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Mais tu fais comment pour t'en sortir ?

Par Mamancelib
Mais tu fais comment pour t'en sortir ? Au cours de ces années de maman célibataire, j'ai souvent entendu cette question : "Et ça va ? Tu t'en sors ? C'est pas trop difficile ? ", au sujet de mon quotidien et de l'éducation de ma fille.
C'est bien souvent le même type de personnes qui a posé cette question : une femme, le plus souvent dans mes âges, maman et en couple. La coïncidence (ou pas) fait que la réflexion qui a suivi a été : "Je n'y arriverais pas !" ou "moi, je ne pourrais pas !".
Le problème, c'est dans que dans le quotidien d'une maman célibataire, on ne demande pas de pouvoir. On demande de faire. Point. On ne se pose pas la question de savoir si on va arriver à ceci ou cela, il faut qu'on le fasse, d'une façon ou d'une autre. On ne peut compter réellement que sur nous, donc, ça limite quand même pas mal les tergiversations autour des sujets. On doit le faire. Quand on est au pied du mur et qu'on n'a pas d'autres solutions, on ne réfléchit pas et on agit... et puis finalement, on se rend compte qu'on ne s'en tire pas si mal.
Je ne dis pas que c'est toujours facile, loin de là. Je pense notamment à la dernière fois où j'ai été malade et où je ne tenais plus debout. Je me revois, en train de préparer le repas de MiniBri, assise devant la cuisinière, en train de me dire : "Mais, p*****, pourquoi je dois gérer seule Minibri tout le temps ?". Même quand on n'est pas en état de quoi que ce soit, on a toujours la responsabilité de nos enfants. Malade ou en grande forme, je dois nourir ma fille et subvenir à ses besoins, seule.
Plus généralement, je crois que c'est le fait de ne pas pouvoir passer le relais qui est difficile : il y a des jours où on est fatiguée, malade, énervée, pas en forme, triste, où on n'a pas le moral et où on aimerait bien faire autre chose que de gérer le quatorzième caprice de la journée pour un bonbon, où on s'enfoncerait volontiers des boules Quies dans les oreilles pour ne plus entendre les cris perçants de Héritier Ier... En couple, on a la solution "Tiens, gère Héritier Ier deux minutes, là, je vais craquer"... alors que seule, on doit obligatoirement continuer à gérer Héritier Ier et oublier nos envies de craquer; on n'en a ni le temps ni la possibilité... On s'oublie complètement pour laisser la maman gérer tout ça.
L'autre inconvénient majeur, c'est le problème de garde des enfants. Quand j'étais en couple, dès l'annonce d'une réunion au travail, le père de ma fille s'arrangeait avec son boulot pour pouvoir la récupérer et s'en occuper. Aujourd'hui, dès que j'ai une réunion au travail, je suis obligée de déclencher le plan Orsec : qui est dispo pour garder ma fille pendant que je serai en conseils de classe ou réunions parents-profs ? J'alerte en priorité ma mère et ma baby sitter, et, sans solution, ensuite, j'embête les copines. Et ça, ça me m'ennuie à chaque fois : même si elles me disent et répètent à chaque fois qu'elles le font volontiers, je n'aime pas avoir à faire supporter les conséquences de mon célibat aux autres... Pour vous donner une idée, je suis déjà en pleine opération "je me triture le cerveau" pour le jour de la rentrée pour faire garder MiniBri puisque je reprends avant elle. Bref, le maître-mot de la vie d'une maman célibataire est OR-GA-NI-SA-TION !
Je crois que ce qui me pèse le plus, ces derniers temps, et c'est en relation avec le problème de garde, c'est le fait que je sois obligée de mettre ma vie de femme entre parenthèses. Non, je ne parle pas forcément de vie sexuelle, mais de vie de femme trentenaire célibataire : je n'ai ni le temps, ni la place, de sortir régulièrement, seule, avec des copines. Ou il faut que je prévois ça des semaines à l'avance. (Pour l'improvisation, il faudra repasser dans une grosse dizaine d'années). Du coup, c'est vrai qu'aller rencontrer de nouvelles têtes et éventuellement un monsieur bien sous tout rapport, ça relève vraiment du coup de chance. Non, parce que vous avez déjà essayé de séduire quelqu'un avec une petite fille de quatre ans qui est constamment avec vous, qui vous pose une moyenne de 133,5 questions à la minute et qui vous réclame de gros câlins au moment où vous essayez de la jouer "regard de velours" ? C'est mission impossible. Alors, je profite à 200% des quelques rares moments où je n'ai pas ma fille pour me ré approprier ma vie de femme... mais je dois reconnaître que les effets ne sont pas très concluants.
Mais, ce statut de maman célibataire a aussi des avantages. Et le meilleur atout de ce statut reste la relation privilégiée que je construis jour après jour avec ma fille : du fait qu'on vive tout, toutes les deux, ensemble, les liens sont forts. Je partage toutes ces joies de petite fille (youpi ! on va se baigner !) comme ses grands malheurs (je ne retrouve pas mon doudou !). Et de la même façon, elle partage mes bons moments et j'essaie de lui épargner les mauvais. On traverse tout ensemble et, forcément, les liens qui nous unissent en sont forcément profonds.
En élevant seule ma fille, il y a un autre avantage indéniable : je ne me dispute avec personne à propos de son éducation. Lorsque je dis blanc pour quelque chose, personne ne va dire noir. MiniBri ne peut pas essayer d'entourlouper un de ses parents en disant : "Môman a dit que je peux" alors que j'avais exprimé mon désaccord. Du coup, j'évite les psychodrames familiaux quant à l'éducation des enfants. Et quand j'en vois certains qui se disputent à ce sujet, je savoure ma chance à chaque fois.
Du coup, c'est vrai aussi que je lui transmets une certaine notion de liberté et d'indépendance : si nous sommes quelque part et que nous avons envie d'y rester, on y reste; nul besoin de se presser de rentrer pour préparer le repas / faire le ménage / retrouver quelqu'un. En période de vacances, on se laisse vivre au gré de nos envies sans avoir à nous inquiéter d'une tierce personne. On fait ce dont on a envie, ensemble, à notre rythme.
Et puis, par la force des choses, on se découvre des ressources inespérées. Alors qu'on a toujours été une traumatisée des araignées, on garde notre calme olympien quand notre enfant hurle parce qu'il a vu un énorme truc à huit pattes. On le rassure, on écrase férocement la bête avec le sourire... et on court s'enfermer dans les toilettes pour hurler notre traumatisme... parce que là, l'araignée était vraiment énorme. Mais bon, pour ne pas affoler encore plus notre descendance, on s'est gardé d'hurler à la mort. Si la même scène s'était produite sans votre enfant à proximité, on aurait pu vous confondre avec la sirène des pompiers. Mais bon, là, on vient de se découvrir une once de sang froid devant un truc velu à huit pattes. Inespéré.
Alors, c'est un peu tout ça, et plus encore, être maman célibataire; des inconvénients, certes, mais qui sont largement contrebalancés par la qualité des avantages. L'idéal aurait certes été que ma fille garde ses deux parents amoureux et unis, mais je crois que nous nous épanouissons assez bien dans notre famille monoparentale.
Et quand on me demande "mais comment fais-tu pour t'en sortir ?", je n'ai pas de réponse. Je fais. Quand on est au pied du mur et que cela concerne son enfant, je crois qu'on ne réfléchit pas trop : on agit. On trouve toujours les ressources nécessaires pour lui. Et puis, de toute façon, quand on n'a pas d'autre choix que celui de se débrouiller seule, on y arrive, tant bien que mal.... mais on y arrive, pour ses enfants...




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