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Voyage(s)

Publié le 11 juillet 2009 par Didier54 @Partages
Voyage(s)Se détacher des autres est aisé. Les égoïstes y parviennent fort bien. Se détacher de soi est une tâche autrement plus ardue et essentielle, dans la mesure où nos personnalités obéissent à de multiples conditionnements implicites, silencieux, blottis à l'ombre de nos certitudes. Nous vivons cependant, malgré nos assurances et nos blindages, sous le règne conjugué de la précarité et de l'insécurité. Les médias participent, associés aux hommes politiques, à la diffusion d'une ambiance psychologique fondée sur la peur du risque le plus minime. Justifiée ou fantasmée, la crainte est partout, infiltrant en sourdine le tissage de nos univers et de nos situations. Au lieu de cultiver le détachement qui serait de mise, chacun s'accroche. On note alors la ténacité des nouveaux cultes, inspirateurs de béquilles collectives brandies désespérément comme voies de salut : progrès, reprise, performance, croissance…

Extrait du texte de Rodolphe Christin, La conscience transversale, déniché sur la revue des ressources. Cliquer ici pour le lire en entier.
Un peu loin, ceci, aussi :
Il subsiste encore, malgré tout, des chemins de traverse pour des voyageurs isolés, désireux d'échapper au siècle auxquels, de fait, ils appartiennent. Partir, s'échapper, autrement que sous un palmier en plein soleil avec l'espoir dérisoire de revenir bronzé. L'évasion est affaire de dissidence discrète, elle ne peut être l'affaire des masses. Elle exige le passage par des chemins détournés, chemine au fond de l'être dans le secret. Ainsi ne se laisse-t-elle guère enclore par des critères qui autoriseraient sa reconnaissance. Alliée au voyage, elle n'est pas fuite dans un univers fantasmé enclos en lui-même et coupé de la matérialité sensible du monde. Elle se sert au contraire de l'étendue charnelle du réel comme d'un tremplin pour un saut de l'esprit, subitement habité d'une prise de conscience. Ce contenu soudain de la conscience échappe au discours, c'est un éclat dérangeant tout d'abord, puis une implosion radicale. L'identité devient une construction fumeuse, l'évidence ancienne se révèle illusion. La route dérange. Une démarche intérieure se dessine pas à pas. Silencieusement subversive.

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