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Tchaïkovski par Nina Berberova

Par Mango
Tchaïkovski par Nina Berberova
Tchaïkovski par Nina Berberova

J’aime lire les biographies d’artistes surtout quand elles sont elles-mêmes écrites par de grands auteurs.

C’est le cas ici avecNina Berberova qui s’est penchée, dans les années trente, sur la vie de Piotr Illitch Tchaïkovski, profitant d’une documentation abondante sur le musicien et son temps : mémoires, correspondance, journaux intimes. Un demi-siècle plus tard, les éditions Actes Sud ont ressorti ce récit avec une importante préface de l’auteur où elle explique ses rencontres avec les témoins encore vivantsayant bien connu Tchaïkovski.

Son livre se lit comme un roman. Elle s’attarde davantage sur l’homme profondément malheureux et solitaire qu’il était que sur le musicien qui eut tant de mal à s’imposer dans sa propre patrie !

Elle insiste sur sa naissance en 1840 et sonenfance heureuse, dans une famille nombreuse et bourgeoise, jusqu’à la disparition de sa mèremorte trop tôt du choléra, comme lui, qui décéda à Saint-Pétersbourg en 1893, pour avoir bu de l’eau non bouillie de la Néva.

Elle dévoila la première ce que tout le monde dissimulait par convenance : l’homosexualité de l’homme et les circonstances de sa mort.Pour tenter de vivre une vie normale et sans doute aussi pour éviter la déportation alors en vigueur, il se maria mais cette union tourna vite au désastre et il dut entretenir sa femme même après la séparation. Comme il était très pauvre, ayant choisi de ne vivre que de sa musique, il accepta, treize ans durant, une pension d’une mécène aisée, Mme Von Meck, qui l’aimaitsans jamais le voir et quilui écrivait sans cesse, jusqu’à ce qu’elle découvre sa particularité

Devenu célèbre et voyageant dans toute l’Europe, à la fin de sa vie, il devenait de plus en plus malheureux si bien que nombreuses furent les personnes qui prétendirent qu’il s’était suicidé. Il avait déjà tenté de se noyer au moment de son mariage, maisselon Berberova, rien n’est cependant moins sûr ; Ayantretrouvé des témoins de sa longue agonie, elle décrit très précisément les différentes étapes de ses derniers moments.

Les œuvres du musicien ne sont pas oubliéesmais ce livre n’est pas une étude musicale, c’est avant tout une biographie précise et détaillée sans jamais être ennuyeuse, qui essaie de lever le masque que ne quittait jamais Tchaïkovski selon ses contemporains. Ainsi, interrogé par Nina Berberova, Rachmaninovle décrivait comme quelqu’un conservant en permanencesur le visage, une expression de candeur, toujours aimable avec tout le monde, comme s’il était hanté par la peur de déplaire.

Devenu depuis le compositeur russe le plus populaire, sa vie douloureuse inspira le cinéaste Ken Russel qui en fit un film en 1970 : The music lovers De son côté, en 1935, Klaus Mann, écrivit un roman sur le compositeur : La Symphonie pathétique

Tchaïkovski par Nina Berberova

(Actes Sud, 1987, 219 pages) (Version française de l'auteur)


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