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Le bon vieux temps des colonies

Publié le 15 juillet 2009 par Juval @valerieCG

Entre 1906 et 1931, se déroulèrent en France des expositions coloniales, comme dans l’ensemble des empires coloniaux. Mais c’est dés 1877 qu’on commença, en France, à exposer des peuples colonisés.

Il s’agissait d’offrir au bon peuple des spectacles de qualité mais surtout de prouver les bienfaits de la colonisation.

annee

C’est ce que fit Jean Byol en 1893 en étudiant les dahoméens (actuel Bénin).

Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.

Ah non pardon je me trompe de personne.

002-1881

Jean Byol écrivait donc une sympathique description des dahoméens
“La peau est veloutée, fraiche au toucher luisante.”
“les noirs du Dahomey n’ont pas cette odeur si forte des peuples de la Sénégambie que j’attribue pour ma part à la sueur qui se forme chez ces hommes quand ils ont chaud.”

Il décrivait ensuite objectivement leurs coutumes
la foudre tombe en effet souvent dans ce pays [..] les prêtres, les féticheurs au lieu de s’apitoyer sur les malheureuses victimes, font promener leurs cadavres dans les rues, au milieu des insultes de la populace.”
Pour conclure, fort logiquement “Je crois avoir montré que le peuple dahoméen avec ses coutumes barbares, ses sacrifices humains était une honte pour la civilisation européenne. La France, en mettant un terme à ces atrocités, aura accompli une mission humanitaire.”

Tout était dit. Ces gens-là appartenaient à un stade inférieur de l’humanité et la colonisation ne pouvait que les aider.

C’est dans ce contexte que se créent les expositions coloniales.
Que serait la foire de Paris sans ses vaches me direz-vous ?
C’est toute la logique des organisateurs qui firent venir des colonisés afin que les français puissent les voir. Gentiment enfermés dans des enclos, avec quelques bêtes tout aussi exotiques qu’eux, ils servaient à montrer aux français combien ces gens là n’étaient pas comme nous. Moins civilisés.

bedouines

Certains étaient payés pour jouer les sauvages, d’autres étaient importés comme l’aurait été un lion ou un éléphant. La mortalité dans ces zoos était importante, quelques voix s’élevaient contre mais ces expositions connurent un grand succès. Précisons qu’on avait une idée préconçue, fantasmée de ces peuples ; si la réalité ne correspondait pas à ce qu’on pensait, on demandait alors aux colonisés d’incarner les fantasmes des colons (comme par exemple d’incarner des cannibales).

Ces zoos humains, tout en montrant des êtres exotiques et inférieurs servaient aussi et surtout à assurer une solide propagande coloniale. On montre ces peuples accomplissant des rites barbares (pseudo sacrifices humains, scarifications, danses effrayantes…), on démontre donc qu’ils sont et resteront des sauvages qu’il faut coloniser à tout prix pour leur propre bien. Dés qu’un nouveau pays intègre l’empire colonial, on fait venir de habitants afin de bien faire comprendre combien il était nécessaire de coloniser de toute urgence ces sauvages.

cannibale

C’est dans ce contexte que prend par exemple corps l’histoire de Saartjie Baartman dite “la vénus hottentote“.

Vous avez ici des photos anthropologiques présentant des hommes et des femmes nus. Toute la propagande coloniale s’est évidemment assortie, comme on en a déjà parlé, de fantasmes autour de la sexualité des noirs.

Coloniser, c’est se mettre en rapport avec des pays neufs, pour profiter des ressources de toute nature de ces pays, les mettre en valeur dans l’intérêt national, et en même temps apporter aux peuplades primitives qui en sont privés les avantages de la culture intellectuelle, sociale, scientifique, morale, artistique, littéraire, commerciale et industrielle, apanage des races supérieures. La colonisation est donc un établissement fondé en pays neuf par une race avancée, pour réaliser le double but que nous venons d’indiquer.”
Merignhac, Précis de législation et d’économie coloniales.


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