altermondialiste indienne Vandana Shiva, évoquant le cas emblématique du Neem ou margousier indien (Azadirachta indica). Au début des années 90, les propriétés de cet arbre, utilisées en Inde depuis plus de 2 000 ans en agriculture, médecine et cosmétique, ont fait l'objet d'une série de brevets déposés notamment par le géant de l'agrochimie W.R. Grace. Le combat a duré dix ans et s'est terminé par une victoire auprès de l'office européen des brevets qui a reconnu l'antériorité des savoirs traditionnels indiens sur le Neem, a rappelé Vandana Shiva.


Autre exemple, celui du Sacha Inchi (Plukenetia volubilis), une liane qui produit des amandes très concentrées en acides gras, cultivée traditionnellement par les peuples d'Amazonie depuis plus de 3 000 ans. Deux entreprises françaises ont déposé des demandes de brevets auprès de l'Institut national de la propriété industrielle (Inpi) afin d'élaborer des crèmes à usage cosmétique avec l'huile de Sacha Inchi mais le Pérou conteste, a indiqué Mathieu Mellul, du collectif Biopiraterie.
La Commission nationale péruvienne de lutte contre la biopiraterie planche actuellement sur dix-huit cas de biopiraterie, a précisé l'ingénieur agronome péruvien Andres Valladolid Cavero.

Cependant, des garde-fous sont cependant à l'étude, selon Cyrille Costes, avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle. De fait, l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) réfléchissent aux moyens d'accueillir ces savoirs traditionnels dans le droit international et de les intégrer dans la propriété intellectuelle, a-t-il précisé.
Enfin, en France, les Verts vont déposer un projet de loi pour réprimer les agissements de biopiraterie des entreprises, a indiqué le sénateur du Haut-Rhin Jacques Muller. Une affaire à suivre de très près.

(AFP)


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