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La La Fondation Bnp Paribas, l'éducation nationale et le jeu d'échecs

Publié le 19 juillet 2009 par Yves4
Echec scolaire et inégalités des chances

Dans le cadre de sa politique sur la promotion de la citoyenneté et de l’égalité des chances, le ministère de l’Education nationale a signé, en mai 2007, un accord avec la Fédération française des échecs (FFE) qui vise à favoriser l’apprentissage du jeu d’échecs dans les établissements scolaires. Cette convention, toujours en vigueur, qualifie les échecs « d'école de la concentration, de la maîtrise de la pensée et de la maîtrise de soi qui favorise l’apprentissage des règles et le respect d’autrui, et à ce titre participe de l’apprentissage de la citoyenneté ».

Elle précise : « la pratique des échecs encourage notamment le développement des capacités intellectuelles telles que la mémoire, le raisonnement logique, la capacité d’abstraction, l’analyse de problèmes et la mise en œuvre de stratégie de résolution ». Autant de facultés nécessaires à la conduite d'une bonne scolarité. C'est pourquoi, afin d'encourager des jeunes issus de quartiers sensibles à pratiquer ce sport, la Fédération française des échecs a lancé avec la Fondation BNP-Paribas un programme d’initiation aux échecs dans plusieurs collèges et lycées de Seine-Saint-Denis (93). L'objectif est d'amener ces jeunes à s'investir dans une activité pouvant se révéler propice à leur épanouissement personnel et scolaire. 
Un an d’initiation aux échecs
Fin 2005, la Fondation BNP-Paribas a mis en place un "Projet Banlieue" dans plusieurs départements français, dont la Seine-Saint-Denis. Ce programme, mené en partenariat avec les autorités locales, a pour but de faciliter l’accès à l’emploi et l’intégration de jeunes en difficulté. Dans ce cadre, elle décide en 2006 avec la Fédération française des échecs (FFE) d’introduire l’apprentissage des échecs dans deux lycées de Clichy-sous-Bois (93). 

Dès le début de l’année scolaire 2006/2007, Abdelaziz Onkoud, Maître international aux échecs, est dépêché par la FFE pour enseigner ce jeu à une vingtaine d’élèves du collège Robert Doisneau (ancienne ZEP) et du lycée Louise Michel. Dans chacun des deux établissements, les cours sont assurés une fois par semaine pendant une heure et demie. A Robert Doisneau, le professeur d’éducation physique et sportive, Sébastien Coste, s'investit dans le projet et propose d'encadrer bénévolement les élèves.

L'année s'écoule et le projet se prolonge finalement durant tout l’été 2007, dans le bois de Bondy, où des loisirs sportifs et culturels sont proposés chaque année aux jeunes par la ville de Clichy. Deux professeurs y ont animés un stand d’échecs sur la demande des porteurs du projets pendant toute la durée des vacances. Puis, à la rentrée 2007/2008, à l’occasion de la fête de Clichy-sous-Bois, un tournoi est finalement organisé durant lequel le Grand maître international Laurent Fressinet se lance dans l'exercice d'affronter simultanément l'ensemble des apprentis joueurs. 

L'opération ayant bien fonctionné à Clichy, l'initiative est reconduite à Montreuil en septembre 2008. Depuis la rentrée scolaire, à raison d’une heure par semaine, deux professionnels du club de la ville ("Tous aux Echecs") viennent enseigner la discipline dans les collèges Jean-Jaurès, Jean Moulin et le lycée Condorcet. Une cinquantaine d’étudiants au total se sont inscrits. Le 22 novembre 2008, une nouvelle rencontre a eu lieu dans la salle des fêtes de la mairie de Montreuil avec pour invité cette fois le Grand maître international Pavel Tregubov, sélectionneur de l’équipe de France. Ce rendez-vous convivial et festif a remporté encore une fois un vif succès auprès des participants.

L’argent alloué par la Fondation BNP-Paribas pour ces deux projets est de 10 000 € pour Clichy-sous-Bois et 12 000 € pour Montreuil. Ces sommes ont permis de rémunérer les animateurs (25 € par heure de cours) et de financer les équipements (échiquiers, manuels d’apprentissage etc.). Une bonne partie a également servi à l’organisation des meetings. 
Les élèves enthousiastes 
A Clichy-sous-Bois, au collège Louise Michel, le projet, s’il n’a pas été poursuivi au sein de l’établissement, a néanmoins poussé trois élèves à s’inscrire au club de Livry-Gargan (93). A Robert Doisneau, les échecs ont continué indépendamment de BNP-Paribas et de la FFE grâce à l'investissement de Sébastien Coste, le professeur d’EPS, qui continue toujours à assurer bénévolement les cours.

L’activité vient cette année d’être reconnue «accompagnement éducatif », statut qui permet désormais à l’établissement de bénéficier d’une aide du ministère de l’Education nationale. En trois ans, le nombre de participants est passé de 10 à 30. En mars 2008 les collégiens ont remporté le trophée Mat-Pat de l’Académie de Créteil auquel ont participé une vingtaine d’équipes. Cette année,  ils sont arrivés 7ème sur 30 au tournoi de Villepinte, d'un niveau de difficulté nettement plus élevé. Ces deux victoires ont suscité une grande fierté chez les jeunes et leurs parents. 

Au fil des mois, les professeurs du collège Robert Doisneau ont noté des progrès significatifs chez certains élèves, notamment en matière de concentration, d’expression et de maîtrise de la langue, sachant que 90% d’entre eux sont d’origine étrangère. Cette année, Sébastien Coste a également pu remarquer un apaisement chez deux enfants de sixième hyperactifs.

A Montreuil, la plupart des élèves s'étant inscrits aux cours dans leur établissement sont maintenant licenciés et trois sur 30 ont rejoint un club.

La FFE et la BNP Paribas devraient réitérer l’opération en 2010. Au total l'opération aura touché une soixantaine d'élèves. 
Avis d’expert
Jérôme Maufras,  professeur d’histoire au collège Louise Michelle en 2006 et 2007 dit  «Il est difficile de quantifier l’impact que peut avoir le jeu d’échec sur les jeunes. Cependant, j’ai pu observer sur certains élèves des progrès en matière d’expression et de concentration. J’ai aussi pu remarquer que les échecs permettaient à beaucoup d’enfants de découvrir de nouvelles facettes dans leur personnalité jusqu’alors insoupçonnées. Par exemple, j’ai vu des timides se révéler sûr d’eux et des grands gueules s’assagir. Ce jeu peu aider ces jeunes à sortir des carcans sociaux où ils se sentent cantonnés car aux échecs, tout le monde est à égalité. »
Source  

La La Fondation Bnp Paribas, l'éducation nationale et le jeu d'échecs
 

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