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DSK au FMI, le “socialisme du réel” à l’épreuve des faits

Publié le 01 octobre 2007 par Bruno Mouilloud

Dominique Strauss-Kahn, qui accèdera début novembre à la tête du Fonds monétaire international (FMI), devait détailler lundi son plan pour réformer l’institution en crise, après avoir été reçu dans la matinée le président français Nicolas Sarkozy.

Désigné vendredi par le conseil d’administration du Fonds pour succéder à l’Espagnol Rodrigo Rato, démissionnaire, Dominique Strauss-Khan a immédiatement annoncé dans un communiqué qu’il comptait “engager sans tarder les réformes dont le FMI a besoin”.

Lundi, “DSK” n’a fait aucun commentaire à la suite d’un entretien en tête-à-tête avec Nicolas Sarkozy, renvoyant à sa conférence de presse de l’après-midi, à 14H00 GMT, la première depuis son élection, lors de laquelle il devrait faire connaître les grandes lignes de son programme.

Mais dans un entretien au journal Le Monde, il a affirmé que “l’accord tacite entre les Américains, qui se réservent la direction de la Banque mondiale, et les Européens, qui placent un des leurs à la tête du FMI, n’a plus de raison d’être”. Le FMI, a-t-il déclaré, “ne peut plus se contenter d’être un ‘gendarme’ qui prête de l’argent en contrepartie de règles très dures pour les pays en difficulté”.

Le Fonds est confronté à une crise de légitimité alors que les pays en développement et les grands pays émergents ne s’y estiment pas suffisamment représentés compte tenu de leur poids grandissant dans l’économie mondiale.

DSK a répété pendant sa campagne électorale de “100.000 kilomètres” dans le monde qu’il entendrait poursuivre les réformes engagées par son prédécesseur en ce sens. Il soutient notamment un système de double majorité de quotes-parts et de pays ainsi qu’une diversification du personnel du Fonds, où selon lui “l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine” sont sous-représentés.

Le FMI traverse également une crise de financement, de moins en moins de pays ont recours à ses prêts, en raison de la forte croissance de l’économie mondiale depuis plus de cinq cinq ans. M. Strauss-Kahn dit adhérer “à la plupart des recommandations du rapport Crockett” paru en début d’année qui propose de placer une partie du capital de l’institution internationale et de vendre une partie de ses stocks d’or.

Si l’on en croit ses déclarations au Monde lundi, il pourrait donc être le dernier Européen à diriger le Fonds, si les Américains renoncent aussi à leur prééminence sur la Banque mondiale (BM), institution soeur également née des accords de Bretton-Woods en 1944. Le président de la BM, Robert Zoellick, a d’ailleurs dit vouloir établir un partenariat “crucial” pour les pays en développement avec son nouvel homologue.

La candidature de Dominique Strauss-Kahn a été lancée au début de l’été par le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, puis largement relayée par Nicolas Sarkozy. Ces appuis lui ont permis de devenir le candidat de l’Union européenne, puis de gagner la bénédiction de Washington. Vendredi, Nicolas Sarkozy avait été l’un des premiers à réagir à l’élection de DSK, saluant “une grande victoire pour la diplomatie française”.

Le français était en compétition avec Josef Tosovsky, candidat tchèque présenté par la Russie.


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