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Salut a toi l'iranien!

Publié le 16 juin 2009 par Grainedesoleil

Mir Hossein Moussavi a accusé les autorités d'avoir manipulé le scrutin de vendredi, à l'issue duquel le président sortant a été réélu dès le premier tour avec une large majorité. M. Moussavi a déposé un recours dimanche auprès du Conseil des gardiens de la Constitution, l'équivalent du Conseil constitutionnel français, pour obtenir l'annulation des résultats.



Alors que les iraniens contestent  le résultat des élections présidentielles, dans la rue, la répression est là. Violence et mort, blessés...Pour que la liberté d'expression soit, combien de sang encore versé! Pour que le peuple soit entendu, combien de morts à décomptés...
Pour que l'iranien soit libre, quelles retombées internationales?


La révolution islamique d'Iran

NOUVELOBS.COM | 16.06.2009 | 11:30

Manifestation en soutien à l’ayatollah Khomeiny en 1979 (AFP)

En 1979, l'Iran se transforme, sous l'effet de la révolution, en république islamique.
Auparavant, en 1978, l'Iran était une monarchie constitutionnelle  pro-occidentale, dirigée par le shah Mohammad Reza Pahlavi. Après la révolution, l'Iran devient une république théocratique islamique et populiste, dirigée par l’ayatollah Khomeini.

En 1953, l’opération Ajax menée par le Royaume-Uni et les États-Unis, exécutée par la CIA, pour mettre un terme à la politique nationaliste du Premier ministre d'Iran, Mohammad Mossadegh, consolide le pouvoir du shah, Mohammed Reza Pahlavi, pour préserver les intérêts occidentaux dans l'exploitation des gisements pétrolifères iraniens.
En mars 1959, l’Iran signe un accord de défense avec Washington. L'Iran reconnaît Israël en 1960.
À la fin des années 1960, l’Iran se dégage peu à peu de l’emprise américaine et renforce ses relations diplomatiques avec les pays communistes ainsi qu’avec l’Europe. Au début des années 1970, l’Iran se rapproche du le bloc arabe, à l’exception de l’Irak, du fait d’un contentieux territorial. Les deux pays signent finalement un accord en mars 1975.
En 1975, le chah annonce la fin du multipartisme et la formation d’un parti unique, le parti de la Résurrection nationale. L’élection d’une nouvelle Assemblée nationale se déroule en juin 1975. La police secrète du chah, la Savak, composée de 100 000 hommes, réprime violemment l’opposition. Celle-ci est principalement composée de mouvements islamistes, dirigés, depuis la France, par l’ayatollah Ruhollah Khomeiny, en exil depuis 1963. En 1978, de violentes émeutes menées par les islamistes éclatent dans plusieurs villes iraniennes. Le pays plonge dans une guerre civile. En en janvier 1979, les fidèles de l’ayatollah contraignent le shah à l’exil, après un règne de trente-sept ans. Peu après, Khomeiny revient triomphalement à Téhéran.
Avec le nouveau régime de l’ayatollah Khomeiny, les relations proches avec les États-Unis cessent. Des milliers de membres de la Savak et de partisans du chah sont exécutés. En novembre 1979, quand le souverain déchu s’exile aux États-Unis, des militants de la Révolution envahissent l’ambassade américaine à Téhéran, prenant en otages cinquante-trois personnes. En échange de leur libération, le nouveau régime demande le retour du shah afin qu’il soit jugé. Ils réclament aussi le remboursement de milliards de dollars que les islamistes l’accusent d’avoir détourné des caisses de l’État. Sans qu’un accord officiel soit intervenu, les otages sont finalement relâchés en janvier 1981.
(Nouvelobs.com)
http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2009/06/15/iran-la-troisieme-revolution_1206838_3218.html
Commencée dans l'allégresse d'une grande mobilisation, avec des ouvertures inédites – femmes de candidats sur les podiums, débats télévisés en direct – la campagne "à l'américaine" pour la présidentielle iranienne s'est achevée, vendredi 12 juin, dans la contestation d'un score quasi "soviétique".


Quelle que soit, en fait, la réalité des chiffres de ce scrutin officiel qui, avec plus de 63 % des voix, donne au fondamentaliste président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, les mains libres pour un second mandat, ce qui transparaît, dans la violence de la répression, le brouillage des communications et déjà les arrestations, c'est que l'Iran a peut-être lancé sa "troisième révolution".

 
La première, en février 1979, a renversé le Chah.
La deuxième, selon l'ayatollah Khomeyni, fondateur de la République islamique, a consisté, quelques mois après, à s'emparer de l'ambassade américaine.

Que serait la troisième ? Les supporteurs de M. Ahmadinejad ont avancé le mot "Révolution", lui-même lui a donné un contenu durant la campagne.


Jusque-là, le président surfait sur le populisme et le nationalisme, ses meilleurs alliés. Il vient de leur adjoindre un besoin de "justicialisme" sur lequel il compte mobiliser les classes défavorisées et les nouvelles élites révolutionnaires, notamment les milices islamiques (bassidji) pour tout à la fois endiguer cette société civile toujours plus jeune, plus évoluée et plus exigeante et se livrer à une "épuration" au plus haut de l'Etat de ceux qui voudraient "brader" les intérêts nationaux.


Les signes avant-coureurs étaient là : appelant à voter, le Guide suprême, Ali Khamenei, mentor de M. Ahmadinejad, qui plus que tout craint, dit-on, "une contamination culturelle" occidentale, avait précisé il y a quelques jours : "Ne votez pas pour tous ceux qui veulent abdiquer au profit de l'Occident !"

Aussitôt, le président sortant avait attaqué ses adversaires MM. Moussavi et Karoubi, soutenus par les réformateurs, et le conservateur M. Rezai, qui chacun à sa façon prônait une "détente" avec l'Ouest. Il avait même qualifié de "trahison" les accords de Saadabad, conclus en 2003 par le président réformateur Mohammad Khatami et les Européens qui avaient abouti, sur le dossier nucléaire controversé, à une suspension de l'enrichissement d'uranium.

Reprenant le mot d'ordre de la rhétorique de l'âge d'or des débuts de la révolution, "Justice sociale pour les plus démunis", M. Ahmadinejad parle aussi de "couper les mains des corrompus et des profiteurs du régime". Et ce n'est pas un hasard si c'est l'un des personnages clés du régime, comme l'ex-président Ali Akbar Hachemi Rafsandjani, un des hommes les plus riches du pays, "rival" depuis toujours du Guide dans les sphères d'influence, qui est visé.

D'autant que M. Rafsandjani, qui appuyait dans l'ombre la candidature Moussavi, a été élu en 2006 à la tête du Conseil des experts chargé d'élire, superviser voire démettre le Guide, en dépit des pressions des proches de M. Khamenei. Son "pragmatisme" envers l'Ouest est aussi bien connu.


SPIRALE FONDAMENTALISTE

C'est bel et bien d'une reprise en main du régime transformé en "bunker assiégé" par le petit groupe fondamentaliste au pouvoir qu'il s'agit. Les fils de la révolution vont à nouveau s'entre-dévorer. Qu'est-ce qui a déclenché cette nouvelle "crispation" qui a tout d'une "révolution culturelle à la chinoise" – le mot est de l'analyste Ahmad Salamatian?

Peut-être le fait que l'entourage du Guide qui, faute de crédit et de reconnaissance auprès des religieux, a tissé pour asseoir son pouvoir, en multipliant les charges d'Etat, un réseau complexe d'appui et d'influences basé sur les Gardiens de la révolution, l'armée idéologique du régime et les services secrets, s'est senti menacé de l'intérieur.

Non que la "vague verte" d'étudiants, d'intellectuels ou de femmes derrière l'ex-premier ministre Mir Hussein Moussavi, plus bruyante qu'efficace, ait été armée ou même organisée. Mais aux yeux d'un régime sur la défensive, elle faisait figure de potentielle "révolution de velours". Et les pancartes "A bas le dictateur !" ont été interprétées comme visant, au-delà de M. Ahmadinejad, le Guide lui même.


M. Moussavi, ce nationaliste intègre avait déclaré entrer en campagne, car "l'Iran est menacé" en raison de "l'extrémisme contre-productif du gouvernement Ahmadinejad". Sans doute, le Guide ne l'a pas jugé "assez solide", ni même "assez fiable" pour entreprendre le grand "bargain", cette discussion globale avec les Etats-Unis dont l'Iran rêve depuis trente ans, pour que lui soient reconnus son statut de puissance régionale et la pérennité de sa République, sans rien céder ou presque en échange.

Sentant le nouveau danger de radicalisation pour l'Iran, M. Moussavi ne plie pas pour l'instant. Et lui qui fut un des "poulains" du fondateur Khomeiny en appelle, par-dessus le Guide Khamenei, aux "sources d'imitation", ces grands ayatollahs Marjas, chargés de veiller à la morale islamique pour qu'ils endiguent les dérives de la "théocratie". L'un des plus respectés et apolitique, le grand ayatollah Golpayegani, a répondu favorablement, faisant part de son mécontentement devant le déroulement de l'élection, "ce grand mensonge qui porte atteinte aux fondements même de l'islam".

Si, en dépit de tout, cette nouvelle révolution qui prône un retour aux valeurs de 1979 était effective, au moment où les équilibres mondiaux ont changé, ce serait une inquiétante "fuite en arrière". Alors même que le président Obama tend la main. Il ne la tendra pas toujours et si les "néo-cons" américains sont en perte de vitesse, les partisans de l'Israélien Nétanyahou sont là. Déterminés.


La révolution avait trois mots d'ordre :
"liberté, indépendance, République islamique".
Qu'en est-il trente ans après ?

L'indépendance est établie, mais l'Iran est encerclé et au ban des nations, sous le poids de trois séries de sanctions des Nations unies qui pourraient s'alourdir encore.


La liberté ? La société se voit proposer comme seul avenir une plongée idéologique en milieu fermé, ce qui n'est pas à même de la calmer. A terme, c'est la République islamique qui sera menacée.

M. Ahmadinejad a une chance à saisir, la main tendue de M. Obama. Saura-t-il la prendre ou préférera-t-il, seul contre tous, s'enfoncer dans une spirale fondamentaliste ?


Marie-Claude Decamps

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