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Sarko aura-t-il son «rond de serviette» au Nouvel Obs ?… servi sur un plateau par Denis Olivennes !

Publié le 06 juillet 2009 par Kamizole

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MERDALOR ! Découvrir que Nicolas Sarkozy fait le «une» de l’Obs m’est aussi peu ragoûtant que si je voyais une mouche – forcément à m… - flotter sur mon écuellée de soupe… Beark ! Beark ! Beark ! Je connais le Nouvel Obs depuis ma tendre enfance… Première version sur papier journal – comme l’Express des débuts – qui s’appelait encore «France Observateur». Mon père a acheté les deux hebdomadaires depuis les premiers numéros jusqu’à la fin de sa vie.

J’ai toujours considéré le Nouvel Obs comme un journal de gauche. Plus ou moins tiède selon les périodes et les directeurs. Lire que Jean Daniel pour qui j’ai toujours eu la plus grande estime serait «séduit» par Nicolas Sarkozy me troue littéralement le cul. La même chose pour Jacques Julliard ne m’étonne point. Marianne peut bien ironiser : «le discours sarkozyste fait son chemin dans les cerveaux disponibles des observateurs».

En revanche, de Denis Olivennes, je n’attendais rien de bon… donc aucune surprise qu’il «serve la soupe» à Nicolas Sarkozy ! mais bien plutôt une confirmation.

Pour qui ne connaîtrait pas Denis Olivennes, actuel directeur délégué de l’Obs, je rappellerais qu’il fut patron de la FNAC - appartenant au groupe PPR de François Pinault, multimilliardaire fort ami de Sarko – et qu’à ce titre, il a amplement participé à la rédaction des lois DAVDSI et HADOPI 1… Ça vous pose son homme !

Vous trouverez le fort instructif pedigree de ce «chien de garde» - et en même temps «la voix de son maître» ! … je vous laisse découvrir la photo piquée sur Marianne2 : sans trucage, y est-il précisé ! - du néolibéralisme et du sarkozysme sur Wikipedia . Le savoureux aphorisme d’Edgar Faure : «Ce ne sont pas les girouettes qui tournent, c’est le vent» semble tout à fait taillé à la mesure des revirements politiques de ce haut fonctionnaire prétendu de gauche.

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Sur le fond, Denis Olivennes est parfaitement répugnant : Marianne pointe à bon escient qu’il déclarait il y a peu que dans quelques années «nous serons un site qui sera» beaucoup plus précautionneux –sarkozyste ? - à l’égard des nouvelles technologies». Et qu’il n’avait pas craint de déclarer très récemment lors d’une réunion qu’Internet était «le tout à l’égout de la démocratie». Rupture radicale, même Sarko n’aurait pas osé ! souligne Régis Soubrouillard.

Manifestement, Denis Olivennes préfère le «tout à l’ego» du Troll de l’Elysée ! Quant à la démocratie selon Sarko, elle se résume parfaitement, d’après ce que je lis sur «20 minutes» Sarkozy regrette le bling bling, pas le bouclier fiscal par sa réponse à la question sur son «impopularité» - les derniers sondages le créditant toujours de seulement 40 % d’opinons favorables : «La seule mesure pertinente de la popularité (…) c’est l’élection».

Entendre que dans la conception sarkoïdale de la démocratie, seuls comptent encore aujourd’hui les 53 % d’électeurs de 2007 et que peu lui importent les millions de voix qui s’étaient portés sur Ségolène Royal – nous puons de la gueule, n’est-il pas ? – non plus que les millions de Français mécontents dont certains, à l’évidence, avaient pourtant voté pour lui… Ce faisant, Nicolas Sarkozy se conduit en parfait autocrate et considère les voix d’hier comme si elles étaient sa propriété entre deux scrutins.

Le moins que l’on puisse dire est que les journalistes du Nouvel Obs n’ont guère apprécié ni le procédé ni la manière. Je suis même surprise qu’ils n’aient pas voté une motion de défiance selon ce que je lis sur Marianne2… Le Nouvel Obs veut devenir la Gazette de la Cour, l’argument avancé par Denis Olivennes pour se justifier en conférence de rédaction que «cela positionne l’Obs comme journal d’opposition» aurait fait rire tout le monde. Jaune sans doute !

La société des rédacteurs redoute à bon droit cette «intrumentalisation» de l’Obs et les conséquences d’une «dérive sarkophile qui a été reprochée par de nombreux lecteurs et ne cadre guère avec l’engagement du Nouvel Observateur»

Bien évidemment, il s’agit pour Olivennes, outre d’être le parfait larbin de Sarko, de faire un coup de pub médiatique. Mais passé le «scoop» qui gonflera sans doute les ventes, il risque de perdre définitivement des lecteurs de gauche…

Tant mieux ! qu’ils se reportent sur Marianne !

Je ne dis pas cela parce que l’on m’y fait l’honneur – est-il mérité ? – d’être blogueuse associée. J’ai toujours apprécié Jean-François Kahn lorsqu’il était régulièrement l’invité des J.T. des années 70-80 et j’ai acheté Marianne dès le premier numéro, en 1998 (?) Je n’ai cessé mon abonnement – ainsi que beaucoup d’autres - qu’après le passage à l’euro et l’inflation non reconnue mais bien réelle qui s’en suivit. Lire la presse ou manger, tel fut mon dilemme…

A quel titre Denis Olivennes a-t-il participé à l’interview de Nicolas Sarkozy ?

Que je sache, il n’est pas journaliste… Or, le journalisme est un métier qui s’apprend dans des écoles ad hoc… Perso, je suis une blogueuse mais même si je commente l’actualité, je n’aurais jamais l’outrecuidance de me prétendre journaliste. Je me sers du travail – parfois remarquable - des journalistes et suis évidemment capable de lire et comprendre une dépêche d’agence (faite par des journalistes) comme de décortiquer un certain nombre d’infos mais «point barre» : je ne suis pas journaliste.

Chacun son métier. Le mien fut d’être infirmière. N’importe quel malade serait à bon droit terrorisé si l’on dépêchait le directeur de l’hosto – un administratif qui n’a aucune compétence médicale - pour lui poser une perf ou faire son pansement !

Un directeur de journal, s’il n’est pas journaliste n’est aucunement fondé à interviewer le président de la République ou n’importe qui. Fût-ce en compagnie d’un véritable journaliste, Philippe Labro, en l’occurrence… Entre parenthèses, que celui-ci, nonobstant sa compétence, puisse être directeur de la rédaction du Nouvel Observateur indique bien que l’Obs n’est plus un hebdo de gauche !… Libération a autant gagné en crédibilité avec l’arrivée de Laurent Joffrin à sa direction que le Nouvel Obs en a perdu avec son départ.

Le plus marrant, étant sans doute selon ce que je lis sur Wikipedia que Laurent Joffrin et Denis Olivennes ont tous les deux appartenu au CERES de Jean-Pierre Chevènement ainsi qu’au club «socialisme et université»

Denis Olivennes ne craint pas le ridicule quand il ose prétendre selon ce que je lis sur «20 minutes» Denis Olivennes fait une interview de Nicolas Sarkozy, «Le Nouvel Observateur» craint l’instrumentalisation de l’Elysée «Nous sommes à un moment charnière de la présidence, où Nicolas Sarkozy opère un recentrage. Un moment clé. En parler, c’est la mission d’un journal de gauche, considéré comme un journal de l’opposition» par le gouvernement»

Le Nouvel Obs se discrédite. Sarko ne cherche à l’évidence qu’une chose : capter une partie de l’électorat de gauche. Dans l’objectif de 2012. Denis Olivennes est «missionné» pour faire passer le message : Nicolas Sarkozy a changé…

Une fois de plus ! Ce fut déjà risible lors de la campagne présidentielle.

Les électeurs de gauche qui s’y sont laissés prendre eurent à l’évidence une sacrée couche de peaux de saucissons devant les yeux pour se laisser abuser à un tel point.

La réalité leur a rapidement décillé les yeux : de la personnalité de Nicolas Sarkozy – le «bling-bling» qu’il dit aujourd’hui regretter… chassez le naturel, il revient au galop ! Sarko est un parvenu qui n’a d’égards que pour les apparences et le fric – en passant par «son tempérament parfois emporté (…) Lorsqu’on est prési-dent de la République, on n’a jamais raison d’être agressif»… Comme si l’agressivité et l’injure facile contre ceux qui ne pensent pas comme lui ou agissent contrairement à ses desiderata n’étaient pas précisément une des caractéristiques de ce que je nomme «syndrome de Sarkozy» ! à sa politique toute au service des puissants, des «copains et des coquins» : il avoue ne pas regretter le «bouclier fiscal», bien évidemment, puisqu’il sert ses amis, les multimilliardaires du COUAC 40 ! alors que pendant le même temps, les malades payent pour les malades avec les franchises médicales.

Mais foin du «bouclier social» promis par l’inepte Martin Hirsch ! Encore un qui fut classé bien à tort à gauche… et qui penchera toujours du côté du râtelier…tant que la soupe est bonne. Les pauvres et les classes moyennes – paupérisées – peuvent bien attendre.

Et surtout «cracher au bassinet» ! Montaigne aura toujours raison qui disait : «Le profit de l’un est dommage de l’autre», de même Jules Renard pour qui le tort des pauvres était d’être les plus nombreux… Les sommes modestes – qui leur feront gravement défaut – multipliées par le nombre ressemblant à ces modestes rus qui vont grossir les grandes rivières… de diamant ?

Les électeurs de gauche seront-ils à nouveau assez cons pour croire que Sarko serait subitement passé à gauche, au moment même où la poursuite à marche forcée de ses «réformes» ne vise rien moins que l’accentuation de la casse sociale ?

Il suffira de s’intéresser aux projets de loi soumis ces prochains jours aux parlementaires – une nouvelle session extraordinaire ! je rappellerais une nouvelle fois que «l’urgence» a toujours été le prétexte des dictatures pour imposer des mesures nuisibles – pour s’apercevoir que le projet de Nicolas Sarkozy demeure : à droite, toute !

Le reste n’est que pure faribole, lait d’beu et compagnie.

Denis Olivennes se moque du monde quand il prétend avoir été «dans l’urgence» et ajoute que «l’on est moins bons à plusieurs en entretien». Qu’il admette la vérité : il fallait deux «bénis-oui-oui» tout acquis à Nicolas Sarkozy.

Quant à «l’urgence» c’est encore pure menterie puisque selon Marianne, «Franck Louvrier, le responsable commu-nication de l’Elysée contacte le PDG du Nouvel Observateur pour lui proposer sous dix jours un entretien exclusif avec le président de la République en contrepartie de la couverture et d’une bonne mise en scène de l’Evenement»… et que c’est ensuite Nicolas Sarkozy en personne qui a tout changé : «Le même jour, Sarkozy appelle Olivennes. L’entretien est fixé pour l’après-midi, largement de quoi préparer un «entretien approfondi», en présence de Michel Labro, directeur de la rédaction de l’hebdomadaire. Aucun journaliste politique de l’Obs n’est convié».

Ce simple passage est révélateur du “système Sarkozy” à plusieurs égards.

La com’ comme unique moyen d’expression, sur fond «d’événements» soigneusement mis en scène. Les apparences au détriment du fond. Toujours agir et réagir dans l’urgence et la précipitation. Choisir ses interlocuteurs afin d’être certain de ne pas tomber sur un os : entendre un journaliste indépendant qui risquerait d’être “impertinent” en posant d’embarrassantes mais “pertientes” questions.

Ensuite de quoi, il peut bien prétendre que «C’est utile de pouvoir échanger avec des journalistes qui ne partagent pas nécessairement votre point de vue»… Si c’était vrai, cela se saurait ! Nous savons tous pertinemment que Nicolas Sarkozy déteste rien moins que la contradiction.

J’ai le souvenir d’une journaliste de France-3 Nord-Pas de Calais qui fit les frais d’une colère du candidat Sarkozy pour avoir osé lui poser d’embarrassantes questions au sujet des passeports sécurisés dont l’impression devait être – selon la loi - confiée à l’Imprimerie nationale et que Sarko avait confiée à la société Oberthur si ma mémoire ne m’abuse… D’où un évident gaspillage, le marché ayant été annulé.

C’est une des facettes de Nicolas Sarkozy que de ne jamais respecter les lois ou tenter de les contourner quand elles lui déplaisent où gênent ses intérêts. J’ai ensuite beau jeu de le qualifier d’IN/juriste notoire… Le plus plaisant étant que le terme d’injure – «injuria» en latin – signifie à l’origine : injustice et tort… Curieux télescopage entre le mépris de la légalité et l’injure qui vient si facilement au chef de l’Etat !

Bien évidemment, Denis Olivennes discrédite le Nouvel Observateur qui fera désormais figure de «Journal Officiel» du Sarkoland et à une époque où nombre de journalistes et médias ne tombent plus dans ce piège tendu par Sarko et l’Elysée qui les fit longtemps courir vendre à terre dans la peur de perdre un possible «scoop» il se soumet à «l’agenda médiatique» de Sarko… Comme le souligne Marianne : «Sarkozy propose, Olivennes dispose»… Je serais tentée d’écrire : Sarkozy impose…

Il est bien connu que Nicolas Sarkozy est un menteur chronique au point que j’ai pu inventer la Constante de Sarkozy (© mémé Kamizole) qui se résume ainsi : «un scandale par semaine, un mensonge par jour»

Marianne peut bien se gausser d’un nouveau mensonge de Nicolas Sarkozy… Je ne sais qui des deux duettistes de l’Obs - Olivennes ou Labro – aura posé cette si insolente question : «Pourquoi l’Obs ? A un moment considéré comme un tournant de votre quinquennat, vous choisissez de vous exprimer dans un journal qui ne vous ménage pas ses critiques»… la réponse de Sarko vaut son pesant de cacahuètes : «Parce que vous me l’avez proposé !»

Bien évidemment hilarant quand on sait que c’est non seulement Franck Louvrier, responsable de la communi-cation de l’Elysée qui a proposé un entretien exclusif du président au Nouvel Observateur à condition que Sarkozy fasse la Une et occupe huit pages mais que de surcroît c’est Nicolas Sarkozy qui a précipité l’interview…

Au passage, Marianne manie l’ironie quant aux critiques contre Nicolas Sarkozy en demandant aux «lecteurs attentifs de l’Obs de signaler les critiques de Sarkozy à l’intérieur du journal» !

L’unique raison de ce «scoop» en forme de deal proposé au Nouvel Obs transparaît dans cette autre réplique : «Il est utile de s’adresser à des électeurs qui ne sont pas spontanément vos électeurs mais qui n’en sont pas moins des Français»… Ce que Marianne traduit à merveille : Il me reste deux ans pour passer d’une base électorale stabilisée à 30% aujourd’hui pour atteindre 51% en 2012. Il est temps de partir à la pêche aux voix de gôche…

CQFD ! Tant il paraît aujourd’hui évident que Nicolas Sarkozy a bel et bien l’intention de se représenter en 2012… Et que le bougre pourrait avoir des chances de l’emporter si la gauche demeure dans le même état de déliquescence…

Je reste très dubitative quant aux changements – nécessaires - que le Parti socialiste est susceptible d’opérer tant dans son organisation interne que sur la stratégie politique. Encore une fois je subodore que l’Etat-major – les «éléphants» et les «barons» locaux - se contenteraient d’un vague replâtrage alors qu’il faudrait tout reconstruire des fondations jusqu’au grenier. Et largement impliquer les militants de base dans ce processus, notamment en ce qui concerne l’élaboration du projet qui servira de programme électoral.

Quant aux alliances et autres «primaires» destinées à départager les candidats, je reste persuadée que sans le moins du monde sacrifier nos valeurs de gauche ni la dose nécessaire de réalisme, il faut s’ouvrir le plus largement possible tant à gauche – non seulement le PC mais aussi aux altermondialistes crédibles – qu’au centre : il y a au Modem nombre de nouveaux adhérents qui n’ont plus rien à voir avec l’ancienne UDF mais ont en partage avec nous un certain nombre de valeurs démocratiques et sociales.

De même que la réjouissante et utile percée des listes «d’Euro-Ecologie» qui sort l’écologie des habituelles magouilles politiciennes auxquelles les Verts nous avaient habitués donne des perspectives nouvelles à un grand rassemblement des forces de gauche.

Le Nouvel Observateur ayant abdiqué en rase campagne, je ne vois plus que deux grands médias susceptibles de porter ce combat et cet espoir. Marianne et Libération dont je rappellerais l’édito de Laurent Joffrin du 4 mai 2009 La résistible ascension de Nicolas Sarkozy auquel je souscris totalement…


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