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Passage du vent / Harry Bellet

Par Bibliomanu
Passage du vent / Harry Bellet Depuis que j'ai terminé ce livre, voici deux ou trois jours, je le prends régulièrement dans mes mains. Je le tourne, le retourne, relis le résumé, l'ouvre, parcours quelques paragraphes au hasard, comme persuadé qu'il y a eu erreur sur le livre, que les pages qui se sont glissées à l'intérieur du livre ne sont pas les bonnes.
Décalage à tous les étages...
La couverture, pour commencer. La photographie ne cadre pas du tout avec le ton adopté dans le livre, où l'humour (enfin, un certain humour) prévaut.
Le nom de l'auteur, le titre. Normal. Et puis il y a cette mention qui, initialement devait être : une nouvelle enquête de Sam Adams. Le « nouvelle » a été supprimé, mais au final, le résultat reste le même : je la cherche encore, l'enquête. Il s'agit plutôt d'une aventure. Et là encore, le terme n'est pas des plus justifiés. Le fameux Sam Adams en question est très peu présent durant les chapitres assez courts qui constituent ce roman. Il n'est en fait que le noyau autour duquel s'affolent une bande d'électrons libres pétris d'intentions diamétralement opposées à son égard. Il y a ceux qui cherchent à le tuer quand d'autres entreprennent tout et n'importe quoi pour le libérer.
La quatrième de couverture. Une accroche digne d'un film, suivie d'un résumé où l'on apprend que, suite aux redoutables machinations du maire de New-York, Adhemar Thibodeaux, Sam Adams est emprisonné à Guantanamo. On nous parle de polar mené à cent à l'heure, d'un héros plein de flegme et... d'humour.
On s'attend à un roman brillant, plein de finesse, des personnages hauts en couleur, au service d'une histoire où l'on se doute que les conditions de détention dans la si célèbre prison sur l'île de Cuba seront vilipendées On se retrouve au final avec, non pas un polar, mais une farce grossière, mal fagotée, qui frôle le ridicule: Un maire de New-York dont l'excentricité principale revient à tuer un chat tous les jours, des tueurs pas très futés, des espions pas très crédibles, un héros quasi-inexistant et insipide (c'est l'effet qu'il m'a fait). On évolue sans cesse dans l'histoire en ayant l'impression d'avoir des personnages d'un autre âge, d'une autre époque.
« Nous y serons, répondit Boris en remettant dans son slip une quéquette que Souchon trouva, à sa courte honte, particulièrement imposante. »
« Il vomit dans le chapeau que Seamus, le collègue de Lev, avait laissé sur une table et que le sergent, dans un réflexe, lui tendit sous le menton. Il ne fallait pas polluer la scène du crime. »
« Le chien qui avait entamé son repas, reçut l'essentiel du kérosène sur le dos, ce qui le débarrassa pour un temps de ses puces, mais le fit aussi s'enfuir en couinant et la queue basse, sous des cieux plus cléments. »
Alors bien sûr, les traits sont volontairement grossis mais, à vrai dire, je m'interroge encore sur l'utilité d'un tel procédé ainsi que sur les intentions réelles de l'auteur. Dénoncer le traitement infligé aux prisonniers de Guantanamo ? User de l'invraisemblance au service de la mise en relief de l'inacceptable? Soit. Mais franchement l'humour balourd et pataud qui dégouline de tous les côtés de cet ouvrage a plutôt tendance à effacer tout l'intérêt que l'on aurait pu porter à une telle démarche.
Pour ceux qui souhaiteraient tout de même faire la connaissance de Sam Adams et se forger leur propre opinion, sachez que Passage du vent est sa troisième aventure, après L'Affaire Dreyer et Carré noir. Mais bon...
Bien sûr, cela reste une appréciation personnelle, je crois savoir que Brize a, quant à elle, adhéré au livre.
Passage du vent, Harry Bellet, Robert Laffont, 292p.

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