L'Europe? une culture: Un excellent discours de VGE à Weimar

SELECTION RELATIO SUR LE BLOG DE VALERY GISCARD D'ESTAING: "La culture européenne est ainsi née dans le creuset des idées du christianisme, puis de l’humanisme et de la raison. Ce sont ces idées et leurs contraires, qui ont forgé et qui ont fait évoluer la culture européenne, en se rencontrant. Tantôt de façon antagoniste et concurrentielle (guerres, conflits), tantôt de façon féconde (échanges de toute sorte).

Très tôt, le réseau d’universités ne connaît plus de frontières en Europe. Dès le Moyen Age, on circule d’université en université. L’université de Cracovie, fondée en 1348 et où enseigne Copernic, rivalise avec Florence, Paris et Vienne. Les philosophes et les chercheurs visitent les capitales d’Europe depuis le 14è siècle et contribuent à la diffusion d’un savoir commun. Les idées des Lumières et les mouvements nationaux ou démocratiques, qui déferlent sur l’Europe en 1848, concernent tout aussi bien Prague que Paris, Bucarest que Budapest, Poznan autant que Berlin.

C’est dans cette Europe que Dürer et Léonard de Vinci apportent toutes les splendeurs de l’Art, de la sculpture et de la peinture, avant de mourir dans un château sur les bords de la Loire appartenant à François 1er. C’est dans cette Europe que le Français Voltaire mène une correspondance épistolaire avec Frédéric le Grand de Prusse, avant de vivre passagèrement à sa Cour, à Potsdam. C’est dans cette Europe encore que Franz Liszt l’hongrois, promeut en Allemagne, et en langue française, une Fondation Goethe. Dans cette Europe que Racine s’inspire directement des tragédies grecques, et qu’Oscar Wilde écrit sa Salomé en français, puis la fait traduire en allemand, pour que Richard Strauss puisse composer son opéra !

Ainsi, le Moyen Age chrétien, la Renaissance italienne les Lumières françaises, la philosophie et la musique allemandes, ont-ils fait de l’Europe un foyer qui sera celui de la curiosité et du désir des connaissances humaines réciproques. Pour les artistes, il n’y a pas de frontières parce que leur commune inspiration est européenne. Du XIV au XXème siècles, ils ont d’ailleurs réellement pu circuler comme si les frontières politiques, pourtant hérissées alors de nationalismes guerriers, n’existaient pas.

A l’issue des deux guerres mondiales du XXème siècle, le continent européen est dévasté. Sur ce champ de ruines, la « conscience européenne » va pourtant venir ajouter une dimension morale et politique à l’identité européenne, celle de la nécessité de faire l’Europe. La volonté d’un projet commun transcende d’ailleurs bien plus le particularisme du territoire, de la race ou de la langue que la seule mémoire commune d’un peuple lié par l’histoire (E. Renan). Après 1945, nous entrons dans une phase de développement d’un esprit européen, qui n’est plus seulement inconscient et historique, mais devenu conscient et volontaire."

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