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Le Cancer de la prostate

Publié le 08 juillet 2009 par Marieclaude

De la grosseur d'une noix, la prostate est une glande du système reproducteur masculin située sous la vessie, en avant du rectum. Située au carrefour des voies urinaires et génitales, la prostate sécrète les substances nutritives et fluidifiables du sperme. Comme elle entoure l'urètre (le canal qui part de la vessie), une tumeur à la prostate peut nuire à la miction. Pour fonctionner, la prostate a besoin d'hormones sexuelles, les androgènes, qui sont produites dans les testicules, surtout, et par les glandes surrénales. Certains cancers de la prostate sont stimulés par ces hormones.

En Amérique du Nord, le cancer de la prostate est le cancer le plus répandu chez les hommes. En effet, d'après des études d'autopsies, un tiers des hommes âgés de moins de 80 ans auraient des traces de cancer de la prostate39. Chez les 80 ans ou plus, cette proportion grimpe aux deux tiers. Toutefois, la plupart des hommes chez qui l'on détecte un cancer de la prostate mourront d'une autre cause.

Pronostic

Comparativement à d'autres cancers, le pronostic du cancer de la prostate est plutôt bon. De nos jours, seulement un tiers des hommes atteints d'un cancer de la prostate en décéderont. Bien souvent, le cancer demeure localisé dans la prostate et n'a que peu ou pas d'effet sur l'état de santé général ou sur la longévité de la personne. Sa croissance est relativement lente : dans la majorité des cas, après le diagnostic, la maladie évolue sur dix ans ou plus. Ainsi, de nombreux hommes meurent avec un cancer de la prostate sans que celui-ci n'en soit la cause.

La gravité du cancer dépend de l'étendue de la tumeur (locale, avec métastases avoisinantes ou à distance) et du type de cellules cancéreuses, c'est-à-dire de leur degré de malignité.

Diagnostic et dépistage

  • Toucher rectal. Le médecin insère un doigt ganté dans le rectum pour palper la prostate et vérifier l'existence d'irrégularités. Ce moyen ne permet qu'une appréciation partielle; seulement la moitié des cancers peuvent être ainsi détectés. Cette méthode est donc insuffisante.
  • Prise de sang pour mesurer l'APS. Le cancer de la prostate peut être dépisté par la constatation de l'augmentation d'une protéine, l'APS (antigène prostatique spécifique), dans le sang. L'APS est une substance produite par la prostate. Une quantité élevée (plus de 4 nanogrammes/ml) de cette protéine dans le sang est associée à un cancer de la prostate dans environ 25 % des cas et à un autre trouble de la prostate dans 75 % des cas (hypertrophie bénigne de la prostate, inflammation ou infection de la prostate). Ainsi, un résultat élevé à ce test ne signifie pas nécessairement qu'il y a cancer. De plus, le dosage de l'APS ne décèle pas tous les cas de cancers cliniquement significatifs. Lors d'une étude évaluant l'efficacité du test de l'APS, 15 % des hommes ayant obtenu un résultat négatif à ce test (d'une cohorte de 2 950 hommes âgés de 62 ans à 91 ans) avaient effectivement le cancer de la prostate1. Le dosage de l'APS est aussi utilisé pour suivre l'évolution du cancer de la prostate.
  • Échographie transrectale. Grâce aux échos produits par un faisceau d'ultrasons et interprétés par un ordinateur, le médecin peut obtenir une représentation (image échographique) de la prostate. Il existe aussi d'autres modes d'imagerie. Cette technique est utilisée à des fins diagnostiques, et non de dépistage.
  • Biopsie. Seule une biopsie permet de diagnostiquer à coup sûr un cancer de la prostate. La biopsie est généralement pratiquée à l'aide d'une aiguille insérée dans la prostate. Elle est réservée aux hommes qui ont un taux élevé d'APS ou un toucher rectal anormal. La biopsie n'est toutefois pas dénuée d'effets indésirables. Elle peut entraîner des douleurs à la prostate.
  • Cystoscopie. Examen interne de la vessie qui se pratique après l'introduction d'un cystoscope dans l'urètre.

Remarques

- Un nouveau test de dépistage, le PCA3, peut être utile pour limiter le nombre de biopsies de la prostate. À partir d'un échantillon d'urine, ce test détecte un gène qui joue un rôle dans l'apparition du cancer de la prostate, le « Prostate Cancer Gene 3 ». À cause de son coût élevé, les médecins ne l'offrent pas systématiquement à leurs patients, car pour l'instant, il n'est couvert ni par le régime d'assurance-maladie du Québec ni par les assureurs privés.

- Un autre test, en cours d'expérimentation, pourrait aider au dépistage précoce du cancer de la prostate. Il s'agit du test EPCA-2 (pour « early prostate cancer antigen-2 »), qui mesure le taux de la protéine EPCA-2 dans le sang. Au moment de rédiger cette fiche, il n'était offert ni au Canada, ni aux États-Unis.

Symptômes

Au début, le cancer de la prostate ne provoque aucun symptôme. De plus, les symptômes décrits ci-dessous peuvent être reliés à une autre maladie de la prostate, comme celle, plus courante, de l'hypertrophie bénigne de la prostate (ou hyperplasie bénigne de la prostate).

  • Le besoin d'uriner fréquemment, surtout la nuit.
  • De la difficulté à commencer à uriner ou à retenir l'urine.
  • L'incapacité à uriner.
  • De la difficulté à obtenir une érection.
  • De la douleur pendant l'éjaculation.
  • Des douleurs fréquentes ou des raideurs au bas du dos, aux hanches ou au haut des cuisses.

Personnes à risque

  • Âge. En Amérique du Nord, le cancer de la prostate touche surtout les hommes de plus de 55 ans. L'âge moyen au moment du diagnostic est 70 ans.
  • Antécédents familiaux. Les risques sont plus élevés lorsque le père ou un frère a déjà souffert de cette maladie. On ne sait pas encore si une modification génétique peut être responsable de certains cancers de la prostate. Il se peut également (mais cela n'est pas encore démontré) qu'un haut taux de testostérone puisse jouer un rôle dans le déclenchement de la maladie.
  • Race. Les hommes d'origine africaine sont plus à risque que les Caucasiens, qui sont plus à risque que les Asiatiques.

Facteurs de risque

On estime que plus de 80 % des cas de cancer de la prostate, du sein, et du côlon sont liés à des facteurs alimentaires2.

  • Lipides. La littérature scientifique indique qu'une alimentation plus riche en lipides (gras) serait associée à une augmentation du risque de cancer de la prostate. Cependant, il n'est pas clair, pour le moment, quel type de gras ou quelle source de gras est particulièrement responsable de cette association. Les gras animaux contenus dans la viande rouge ont été montrés du doigt dans certaines études épidémiologiques. Par exemple, selon les données provenant de la Health Professionals Follow-Up Study, à laquelle 51 529 hommes ont participé, la consommation de viande rouge (charcuteries, bacon, boeuf, porc ou agneau) a été associée à un risque accru de cancer métastatique de la prostate.
  • Produits laitiers. Quelques recherches soutiennent l'hypothèse selon laquelle une forte consommation de produits laitiers (à cause du calcium qu'ils contiennent, et peut-être aussi du gras) augmenterait légèrement les risques d'un cancer de la prostate.

Les recherches analysent plusieurs autres facteurs, mais pour le moment, le milieu médical ne considère pas ces données concluantes.
- Obésité
- Manque d'exercice
- Tabagisme
- Vasectomie
- Hypertrophie bénigne de la prostate
- Maladies transmises sexuellement

Selon une étude de grande envergure publiée en juin 2003, la prise à long terme de finastéride, un médicament utilisé pour traiter l'hyperplasie bénigne de la prostate et l'alopécie, tout en diminuant de façon significative le risque de souffrir d'un cancer de la prostate, fait aussi légèrement augmenter le risque d'être atteint d'une forme grave de cancer de la prostate.

On en connaît encore peu sur la prévention du cancer de la prostate. On peut mettre toutes les chances de son côté en adoptant les mesures préventives décrites ci-dessous, ainsi que celles énoncées dans la fiche Cancer.

Mesures de dépistage

Deux tests peuvent être utilisés en combinaison par les médecins pour dépister de manière précoce un cancer de la prostate chez des hommes qui n’ont aucun symptôme : le test de l’antigène prostatique spécifique (APS) et le toucher rectal. Toutefois, leur capacité à améliorer les chances de survie et à allonger la durée de vie n’est pas démontrée. Pour cette raison, les instances médicales ne recommandent pas aux médecins de procéder au dépistage systématique du cancer de la prostate à l’aide de ces tests. La Société canadienne du cancer invite les hommes âgés de plus de 50 ans à discuter avec leur médecin de la pertinence du dépistage.

Mesures préventives de base

Consulter la fiche Cancer afin de connaître les moyens pour réduire votre risque d’être un jour atteint de cancer, incluant le cancer de la prostate.

Autres mesures pour prévenir l’apparition de la maladie

Finastéride. Le finastéride (Propecia®, Proscar®) est indiqué pour traiter l’hypertrophie bénigne de la prostate et la calvitie chez les hommes. Ce médicament réduit la production de testostérone. En juin 2003, les résultats d’une étude à double insu de grande envergure9 (PCPT pour Prostate Cancer Prevention Trial) ont révélé que la prise de finastéride permet de réduire le risque de cancer de la prostate. Paradoxalement, ce médicament augmenterait légèrement le risque d’être atteint d’un cancer de la prostate grave. Ces résultats ont déclenché une controverse et toute une série de questions, pour l'instant sans réponses. Les spécialistes se questionnent encore quant à la pertinence d'utiliser le finastéride pour prévenir le cancer de la prostate23. L’approche au cas par cas est privilégiée.

Traitements médicaux du cancer de la prostate

Comme le cancer de la prostate évolue généralement lentement, il existe plusieurs façons de le traiter.

Attente sous surveillance

Il se peut que l’on choisisse l’attente sous surveillance comme option thérapeutique lorsque la tumeur est bien circonscrite (les cellules cancéreuses sont confinées à la prostate). On ne donne alors pas de médicaments et on ne pratique pas de chirurgie, mais on surveille de près l’évolution de la tumeur.

D’ailleurs, si la tumeur croît très lentement, et que la personne atteinte est âgée, la tumeur n’aura pas le temps de grossir avant que d’autres problèmes de santé ne surviennent. En effet, comme les traitements plus invasifs occasionnent souvent des complications (douleur, incapacité à avoir une érection, incontinence urinaire, infection), il est parfois préférable d’observer sans intervenir.

Chirurgie

Lorsque les cellules cancéreuses n'ont pas migré, on peut les éliminer de l'organisme en retirant la prostate, en tout ou en partie. L'absence de prostate entraîne certains problèmes, comme une impuissance temporaire ou permanente. Si la tumeur est très grosse et touche aux nerfs, il se peut que l'on décide de ne pas procéder à la chirurgie pour ne pas mettre en danger le système nerveux.

Un autre type de chirurgie, l’orchiectomie (ou orchidectomie), consiste à retirer les testicules afin de priver les cellules cancéreuses de la testostérone.

Cryochirurgie

Pour certains cancers de très petite taille ou pour des lésions précancéreuses, on utilise parfois un froid intense (créé par de l'azote liquide) afin de geler et tuer les tissus concernés.

Chimiothérapie

La chimiothérapie consiste à administrer, par injection ou sous forme de comprimés, des agents chimiques toxiques afin d’éliminer les cellules cancéreuses. Il en existe plusieurs, qui possèdent différents mécanismes d’action et différents effets indésirables.

Radiothérapie

Elle consiste à détruire les cellules cancéreuses à l’aide de radiations électromagnétiques externes (émises par un appareil de radiothérapie), en essayant d’épargner les tissus sains périphériques.

La curiethérapie est une autre forme de radiothérapie parfois employée. Des substances radioactives, dont les radiations tueront les cellules cancéreuses, sont introduites dans le corps du patient à proximité de la tumeur. Pour ce faire, on peut procéder de diverses façons (par exemple, un implant peut être introduit dans la prostate).

Thérapie hormonale

Cette approche, à long terme, vise à administrer des médicaments qui vont agir pour priver les cellules cancéreuses des hormones mâles dont elles ont besoin pour croître.

L'opinion de notre médecin

Le cancer de la prostate affecte un homme sur huit. Le dépistage de la maladie, à l’aide des tests actuels, pose problème. En fait, ils ne permettent pas de savoir si la maladie sera mortelle ou pas, ce qui constitue une grande source d'inquiétude pour l'homme. Pour savoir de quelle façon le cancer évoluera, il faut passer des tests plus poussés, comme la biopsie. Malheureusement, pour l’instant, il n’est pas démontré que ces tests amènent plus de bénéfices que d’inconvénients chez les hommes qui n’ont pas de symptôme physique de cancer.

Avant de subir un test de dépistage, il est donc utile de bien connaître ses valeurs et de savoir si l’on est prêt à aller jusqu’au bout de l’investigation et du traitement advenant un résultat anormal. Mieux vaut prendre le temps d’y réfléchir et d’en discuter avec son médecin. Le Collège des médecins du Québec a publié un dépliant qui aide à faire cette démarche. Vous pouvez également le consulter sur Internet (voir Sites d’intérêt).

Dre Luce Pélissier-Simard, M.D.

Bonne journée,

Marie claude

ref: Passeport.sante.net


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