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La feuille de vigne de la Banque Centrale européenne

Publié le 01 juillet 2009 par Edgar @edgarpoe

Quelques jours de repos au pays des cabines téléphoniques rouges et du gazon vert m'ont amené à lire le Times, par curiosité.

J'y suis tombé sur un article signé Anatole Kaletsky, tout à fait irrespectueux envers la Banque Centrale Européenne (How the ECB's fig leaf has completely withered away).

Un beau graphique y montre le niveau des liquidités injectées par la BCE et par la Fed américaine (le graphique est introuvable en ligne, mais ne reculant devant aucun sacrifice j'ai scanné la chose) :

La feuille de vigne de la Banque Centrale européenne

Donc la BCE, qui nous a sauvés dans la crise mondiale selon les bons esprits, l'a fait en injectant beaucoup plus de liquidités que sa consoeur américaine (Selon les calculs de Kaletsky, compte tenu d'un PIB plus faible de 12% pour la zone euro que pour les Etats-Unis, la BCE a injecté 50% de plus de liquidités que la FED. J'ajoute que tout ça pour obtenir une croissance comme d'habitude toujours plus faible dans la zone euro que partout ailleurs - UK, USA notamment).

Savoir si tout cela est très sain est difficile, ce qui est sûr c'est qu'en plus les contreparties acceptés par la BCE en échange de ses interventions ne sont pas de meilleure qualité que celles de la Fed.

Ce graphique n'est pas en effet le seul enseignement de ce bon papier.

Une des caractéristiques du système économique européen totalement absurde est qu'il interdit à la BCE de "monétiser" la dette des états. Alors que la Fed vient d'acheter massivement des bons du Trésor directement auprès du Trésor américain, la Banque Centrale Européenne, vertueuse, refuse cette horreur.

De la dette étatique ? Fi donc ! Il n'y aura d'état qu'européen, et d'ici là tous les états existants sont des escrocs.

Comme, crise aidant, il a tout de même bien fallu injecter des liquidités pour soutenir l'économie, la BCE accepte de refinancer des titres de plus en plus merdiques à la signature d'une qualité de plus en plus faible. Interdit donc de refinancer les vilains états, mais les gentilles entreprises, on peut. L'entreprise, c'est bien, c'est sain, et parler à des actionnaires est plus simple que d'avoir à écouter des électeurs.

Le plus drôle dans cette opération c'est que les banques européennes ainsi renflouées à coup de liquidités, accordées par la BCE, en contrepartie de titres de très mauvaise qualité, achètent à leur tour des titres de leurs trésors publics nationaux... Voilà donc que réapparaît par le bas - les banques nationales - le mistigri que l'on ne voulait pas voir en haut - à la BCE. La feuille de vigne qui consiste à la BCE d'interdire le financement des états européens a donc disparu aux yeux des spécialistes.

Non contente de nous infliger une politique de change imbécile, la BCE mène donc une politique monétaire finalement plus interventionniste que celle de la Fed, mais de façon totalement opaque et illisible.

Tout ça n'empêchera pas naturellement, les idéologues européens d'expliquer combien l'Union nous a rendus plus forts face à la crise. On en reparlera quand la poussière finira par déborder de sous le tapis...


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