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Les instruments de l'Auvergne

Publié le 19 juillet 2009 par Gérard Charbonnel @gcharbonnel

Cabrette, vielle et compagnie

" Le paysan auvergnat chante à toute heure et partout, au travail, aux veillées, aux danses et c'est merveille de voir comme il est friand de musique ", écrivait Henri Doniol au milieu du XIXe siècle.

Existe t-il vraiment un répertoire ancien de chansons et de musiques typiquement auvergnates ? Si l'on excepte les quelques compositions récentes de félibres, sur lesquelles des artistes comme Canteloube ont adapté une musique originale, le répertoire auvergnat apparaît, pour l'essentiel, comme une version " patoise " de chansons communes à la plupart des provinces paysannes de l'Ancienne France.

Ainsi, les chants et danses d'Auvergne semblent davantage liés à la langue en elle-même qu'à la musique proprement dite, même si associées à la pratique instrumentale locale, ils tiennent un grand rôle dans les formes d'expression artistiques les plus populaires.

L'instrument traditionnel est représentatif d'un milieu social et d'une époque donnée. Le temps interfère alors dans cette représentativité. Aux côtés de la flûte, du fifre et du tambour en usage à la fin du Moyen-Age, apparaissent dès le début du XVIIe siècle, le hautbois et le violon et, au siècle suivant, la cornemuse ( cabrette ) et la vielle.

➥ La cabrette

Les instruments de l'Auvergne

La cabrette ( en patois la " Tsabro " ) est une des cornemuses du centre dont l'histoire se mêle à la montée des auvergnats à Paris.

Dans sa forme actuelle, elle remonte à la moitié du XIXe siècle et se présente en trois parties :

✔ Le sac, outre en peau ( souvent de chèvre d'où son nom ) recouverte d'un tissu généralement en velours frappé, parfois frangé d'or, qui retient l'air et permet un jeu continu de l'instrument.✔ Le pied, qui comporte trois parties :➮ Le hautbois ( cornel, ou chalumeau ), sert à faire la mélodie. Le son du hautbois est particulier du fait de la perce intérieure, du type d'anche double (qui émet le son), du doigté du musicien et du style de jeu propre à l'instrument,➮ Le tuyau d'accompagnement appelé " bourdon ", " brounjedou " ou encore " roudinaire " lorsqu'il a une perce cylindrique surmontée d'une anche battante, et chanterelle lorsqu'il a une perce conique surmontée d'une anche double,➮ Le boîtier relie ces deux dernières parties au sac, permettant ainsi l'interchangeabilité des pieds ( donc des tonalités ). Il est souvent décoré d'un motif en ivoire ou en bois sculpté pouvant être une tête d'animal ou une tête humaine.
✔ Le soufflet : Il n'est pas à attribuer uniquement à la cabrette et encore moins à l'invention d'un auvergnat car nombre de cornemuses l'utilisent en Europe.La cabrette peut se jouer à la bouche ou avec un soufflet.

De nos jours, les cabrettaires se servent généralement du soufflet, ce qui a l'avantage de ne pas les fatiguer, d'obtenir un son plus ou moins aigrelet mais aussi très perçant.

Toutes les parties de la cabrette sont faites de matériaux nobles : buis, ébène, ivoire ou os pour les boîtes, bois exotiques raffinés pour le pied, cuir et velours pour l'outre et chaque instrument est l'objet d'un travail très soigné et extrêmement rigoureux.

La cabrette laisse aujourd'hui de nombreuses traces ( enregistrement, photographies, témoignages... ) devant servir à la compréhension et à l'utilisation actuelle de l'instrument.

➥ L'accordéon

C'est un instrument à vent de la famille de l'orgue, qui possède un soufflet mû à la main et un ou deux claviers, dont le jeu déclenche des soupapes auxquelles correspondent des anches libres ( comme celle de l'harmonium ) qui vibrent au passage de l'air.

Les accordéons modernes ont, pour la plupart, toute l'échelle chromatique. L''invention, en 1822, de cet instrument est attribué à l'Allemand F. Buschmamn et l'Autrichien Cyrill Damian ( facteur d'orgues et de pianos à Vienne ) prit un brevet pour un nouvel instrument appelé Akkordion.

Populaire par excellence, l'accordéon a cependant été utilisé par des compositeurs comme Hindemith, Schönberg et Berg.

➥ La vielle

Les instruments de l'Auvergne

Instrument de musique très ancien, son apparition se situe au cours du Moyen Age. La vielle est très utilisée dans le centre de la France grâce à l'importante fabrication des facteurs de vielles de Jenzat ( Allier ), dont les plus célèbres ont été Pimpart, Nigout, Pajot.

La facture populaire laisse aussi dans ce domaine instrumental des traces multiples.

Instrument à cordes mélancoliques et rythmiques, la vielle est à rapprocher du violon pour son principe sonore. Là, l'archet est remplacé par la roue qui frotte les cordes et le manche par un clavier.

Des cordes supplémentaires servent à l'accompagnement ( bourdon ) et à la rythmique ( corde du chien ). Le chien est un chevalet mobile vibrant sur la table lors du coup de poignet.

C'est en se servant d'une manivelle que le vielleux actionne la roue à demi-enchassée dans la caisse et protégée en surface par une bande cintrée en bois léger. Cette roue touche les cordes lorsqu'elle tourne et les fait vibrer. Tout l'art du vielleux est dans le rythme du coup de poignet ( plus ou moins long ou saccadé ) donné à la manivelle, qu'il complète par les notes tirées sur le clavier avec la main gauche.

Les vielles présentent en général une grande richesse de décoration, incrustations d'ivoire, d'ébène, de turquoise; La nacre y entre aussi pour une grande part de même que la gravure avec des rinceaux de feuillage parfois rehaussés de couleurs.

➥ Le violon

Vers le XIXe siècle, le centre de Mincourt fournissait en quantité très importante des violons pour la France entière à des prix souvent raisonnables. Aucun problème d'approvisionnement donc pour les musiciens populaires, car l'on trouvait instruments et accessoires chez le quincaillier ou l'horloger de tous les villages d'un peu d'importance.

La facilité d'acquisition et le coût de l'instrument développèrent très vite le nombre de musiciens dans les régions du sud du Puy-de-Dôme et nord Cantal.

Contrairement à ce qui est souvent pensé, le violon est l'un des instruments populaires les plus répandus sur les monts d'Auvergne. La musique de violon s'est en partie maintenue grâce à son intimité, lors des veillées, de fêtes familiales ou de villages.

Les musiciens commençaient à apprendre le violon entre 8 et 15 ans. Ils fabriquaient souvent leur premier instrument avec l'aide d'un parent menuisier ou sabotier. Une planche de sapin, un câble de vélo pour les cordes, des poils de la queue de l'âne et une branche de noisetier pour l'archet, de la résine comme collophane, et l'apprentissage pouvait ainsi débuter.

Dans les mémoires est encore présente l'histoire de violoneux réputés qui servirent de modèle à nombre de jeunes amateurs.

La pratique du violon populaire diffère de celle du violon classique. Les variétés de répertoires et de techniques d'interprétation sont nombreuses du Cézallier à l'Artense.



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