Magazine Culture

« Burqa, lâcheté et "débilité intellectuelle" »

Publié le 07 juillet 2009 par Raoul Sabas

Le 7 juillet 2009

Objet  :
« Burqa, lâcheté et "débilité intellectuelle" »

Monsieur André Gerin

Député-maire
Télécopie : 04 72 21 45 02

Courriel :

[email protected]

  

Monsieur,

Votre intention de déposer une proposition de loi visant à interdire le port de la burqa - en France, en l'an 2009 ! -, entraîne non seulement ma totale adhésion, mais elle m'incite également à apporter de l'eau à votre moulin pour tenter de mettre un terme définitif - « sur le fond » ! - aux réactions contradictoires concernant cette pratique - sauf à ne jamais vraiment trancher la question, comme il en va encore du port du voile islamique malgré la législation en la matière, et encore ne s'agit-il que de la France !

Au vu des multiples réactions contraires à votre proposition de loi, vous avez déjà dû mesurer combien les contradictions et leurs arguments respectifs ne manquent pas, en particulier ceux qui en appellent à la liberté ou à l'égalité soi-disant absolue, ou idéale, contre lesquelles vous vous trouvez toujours désarmé - forcément, quand on entend transposer l'Idéal dans le quotidien ! C'est pourquoi, avant même d'examiner en détail les multiples arguments « pour » et « contre » le port de la burqa en vue de légiférer éventuellement, il serait bon de déterminer, clairement et nettement, si cette pratique vestimentaire relève véritablement, ou non, d'un quelconque texte coranique, afin de lever l'hypothèque toujours juteuse pour l'islam, en France depuis 1981, de la « stigmatisation des musulmans » sempiternellement rabâchée pour toucher là où ça fait mal aux hypocrites : la remise en cause de leur prétendue « vertu droit-de-l'hommiste » !

Assurément, établir l' « exacte réalité » des prescriptions et des interdits du Livre musulman est beaucoup plus facile à dire qu'à faire, tant le Coran est une véritable « auberge espagnole » qui contient tout et son contraire, voire « tout et n'importe quoi », comme il en va des Livres de toutes les religions, dès lors qu'ils sont analysés à la lumière de la « vraie » philosophie. Ainsi Spinoza l'a établi more geometrico, non seulement à propos de la religion en général, mais aussi en particulier à l'encontre de la superstition musulmane dans sa dernière lettre à Albert Burgh (Cf. Correspondance, Lettre LXXVI), où il écrit :

« Je reconnais tout l'avantage de l'ordre politique qu'instaure l'Église romaine et que vous louez tant ; je n'en connaîtrais pas de plus apte à duper la foule et à dominer les âmes s'il n'existait l'Église musulmane qui, de ce point de vue, l'emporte de loin sur toutes les autres ; depuis l'origine de cette superstition, aucun schisme en effet ne s'est déclaré dans cette Église. »

Effectivement la division entre sunnites et chiites, encore source de conflits fratricides entre musulmans au XXIe siècle, n'est pas un schisme d'ordre dogmatique remettant en cause le créationnisme divin, mais seulement le résultat d'une sombre question d'héritage du Prophète !

Sur l'islam, par ailleurs, Claude Lévi-Strauss n'est pas en reste avec Spinoza, puisqu'i déclarait dans un entretien accordé au nouvel Observateur (cf. numéro1979 du10 octobre 2002) :

« J'ai écrit dans "Tristes Tropiques" ce que je pensais de l'islam. Bien que dans un langage plus châtié, ce n'était pas tellement éloigné de ce pour quoi on fait aujourd'hui un procès à Houellebecq. Un tel procès aurait été inconcevable il y a un demi-siècle; ça ne serait venu à l'esprit de personne. On a le droit de critiquer la religion. On a le droit de dire ce qu'on pense. Nous sommes contaminés par l'intolérance islamique. Il en va de même avec l'idée actuelle qu'il faudrait introduire l'enseignement de l'histoire des religions à l'école. J'ai lu qu'on avait chargé Régis Debray d'une mission sur cette question. Là encore cela me semble être une concession faite à l'islam: à l'idée que la religion doit pénétrer en dehors de son domaine. Il me semble au contraire que la laïcité pure et dure avait très bien marché jusqu'ici. »

Puissiez-vous vous inspirer, dans votre démarche, du courage intellectuel de Lévi-Strauss face aux mensonges religieux du monde ! Très certainement sans connaître le philosophe juif allemand Constantin Brunner (1862-1937), héritier spirituel de Spinoza notamment, Lévi-Strauss avait saisi de lui-même le danger des concessions faites à la Superstition en général, et à la superstition musulmane en particulier, en faisant sien ce mot de Brunner :

« Ménager la superstition aujourd'hui, c'est s'exposer demain à des dangers encore plus grands »

 

Si vous en doutez, il suffit de vous reporter trente ans en arrière pour constater la percée de l'islam en France au cours des trois dernières décennies, au point qu'après avoir dû légiférer sur le voile, la burqa pose aujourd'hui problème - et même des caricatures publiées autre part en Europe ! Mais il ne vous est pas interdit non plus de revisiter l'Histoire du monde depuis l'année 632 pour constater la volonté expansionniste hégémonique de l'islam, au point que les cavaliers musulmans étaient aux portes de Poitiers, cent ans après la prétendue révélation au Prophète, pour envahir ensuite l'Espagne médiévale durant des siècles, avant de se disséminer dans l'Europe et dans le monde du XXI siècle avec la bénédiction des bienpensants de l'époque, fussent-ils par ailleurs d'acharnés rationalistes « laïcards » - vous avez dit « débilité intellectuelle » ? !

C'est pourquoi je dénonce la lâcheté intellectuelle des soi-disant « élites » d'aujourd'hui envers une religion qui serait inattaquable dans ses dogmes et dans ses pratiques au prétexte de « crisper la communauté des musulmans », dixit Manuel Valls en son temps. Une communauté universelle sans Eglise planétaire officielle, donc sans autorité mondiale sur les fidèles, mais dont on voit bien ce qu'il en est à l'encontre des chrétiens en terre d'islam - ou bien vous faut-il des exemples concrets en Somalie, au Darfour, en Egypte, au Nigéria, etc., etc. ?

S'il vous venait, toutefois, la mauvaise idée de me ranger dans le camp des fascistes et des racistes, parce que je dénonce la superstition musulmane comme Spinoza et Lévi-Strauss - et pas seulement ce mode d'expression de la superstition religieuse -, je vous renverrai au numéro 2038 du 27 novembre 2003 du nouvel Observateur, lequel avait publié un court extrait de ma lettre d'alors dans un entrefilet intitulé « Spinoza et Lévi-Strauss contre l'islam » - nous pourrions alors évoquer aussi la superstition moraliste et ses condamnations moralisatrices uniquement fondées sur des fictions, mais qui n'en bâillonne pas moins pour autant la liberté d'expression en France - en l'an 2009 !

Pour revenir au problème soulevé par le port de la burqa, aujourd'hui en France, il subsistera aussi longtemps que ne sera pas définitivement éclaircie l'ambiguïté évoquée au début, et c'est sur ce point précis que je mets en cause la lâcheté et la malhonnêteté intellectuelles des soi-disant « élites » qui font l'opinion aujourd'hui ; et ce, tous milieux confondus : médias, politiques, intelligentsia (prétendus intellectuels ou pseudo-philosophes) et associations moralisatrices à sens unique, dénoncées dans le texte annexé, Mensonges et lâcheté des élites.

En effet, leur silence et leur refus de débattre sur le fond, depuis plus de dix ans, les autorisent à colporter impunément les mensonges et les « croyances au miracle » du monde sur lesquels fonctionne toujours la société humaine en général, et la nôtre en particulier. Or ces mensonges et ces « croyances au miracle » se fondent seulement sur le penser superstitieux humain, tel qu'il se manifeste dans ses divers modes d'expression : religion, toutes religions confondues - monothéistes ou non -, métaphysique matérialiste ou idéaliste, idéologie, toutes les idéologies sans exception, et moralisme [Morale et condamnations moralisatrices des Autres au nom de LA Morale : LAQUELLE ?], tous catéchismes réunis, y compris le catéchisme soi-disant universel contemporain, ou Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, dont seule l'inobservation est réellement universelle - sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, d'établir le contraire à l'aune du devenir du monde depuis plus de six décennies !


A SUIVRE... 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Raoul Sabas 232 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines