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Projections (5) Texte en plusieurs parties par A.V

Publié le 04 juillet 2009 par Yiannis

5-

Merde !

Aux livres… à tout ça !

Ici, personne ne viendra te sauver.

Il faut se confronter au réel, suivre les empreintes…

Milena, l’alcool !

Et alors ?

Rien.

C‘est pas grave.

Essaye encore.

N’aie pas honte, ne renies rien !

Tu voudrais raturer d’un coup le visage de celle qui, cruellement, te rappelle tant celui que tu as été…

Un être en devenir, imparfait, qui parfois devient si méprisable à tes yeux, que tu oses à peine le regarder en face.

Moi aussi il me fait mal.

Il porte tant de choses vagues, de sentiments boiteux, d’énigmes non résolues…. D’illusions dissolues peu à peu…

On ne résout rien au conditionnel !

On ne résout rien avec des histoires !

On gagne un peu de temps, c’est tout, mais il faut revenir, il faut toujours revenir !

L’échec, la honte, la rage et cet atroce besoin de vengeance qui ne verra jamais le jour. Tu voudrais leur dire aux autres tellement de saloperies, à ceux qui t’ont fait mal, tu voudrais les voir se casser la gueule, crever la gueule ouverte…

Alors, tu aurais ta revanche ?

La vie est là.

Tu détestes le passé.

Il t’écœure, je sais…

Pourtant…

Cesse de fuir en tissant des histoires.

Viens avec moi.

Viens. Non pas pour justifier ta vie à mes yeux, y trouver un sens profond mais juste pour voir ce qu’il y a sous les strates.

Je ne réécris rien pour toi.

Juliette ne sera jamais…

A quoi ça sert de fantasmer sa vie et de l’offrir à des inconnus ?

A quoi ca sert de déposer entre tes lèvres, délicatement, des tirades exutoires, cent fois réinventées à l’adresse de celles qui... de celles.

Je le pourrais…

Tout m’est permis ici !

Mais il faut savoir se résoudre à ne pas s’épargner...

De quoi souffres-tu ?

Franchement on en n’a rien à foutre de noms.

Les noms sont si insignifiants, les êtres qui les portent te sont devenus tellement inutiles…

Là n’est pas l’important.

Seuls les sentiments ont à présent droit de cité.

Les sentiments…

Je sais.

Pas ceux que l’on nomme aisément mais ceux qui tourbillonnent, qui te serrent la gorge, qui te prennent aux tripes, soudain !

Ceux qui s’entrechoquent et se confondent, ceux que tu ne saisis pas, ceux qui te rendent amorphe, qui te font tomber à la renverse ; desquels s’élève un marasme diffus, un limon qu’il faut assainir pour ne plus trébucher, encore.

Ne plus boire et ne plus perdre le contrôle.

Là, réside, dans cette incompréhension, les derniers soubresauts d’un amour gâté.  

Celui que tu voudrais abandonner car tu l’a tellement abîmé.

Tu le laisse en plan, pas vrai ?

Mais tu ne cesses de vouloir le comprendre.

Pour toi, égoïstement, parce que dans le raisonnement réside ton salut.

Rien.

Tu te trompes.

Déjà, tu ne réfléchis plus par toi-même ni en fonction de ton bien être.

Tes pensées se téléportent dans son esprit à elle.

Tu déterres d’un acte évasif, d’une parole, la plus dérisoire soit-elle, une foule de projections, de ressentis

Et voilà qu’elle t’attaque en esquivant chaque coup que tu lui portes.

Tu hais la nuit et le réveil, tu hais ce qu’avec Milena tu aimais… Car la musique, les films, les phrases, les lieux, lui appartiennent.

Tu laisses en plan tout ce qui lui ressemble, tous ceux qui la connaissent.

Tu t’emballes, tu plonges encore…

C’est ta façon de faire.

Je ne suis plus là, tu ne sais plus qui tuer pour renaître.

Tu rêves vengeance et situations favorables, tu crois que lui faire du mal te la ramènera…

Tu fuis encore !

Ceux qui prononcent sont nom, ceux qui par un mot de trop lors d’une conversation quelconque t’écornent le cœur.

Et puis tu justifies… ses choix, les tiens… mais tu restes là ; toujours sans avenir, espérant l’ultime rebondissement.

Juliette ne viendra pas.

Tu t’en rends compte, alors.

Tu ne supportes pas ça.

Tu en viens à te faire mal, à toi.

Tu prends rarement soins de toi.

Allez…

Tu as une peur affreuse du commun, mais tu devras t’y résoudre.

Tout te semble inutile à présent !

Tout est inutile pour la simple raison que, malgré tous tes efforts, tu n’arrives encore à faire évoluer la seule chose qui te mutile : ton émotivité.

Ton émotivité.

Au moindre courant d’air, elle vole en éclat !


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