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Comment peut-on être persan? (partie II)

Publié le 11 juillet 2009 par Veroniquer

GO Suite des pérégrinations du futur - anticipation de "l'après Hadopi 2" - librement inspiré des Lettres persanes. Pour réfléchir...

Pierre, père de famille, poursuit son récit pour Aref, un ami étranger:

- Oui, pour éviter d'autres ennuis, je me suis alors résolu à acheter le logiciel de surveillance "recommandé par mon installateur" (c'est ce qui est préconisé par la loi). Ça , c'est parce que j'utilise - comme beaucoup - un ordinateur et des programmes fabriqués par une grande marque, mais d'autres utilisaient des logiciels libres bien-sûr.

Il y a avait plusieurs options dans ces logiciels, avec des degrés divers de "surveillance", et pas mal de bugs d'ailleurs. Le premier que j'ai fait installer coupait directement l'accès au peer-to- peer, c'était un cauchemar, car il ne faisait pas vraiment le distinguo entre ce qui était légal ou non!

Mon installateur s'est platement excusé, me disant que c'était "les débuts", mais qu'une autre version venait de sortir, bien meilleure, etc. Bon, j'ai accepté d'installer l'autre (tout plutôt que de revivre cette coupure Internet!). Celui-là était censé filtrer sur la base de marques de reconnaissance numériques introduites dans les programmes (je simplifie). Le problème cette fois c'est que, d'une part, il se "mélangeait les pinceaux" assez souvent et, d'autre part, il y a eu de "fausses" marques numériques inventées assez vite par les pirates: du coup, le logiciel reconnaissait comme "correct" ce qui ne l'était en fait pas!!

C'est à cette époque que les grands procès ont commencé d'ailleurs: fabricants de logiciels mis en accusation, installateurs pris en défaut ... Parce que, en matière de sécurité informatique, il ne suffit pas de "verrouiller" une porte: il faut plutôt regarder cela comme un immeuble par exemple, à plusieurs points d'entrée. Si l'ensemble laisse à désirer, ou si une petite fenêtre est restée entrouverte...

Et... le pire restait à venir! Car bien naïf celui qui pense qu'un ordinateur est "seul", non, il fonctionne en réseau dés qu'il va télécharger quelque chose (là encore, je vais vite). Certaines autorités ont alors suggéré que les logiciels de surveillance contiennent également des éléments qui permettent de les relier à un serveur central - le slogan de l'époque était: "Ne vous occupez de rien, nous prenons tout en charge, nos serveurs sont là pour vous servir"!!

Alors là! je ne te dis pas. Vive les "communications électroniques"! On a eu droit a des cas de surveillance d'e-mails (oui, les courriels), et même des compagnies spécialisées - les autorités,débordées par l'ampleur, ont du déléguer au privé - qui faisaient purement et simplement de l'espionnage sur la vie privée (certaines compagnies douteuse de détectives s'y sont glissées aussi).

C'était l'époque de la "grande parano" comme on l'a surnommé après. Certains cryptaient leurs courriels, d'autres n'osaient plus trop écrire dés que cela pouvait sembler "suspect", d'autres "verrouillaient" à tout va leurs identifiants et profils, les réseaux sociaux ont fini par péricliter, chacun se méfiant des demandes "d'amis" bien intentionnés. Dans les familles, cela donnait des échanges parents-enfants du genre: "J'ai encore eu deux alertes aujourd'hui, qu'est-ce que tu as encore bien pu faire?! - Mais, papa, rien, je t'assure, c'est la vidéo qu'on devait regarder pour le collège, elle était pourrie mais on ne le savait pas! J'y suis pour rien"... Va savoir.

Bref. Nos identités numériques devaient être aussi lisses et formatées que les photos des cartes d'identité (pour pouvoir nous reconnaître plus facilement)... Les pseudonymes et avatars ont mêmes été fortement déconseillés, c'était "passé de mode", il valait mieux être conforme aux recommandations de la Haute Autorité Numérique...

A ce stade, Aref, l'air chagrin, l'interrompt.

- Écoute, Pierre, ne le prend pas mal, mais, laisse moi te raconter comment ça s'est passé chez nous. Nous avons fait d'autres choix, je ne sais s'ils sont meilleurs, mais notre société est différente, crois-moi...

A suivre

Merci notamment à PCInpact pour les ressources documentaires que l'on peut trouver chez eux - Crédit Illustration.


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