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Expatriation: Comprendre pour Aimer ! (Ep. 15)

Publié le 14 juillet 2009 par Caryl
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Les semaines passent. J’apprends à connaître mon immeuble sur le bout des doigts, ses coins et ses recoins.

C’est fou ce que l’on a tendance en temps normal à devenir casanier et à se renfermer sur son petit univers esthétique, protégé et fleuri et se couper des autres.

Je fais en sorte qu’aucun endroit ne soit négligé.

Il faut savoir qu’un papier au sol, vous attirera un autre papier…à contrario un endroit bien briqué retiendra vraisemblablement la tentation négligente.

Je m’oblige à descendre à pied les cinq étages deux fois par jour et souvent à les monter. Bon pour le cœur.

Je suis comme les chefs Sioux, je piste le moindre signe bizarre…

Les mégots écrasés dans l’escalier sont de mauvais présages, je prends ces signes très au sérieux. Les gardiens sont aussitôt avertis qu’ils doivent redoubler de vigilance.

Un type qui jette un mégot dans un immeuble dont il est le visiteur est forcément mal intentionné dans sa tête. S’il visite un ami…ce n’est pas un vrai ami! Vous balanceriez vous, des mégots chez vos amis ? Et s’il vient pour un business, il a déjà du mépris dans la tête…

Une jeune maman s’est installée dans l’immeuble avec une petite fille adorable. Elle loue des voitures. Tout un monde interlope veut louer des voitures…

Je demande aux gardiens de redoubler de vigilance pour assurer sa sécurité. Toute personne honnête dans mon immeuble doit s’y sentir en absolue protection.

Des étudiants ont loué un appartement, nous les avons à l’oeil… gentiment, mais nous les surveillons de prés.

Toute personne qui loue temporairement doit donner sa carte d’identité que le gardien recopie.

Que mon gardien soit un indic, cela est trés vraisemblable.

Cela ne me dérange pas, c’est pour cette raison que la police Judiciaire Marocaine est une des meilleures du monde et que peu de crimes restent impunis.

La nuit, personne n’a la clef de la porte d’entrée de l’immeuble. Le gardien se présente immédiatement au moindre appel…

Au début j’arbitrais des différents entre des locataires de passage et les gardiens. Grand Corps malade était encore la proie d’attaque de fièvre…

Les copains des locataires, ok, les prostituées, Niet !…

En quelques mois, l’information se transmet que l’immeuble est devenu un vrai bunker.

En tant que membre du Conseil Syndical et Syndic bénévole, je suis responsable de la bonne vie et des mœurs de mon immeuble, c’est écrit en toutes lettres sur le Réglement de Copropriété et sans être un ayatollah, on peut compter sur moi pour que cette mission de Syndic soit irréprochable.

A Marrakech, c’est mission très difficile de faire le gendarme mais avec les gardiens, si nous cédons une fois, nous devrons céder deux fois, puis céder dix fois et retour à la case départ, l’immeuble le plus hard de toute la ville.

Le sexe à Marrakech, voila un beau sujet de réflexion !…

Les occidentaux ont amené avec eux, leurs habitudes de consommation pure et dure.

Comme je l’ai dit, on vient consommer du soleil, on vient consommer de la bonne bouffe et on vient consommer du sexe…

Je suis proprement écœurée par le délitement des choses et malheureusement c’est mondial, c’est l’espèce humaine qui est tirée vers le bas.

Nous ne sommes plus des humains, nous sommes des consommateurs ! Ou du bétail à l’engrais comme le disait Antoine. Et le bétail, ça bouffe et ça copule!

Il faut que le corps exulte coûte que coûte…tout se monnaye, tout se vend, tout se marchande…

Des corps au rabais…A quand les soldes?

Dans l’avion, Paris/ Marrakech, mon voisin qui parle fort, explique à un copain qu’il a emmené découvrir son El dorado, les arcanes de la drague…» Si elle te demande ça, tu proposes ça ou tu l’envoies chier, de toutes façons, c’est la crise, tu en trouveras une autre...» 

J’ai l’impression d’être au marché aux esclaves…

Je suis sincèrement dégoutée de partager quoi que ce soit avec ces gars là, y compris l’avion…

J’apprends par le Consul que sur cent français qui viennent ici, beaucoup repartent plumés…

Sincèrement, tant mieux ! Allez-vous faire foutre ! Sans jeux de mots !

Assise au Café de la Poste où je sirote un jus de mangue orange bien frappé, plongée dans le must des magazines, « Tel Quel », deux Français à ma droite échangent leurs impressions sur une telle ou une telle…ortolans de soirée dans les hauts lieux de rencontres.

L’un, genre vieux beau, véritable Tartarin de Tarascon, dit à l’autre « En ce moment, je suis sur du lourd… »

Jargon de ferrailleur sur le point d’acquérir un lot de bagnoles…

Je ne saurai jamais à quoi ressemble « le lourd » de ce pauvre type, en revanche, ce que je sais c’est que leurs euros transforment ce que ce pays a de plus précieux, ses filles, ses jeunes filles, ses futures mères, en véritables souris de laboratoire.

Des souris prêtes à donner leur vertu, leur jeunesse et leur dignité contre quelques babioles méprisables.

Elles ont des radars pour repérer la proie qu’elles vont pouvoir harponner et diriger vers les boutiques du Guéliz pour se faire payer un tas de chiffons, chaussures, maquillages, parfum…

Le jeune Marocain bien sous tous rapports qui aura acquis une petite situation à la force du poignet et voudra les inviter à boire un coca, elles vont lui rire au nez…

La moitié de ce qu’elles gagnent passe en coiffeur, épilation, pédicure, faux ongles, faux cheveux…

Les coiffeurs dans cette ville, d’ailleurs, se font un argent fou.

Entre deux clients, le coiffeur est le grand lieu de rendez vous.

Tout est dans l’apparence. Des outres vides…en parfaite adéquation avec ce qu’ils recherchent…

L’offre et la demande se rencontrent, le propre des marchés juteux.

On n’est pas là pour penser…

Les filles sont parait-il, dociles et de bonne compagnie, mais n’ont qu’une idée en tête, et une seule, faire payer ces fous furieux qui débarquent avec leurs certitudes.

Tous ces cons solennels qui pensent les dominer de leurs euros et qu’elles méprisent superbement…

Certains se prennent au jeu et deviennent addict, ils essaient de posséder mentalement une fille dont tous les clignotants signalent qu’elle n’en a rien à foutre d’eux.

Alors là, mal leur en prend… dans un pays où la femme est dominée depuis des millénaires, si « une victime» , leur tombe entre les pattes…le gars a intérêt à avoir un compte bien garni car il va passer à la caisse pour des générations de femmes écrasées!

Je n’ai pas encore été en contact avec la pédophilie bien que je sache qu’elle existe…Notre espèce humaine a la sinistre particularité de partir à la chasse aux enfants…

Il vaudrait mieux, d’ailleurs, que je ne me trouve pas face à un pédophile, le gars passerait un sale quart d’heure…mais je vous raconterai comment, en tant que Syndic, j’ai failli être agressée…

Vous verrez que le tourisme sexuel, ne concerne pas que les hommes…

Je vous l’ai dit, ce n’est pas le Maroc, c’est le monde entier qui s’abîme…

Dommage, ma tendance naturelle est de ne vous parler que de belles choses.

En tous cas, sous votre lecture bienveillante, à demain…Si vous le voulez bien…

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