[Festival Paris Cinéma] - Critique en avant-première : Public Enemies (par Jango)

Synopsis :
Basé sur l'histoire vraie de John Dillinger, un braqueur de banque hors pair qui a sévit à de nombreuses reprises dans l'Amérique des années 30. Avancé comme "l'ennemi public numéro 1" par le patron du FBI, John Edgar Hoover, Dillinger sera traqué sans relache par Melvin Purvis, l'un des agents fédéraux des plus efficaces.

Critique :
Dire que j’attendais Public Enemies serait un pléonasme. Le grand Michael Mann réunissant au sein d’un seul et même film mes deux acteurs favoris y était pour beaucoup. Les chefs d’œuvre du cinéaste contemporain que sont Heat et Collateral me poussaient à croire que Public Enemies, onzième réalisation de Mann, serait peut-être l’uppercut de l’année. Douce désillusion…
S’il y a bien une qualité qu’il faut reconnaitre au film, c’est l’immersion incroyable au sein des années 30. Décors et costumes parfaits et surtout le rendu numérique HD identique à celui-ci de Collateral. Cette caméra permet d’emmener les spectateurs directement avec les personnages dans un style très documentaire très réaliste.
Mais le développement des personnages est ici tellement superficiel que le film semble simplement survoler l’histoire de John Dillinger, grand gangster au bon cœur puisque seules les banques l’intéresse et non l’argent des passants. L’interprétation de Depp, une nouvelle fois excellente, aide évidemment beaucoup à l’empathie envers le personnage, juste adéquation entre le séducteur, le braqueur fou, et le héros populaire.

En revanche, Christian Bale déçoit par une mise en retrait surprenante. Flic dont la seule motivation sera de traquer John Dillinger, on ne connait rien de lui si ce n’est son éthique professionnelle et sa volonté d’utiliser les nouveautés technologiques de l’époque dans les enquêtes. Massif mais mono expressif de bout en bout, on ne comprend finalement pas tellement le choix de l’acteur qui semble ici clairement opportuniste au regard de son succès des dernières années. 
Marion Cotillard, bien que peu présente à l’écran livre une interprétation juste, nettement plus à l’aise dans les scènes tragiques à l’image de celle où elle se fera interroger par une personne du FBI à la main lourde ou dans la toute dernière séquence du film.
Mais le problème principal de ce Public Enemies vient à mon sens du manque total d’émotion face à l’histoire, on regarde ce qu’il se passe sans jamais y prendre part. On ne sera pas plus attaché à ce gangster qu’aux policiers tant et si bien que quoi qu’il se passe, pas l’ombre d’un sentiment ne fait surface.

Les scènes d’action/fusillades demeurent très nombreuses et impressionnantes mais finissent par être moins impactantes, du fait de leur trop grand nombre. C’est une sorte du jeu du chat de la souris où entre ces scènes la police s’interroge pour savoir comment la prochaine fois ils pourront coincer le gangster.
On pourra également reprocher au film la fin expéditive et le manque d’implication du spectateur au moment de la mort de Dillinger (aucun spoiler, c’est une histoire vraie).
La déception est donc au rendez-vous et à la hauteur de l’attente que j’avais. Mais les regrets sont à mettre évidemment en regard du travail de grande qualité de Mann. Le film reste incroyablement professionnel, ne serait-ce que par la manière si particulière du réalisateur de capturer les images, mais la filmographie du monsieur et le casting d’exception pouvaient laisser croire que l’on sortirait quand même plus enthousiaste de la salle.

Sortie officielle française : 08 juillet 2009