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Air - Pocket Symphony (2007)

Publié le 27 septembre 2007 par Alexandra

Note album : 6/10

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J'adore vanner. Mais s'il y a une chose que j'adore encore plus, c'est vanner ce que j'adore.

Je suis une grande fan de Air, vous le savez bien. Je vous l'ai déjà expliqué dans une autre chronique, celle où j'ai déballé tout mon petit cœur. Cette admiration sincère pour les deux versaillais ne va pas m'empêcher de tirer à boulets rouges sur Pocket Symphony, le premier petit écart d'une discographie jusque là plus qu'honorable.

L'autre jour, lors d'un zapping machinal, je suis tombée sur une interview de Jean-Benoît et Nicolas. Ils étaient là, comme d'habitude, à essayer d'avoir l'air le plus français possible. Enfin, français comme les étrangers imaginent les français. N'importe quel hexagonal de base sait très bien que Jean-Benoît et Nicolas appartiennent à une espèce chimérique, un fantasme de non gaulois rêvant de visiter Paris après avoir vu "Amélie from Montmartre". Ils sont sophistiqués, romantiques, beaux, et ne passent pas leur temps à geindre sur leur sort. Loin des standards français en somme. Bref, leur interview se résumait à une revue exhaustive des moyens techniques mis à leur disposition pour l'enregistrement de leur nouvel album. Il en ressortait un discours long, plat et horriblement technique. Je les ai plains de devoir mettre des mots sur leur formidable musique, qui d'ailleurs s'en passe très bien.

Tiens, en parlant de mots. Avez-vous écouté les paroles du raffiné Once upon a time, le premier single extrait de Pocket Symphony ? "I'm a little boy, you're a little girl, once upon a time…" Le tout récité d'une petite voix fluette et francophone sur de jolis arpèges de piano très japon(i)ais. Voilà où réside le principal problème de ce 7è album, qui ne dépasse jamais le stade du mignon, quand il ne tombe pas dans le franchement soporifique. Les lumineux Shade Destroyers de Radio #1 sont repartis dans leur dimension enchantée et ont emmené avec eux la poésie naïve du duo, son génie ambitieux, ses épopées aventureuses. Sur Pocket Symphony, Air est devenu le groupe décrit par les hooligans sonores insensibles à l'élégance radieuse de Moon Safari : une formation froidement minimaliste, assez douée pour la musique d'ascenseur, tout juste bonne à exciter les bobos fans de Carla Bruni et de bon goût arbitraire. L'écoute de ce disque ne se résume en effet pas à son contenu, loin de là : la musique accapare tellement peu les débats que d'angoissantes questions existentielles surgissent. A quoi donc peut bien servir Pocket Symphony ? Je ne relancerai pas une fois encore l'éternel débat sur l'utilité d'un art comme la musique, aussi majeur soit-il. Mais quel est l'intérêt de Mayfair song, un morceau aux allures de joli bibelot, dont on connaît les qualités sans jamais avoir envie de l'écouter ?

On peut également se demander ce qu'apportent au sushi les traditionnels invités prestigieux du duo. Jarvis Cocker relève le défi inouï d'interpréter la pire chanson (One hell of a party) jamais composée par lui-même, Air, Pulp ou même Darkel. Quant à la participation de Neil Hannon (Somewhere between walking and sleeping), elle ferait regretter aux ennemis héréditaires de The Divine Comedy l'absence des flonflons inhérents au bonhomme et pour une fois nécessaires à l'animation d'une mélodie bien plate. Et puis, il y a encore cette histoire digne de Kill Bill. Pendant que Jean-Benoît Dunckel jouait à blip-blip aux manettes du charmant Darkel, Nicolas Godin se faisait la main sur des instruments japonais, le koto et le shamisen, en compagnie d'un maître local que l'on imagine plein de cheveux et de moustaches blanches, avec en prime de petits yeux cruels. Cette belle histoire extrême-orientale n'occulte pourtant pas l'implacable réalité : la harpe et le banjo du Soleil Levant n'apportent strictement rien au son du duo, déjà passablement massacré (le son, pas le duo) par la production anémique de Nigel Godrich. Quid de ces basses délicates, véritables clefs de voûtes de merveilleux morceaux, La Femme d'Argent en tête ?

Heureusement, certains morceaux échappent au vide poussé qui a aspiré l'âme de bon nombre de titres (Space maker, Lost message) sous couvert de raffinement. Left Bank, une ballade acoustique et terriblement mélancolique, renoue avec la beauté mélodique coutumière des albums précédents tout comme l'étrange Photograph et ses synthés spatiaux. Mais ce sont surtout Napalm Love et Mer du Japon qui donnent quelques raisons d'espérer pour l'avenir. Durant quelques minutes trop parcimonieuses, la magie de titres plus enlevés nous rappelle pourquoi on aime tant les 2 versaillais. Une bonne cure de Virgin Suicides s'imposera quand même pour bien s'en souvenir.

Classe : "Mer du Japon", "Napalm love", "Left bank"

Crasse : "One hell of a party" et toute une fin de disque franchement soporifique.


En bonus, spécialement pour Ska qui aime tellement cette chanson, "Mer du Japon" en live.


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