LES DISPARUS, Tome 1 des Experts Recuperateurs par Kristine Kathryn Rush

Une nouvelle fois, Bragelonne réussit à attirer mon regard sur l’une de leurs publications. Il faut avouer que cet éditeur a bien compris que la couverture est un élément important dans l’acte d’achat du client potentiel. Ici, l’illustration, réalisée par Sarry Long, ne laissera insensible aucun amateur de SF : on sent l’inspiration “5ième élément” voire, “Blade Runner”. Aéromobile, gratte-ciels, gyrophares…. Au loin, la Terre. Ahhh, en plus, ça se jouerait sur la Lune ? Bien, bien. cela a l’air pas mal. Un coup d’oeil au  résumé où la notion de “Disparus” est vaguement abordée, où l’on apprend que l’on aura à faire avec un Inspecteur des dômes lunaires aux prises avec des crimes particulièrement violents sans d’origine non-humaines. Parfait, ça sent la bonne pioche…

La couverture de "Les Disparus"

Auant ne pas commencer par couper les cheveux en quatre : j’ai été archi-déçu !

Tout d’abord par le style : plat, lent, compliqué par moment. Certaines phrases ou passages sont d’une telle complexité ou longueur qu’il m’aura fallu les relire. Et du coup, que se passe-t-il ? C’est invariable quelque soit l’auteur : je sors de ma lecture et cela m’agace profondément ! Ici, chez Kristine K.Rush, on découvre une auteur où la réflexion l’emporte sans contestation possible sur l’action. Même les scènes qui seraient susceptibles de donner un peu de peps au récit sont “cérébralisées”. On se croirait presque à lire un PV de flics, un compte-rendu de réunion dépassionné.

Pourtant, de la matière, il y en a !

De quoi est-il question ? Dans un futur pas vraiment fixé (on se doute que quelques siècles ont passé), l’humanité a multiplié les rencontres du troisième type. De nombreuses races peuplent donc l’univers dont les Rèvs, les Wygnins, les Distys et d’autres qui ne sont que cités. Leurs représentations physiques s’esquissent au fur et à mesure du récit et je dois avouer qu’au moment d’en finir avec ce Tome 1, je n’étais toujours pas complètement convaincu de savoir à quoi ils ressemblaient. Quant à leurs sociétés, leurs cultures, leurs technologies et leurs mondes d’origines….. ben, pas mieux ! Quelques indices ici ou là qui donnent envie d’en savoir plus… mais rien !

L’angle d’attaque de Kristine K.Rush est ailleurs : la confrontation des cultures et les problèmes que cela crée en terme de “justice”. Un acte anodin pour un un humain peut devenir le pire des délits pour un Disty ou un Rèv. Pour échapper aux sanctions des Tribunaux InterCulturels, il ne reste qu’une chose à faire pour les “inculpés” : Disparaître (notez que la majuscule est volontaire). En gros, et l’auteur l’explique dans cet interview sur le site actuSF (cliquez sur le lien pour le lire) : elle s’est inspirée du programme américain de protection des témoins où l’on crée de toutes pièces une nouvelle identité et une nouvelle vie aux gens qui ont besoin de Disparaître.

Le début du livre suit donc cette logique : une personne, Ekaterina Maakestaad a besoin de Disparaître et fait appel à Disparition Inc. Pourquoi ? On le saura plus tard. Comment ? Ben, on ne le sait pas vraiment. Un peu plus loin, on tombe sur les deux personnages “centraux” (disons le clairement : ceux qu’on s’attend à trouver dans les autres tomes) Miles Flint et Noëlle DeRicci, des flics du dôme lunaire Armstrong. Ceux-ci vont avoir à jongler avec plusieurs affaires mettant en prises humains et non-humains sous une approche très judiciaire.

Sans doute les amateurs des séries télé du genre “FBI : porté disparu” ou “Les Experts” y trouveront leur compte. Mais moi, je suis un peu frustré. Frustré de sentir tout le potentiel qui gravite autour d’un univers aussi riche en diversité de races. Frustré de me rendre compte que cette auteur a fait des différences culturelles un enjeu, si ce n’est la base, de ses scénarios, sans nous offrir une vue plus large de ces exo-sociétés. En fait, si l’idée c’était de nous faire partager le désarroi des inspecteurs face aux réactions des non-humains : c’est gagné !

Un petit tour sur le site de Bragelonne et la fiche de Kristine K.Rush vous apprendra que le T2 est sorti (le titre “Extrêmes”). Je vous avoue que je vais passer mon tour. J’attendrai de lire de bons avis sur d’autres blogs pour éventuellement m’y risquer.

Pour conclure : me suis encore laissé berner par une très belle illustration et un bon travail sur le 4ième de couv. Sans avoir à jeter le bébé avec l’eau du bain, ce livre présente pour principal intérêt de mettre en lumière les casse-têtes que génèreront sans coup férir les interactions entre races ne présentant pas les mêmes valeurs. Ici ne sont abordés que les problèmes de gestion de sentences des justies extraterrestres. C’est déjà beaucoup, mais ça n’a pas suffi à me captiver au récit.