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La dictature de l’immédiateté. « Je peux pas, j’ai grippe-party »

Publié le 22 juillet 2009 par Mcabon

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Grippe-party chez les cochons.

Grippe-party chez les cochons. "Jusqu'ici tout va bien"

Vous avez entendu parler des grippes parties, ces endroits très branchés où l’on vient attraper la grippe parce que « aujourd’hui elle n’est pas très virulente. Si je l’attrape, je serai immunisé quand à l’automne plus intense et plus mortelle elle sera » ? Et bien elles n’ont jamais existé. Un article d’Arrêts sur Images (ASI) revient sur l’intox, la contamination devrait-on dire, de cette histoire. (Si vous n’êtes pas abonné à ce site, à partir de 15 euros par an, vous pouvez me demander un accès provisoire à cet article à l’adresse suivante [email protected], ce qui vous permettra de découvrir les contenus instructifs d’ASI). Parler du virus H1N1, la grippe, à une fête, party, ne la transforme pas en grippe-party. Ou alors il faut tout de suite arrêter les blagues graveleuses, sexuelles donc, au dépôt-vente, échange, de l’école…

Ce n’est pas la première fois que des erreurs sont commises dans le monde de l’information, mais nul n’est à l’abri, qui aime de temps à autre parler de ce qui n’existe pas. Cela remplace avantageusement les feuilletons publiés naguère avec des rebondissements à l’envi et une longue durée.

Intoxication à la vitesse de la lumière

Au-delà de la dynamique moutonnière des médias qui s’auto-citent en permanence, « Machin a écrit une brève comme quoi Bidule avait écrit un article sur le reportage de Machin », et dont il est difficile de s’extraire. Au-delà aussi de confirmer ce que l’on a maintes fois annoncé, « la pandémie arrive »*, cette histoire, comme d’autres, pose question : celle de la vitesse de la contamination.

Les nouveaux outils de communication qui sont à notre disposition, Twitter, Facebook, messagerie instantanée évoluée, la démocratisation des moyens de publication d’écrits, de vidéos, ont transcendé la réactivité pour n’en faire que l’ancêtre de l’instantanéité. Et ce d’autant plus qu’ils dématérialisent une grande partie des rapports humains. Et ces propos ne sont pas ceux d’un technophobe. Si je ne suis pas un geek, j’ai des amis ;), je suis de la plupart de ces réseaux et parfois même de ces réseaux à zozos.

C’est sympa l’instant, frais, il en faut des instants pour en faire des moments, des moments pour faire des périodes. Mais une suite d’instants n’a jamais fait une existence.

« Un instant s’il vous plaît »

A force de se focaliser sur la forme plus que sur le fond, on parle plus de Twitter que des velléités démocratiques d’une partie des iraniens. « Peu importe le média pourvu que l’on ait la vitesse ». Bien sûr, l’information est parfois l’instant. L’accélération de Contador dans une étape de montagne, l’allégresse d’un résultat positif, le premier pas de l’homme sur la lune… Mais elle ne saurait se constituer uniquement d’instants, avec leur aspect déformant. Déjà que bien souvent l’Homme considère la période qu’il vit, aujourd’hui, comme étant la plus importante, la plus cruciale, la plus, la moins, exceptionnelle quoi, exceptionnelle comme lui. Or, bien souvent, la connaissance de l’histoire permet de relativiser le poids de l’instant présent. Notre vie n’est pas constituée d’une suite de moments historiques dans une vie vouée à l’être. On méditera un instant cette sentence de Milan Kundera dans Le livre du rire et de l’oubli : « tout sera oublié et rien ne sera réparé ».

  • Note. Cela fait presque 15 ans, ma mémoire précise ne vas au-delà sur cette question, que nous est seriné, l’idée d’une pandémie mondiale. Cela a commencé par la vache folle, continué avec d’autres virus, on a beaucoup parlé du virus du Nil pendant un moment, de la grippe aviaire, puis cela continue en ce moment avec la grippe A. « La question n’est pas de savoir si cela arrivera, mais quand cela arrivera », est la phrase la plus citée. Elle constitue en soi-même une vérité absolue potentielle, tout peut toujours arriver, et joue sur le réflexe de la peur pour gagner en importance. Je ne sais pas si la grippe A va être super-terrible, tuer beaucoup de personnes, ralentir l’activité économique mondiale. Je n’en sais rien. Nul ne le souhaite pour les victimes. La seule question qui importe est que ferons-nous pour en diminuer l’impact.


Cadeau bonus.

Et puisque nous venons de parler de pensée, en voici une du couple de philosophes kantiens, Pascal Obispo et Natasha StPier, « et si on devait mourir demain après une grippe-party ? »


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