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"Planète bleue en péril vert" de Vaclav Klaus

Publié le 20 juillet 2009 par Francisrichard @francisrichard
L'IREF (Institut de recherches économiques et fiscales) (ici) vient d'éditer en français le livre du président tchèque paru il y a un peu plus de deux ans.

Qu'est-ce que l'IREF ? La première phrase de présentation, figurant sur le site de cet institut, en résume synthétiquement l'objet : 

L'Institut de Recherches Économiques et Fiscales (I.R.E.F.) a été fondé en 2002 par des membres de la société civile issus de milieux académiques et professionnels dans le but de développer une plateforme performante sur l'étude des problèmes fiscaux.


Certains des administrateurs de cet institut  sont connus des Internautes qui me lisent, tels que l'avocat belge Thierry Afschrift, la présidente de l' Institut Constant de Rebecque Victoria Curzon-Price ou le professeur émérite de l'Université Paul Cézanne d'Aix-en- Provence Jacques Garello, lequel, d'ailleurs, préface cet ouvrage.

Qui ne connaît pas Vaclav Klaus ? Personne. Surtout depuis qu'il a présidé l'Union européenne pendant les six premiers mois de cette année 2009. Mais qui le connaît bien ? Peu de monde. En fait la plupart des gens connaissent bien mal le Président tchèque, qui a été auparavant Ministre de l'économie, puis Premier ministre de son pays. Désinformation oblige.

Il est davantage homme de conviction que de pouvoir, nous dit Jacques Garello, qui, dans sa préface, cite deux parmi les nombreuses actions qui ont rendu cet économiste libéral populaire dans son pays :

Il applique ses connaissances d'économie à la politique : il est le Premier ministre de l'économie tchèque, et réussit parfaitement le programme de privatisations en remettant les titres de propriété à la population qui avait payé un lourd tribut au communisme spoliateur.

Il réussit une opération délicate, où il montre sa force de caractère mais aussi ses talents de négociateur : la séparation de la République Tchèque et de la Slovaquie.

Est-il eurosceptique comme les média se plaisent à l'anônner en choeur ?

Vaclav Klaus refuse de remettre un pouvoir politique entre les mains d'un gouvernement de l'Union dont on ne sait comment il serait démocratiquement élu et contrôlé. En revanche il est partisan d'une Europe sans frontières économiques, unie par une culture respectueuse des droits personnels et de la liberté individuelle.

De quoi donner des boutons à plus d'un européiste...

Ce livre, vieux de deux ans et demi, n'a pas eu le temps de prendre une ride et il faut remercier l'IREF d'avoir pris l'initiative de le traduire et de le publier, parce que, parmi les livres écologiquement - et donc politiquement - incorrect, il occupe une place tout à fait à part. En effet son auteur, défenseur des libertés, ne se place pas essentiellement - hormis dans le chapitre 6 - d'un point de vue scientifique pour critiquer l'hystérie environnementaliste, mais du point de vue de ses connaissances économiques. Ce n'est pas pour rien que le sous-titre du livre pose la question :

Qu'est-ce qui est en danger aujourd'hui : le climat ou la liberté ?

Les environnementalistes n'acceptent pas que le monde change. Ce sont des conservateurs au sens péjoratif du terme. Or nous rappelle Vaclav Klaus :

Toute l'histoire de notre planète, l'état et la physionomie des terres, des eaux, la structure des espèces animales et végétales, le développement de l'atmosphère etc. sont sujets à un processus permanent de changements provoqués tant par des mécanismes naturels endogènes complexes que par des facteurs exogènes que nous ne pouvons influencer et qui sont - telle par exemple l'action du soleil - absolument hors de notre portée.

Plutôt que rester confits dans leur déni de réalité, nos environnementalistes feraient bien de faire leur - et de réciter - cette prière attribuée à Marc-Aurèle et que ma mère a eu raison de m'enseigner :

Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, le courage de changer celles que je peux changer, et la sagesse de distinguer l’un de l’autre.

Vaclav Klaus poursuit :

Il n'existe aucun état optimal du monde déterminé à l'avance que nous ayons l'obligation de protéger. L'état du monde est le résultat spontané de l'interaction d'un nombre immense de facteurs cosmiques, géologiques, climatiques (et encore beaucoup d'autres), aussi bien que de l'action des organismes vivants, qui vont toujours dans le sens de la recherche des conditions optimales pour leur reproduction. L'équilibre qui se fait dans la nature est un équilibre dynamique.

A propos des ressources Vaclav Klaus cite la formule - qu'il qualifie de saisissante - de l'économiste libéral Peter Aranson :

Les réserves de ressources augmentent avec les réserves du savoir.

Pourquoi cela ? Pour la simple raison qu'aucune réserve n'existe "en soi", parce qu'une ressource est toujours fonction d'un prix et d'une technologie.
Comme nous l'enseigne l'histoire, on n'abandonne pas une ressource parce qu'elle manque mais parce qu'on a trouvé quelque chose de nouveau - et de mieux - pour la remplacer.

C'est encore l'économiste qui parle en lui quand Vaclav Klaus dit :

Il n'existe aucune ressource sans l'homme et aucun "besoin" de quelque ressource que ce soit ne peut être mesuré sans un prix.

La vision statique de l'équilibre du monde conduit les environnementalistes à faire des prévisions à long terme - ce qui est une grave erreur - sur la base des technologies et de la richesse actuelles :

Il est prévisible que beaucoup de choses connues à notre époque n'existeront plus du tout tandis que beaucoup de choses encore inconnues, et dont l'on ne se doute même pas aujourd'hui, existeront alors.

Il n'y a pas que certains historiens ou médias qui commettent des anachronismes ...

Le concept d'actualisation, utilisé en économie - qui permet de résoudre le dilemme des choix intertemporels - ne s'applique pas seulement à l'économie : 

Le point de départ obligé de tout raisonnement et comportement humain rationnel réside dans le fait incontestable que le dollar (et quoi que ce soit d'autre) est plus "petit" dans le futur que le dollar d'aujourd'hui, et qu'un raisonnement inverse n'a pas de sens.

Le taux d'actualisation n'étant rien d'autre que le prix du temps :

Si les gens considéraient le taux d'actualisation comme nul (ou proche de zéro), ils ne pourraient absolument pas penser au futur de manière rationnelle, ils ne pourraient investir, ni même épargner de manière rationnelle. Ils ne pourraient prendre aucune décision à propos du futur.

Le raisonnement des environnementalistes revient justement à considérer le taux d'actualisation comme nul ou proche de zéro ce qui a pour conséquence de grossir les effets à venir, à faire du catastrophisme.

L'économiste va très professionnellement faire une analyse coûts-bénéfices. Cette analyse va lui permettre de prendre une décision. Or à quoi revient, par exemple, le protocole de Kyoto ? 
A réduire d'un tiers notre utilisation d'énergie, le résultat étant, d'ici 2050, une baisse de la température de 0,05 degré !

En réponse à cette absurdité Vaclav Klaus cite le professeur Fred Singer :

Je n'achète pas une assurance si le risque est faible et la prime élevée. On nous demande de mettre en oeuvre une politique "d'assurance" même lorsque le risque est très limité (à supposer même qu'il existe) et de payer des primes très élevées.

Enfin Vaclav Klaus montre que les problèmes d'environnement ne peuvent pas être résolus par la contrainte, quelle que soit la forme qu'elle revêt - dirigisme, régulation, planification ou constructivisme - mais par le progrès technique et par l'enrichissement de la société, fruits du meilleur environnement que l'on puisse souhaiter à l'homme, et créer pour lui, celui de la liberté :

Nous sommes nombreux à le savoir en théorie depuis longtemps, et la pratique communiste aurait dû convaincre les autres : sans marché, sans prix, sans propriété privée et sans profit, il n'est pas possible d'avoir le moindre respect pour l'homme ni pour la nature.

La préface de Jacques Garello commence par cette phrase :

Vous allez dévorer ce petit livre, vous allez le faire connaître autour de vous.

J'ai dévoré ce petit livre et je m'efforce - cet article en est la preuve - de le faire connaître autour de moi.

Francis Richard

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