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Temoignage Agressee par mon frere

Publié le 26 juillet 2009 par Raymond Viger

Témoignage

Agressée par mon frère

Amélie Drobey-Robert       DOSSIER REFLET DE SOCIETE

Toute petite, tu es arrivé dans ma vie en étant un grand frère. Fils de mon beau-père alcoolique, tu étais tout à mes yeux. Le temps passé avec toi, quand tu me gardais, étais précieux. Tu étais un ami et un confident. Le seul ami que j’avais dans ce temps-là, le seul en qui j’avais totalement confiance. Mais tu m’as trop manipulée. Moi, je t’aurais donné la lune, avec mon coeur de p’tite fille.

L’inexistence

C’est dur à comprendre, mais je ne me souviens plus de la première fois où tu m’as utilisée. Je ne peux te dire ce que tu m’as fait pendant les deux ans où tu as joui de mon corps d’enfant. Quand je te disais non, tu m’ignorais, tu pensais seulement à ton plaisir. Sans défense, je ne pouvais rien contre toi. Je ne sentais plus rien à ton touché, je n’entendais rien de ce que tu me disais et je ne pensais plus en ta présence. Je n’existais plus pendant les cinq, quinze minutes ou peut-être même l’heure qui suivait. Je sais que tu ne voyais pas le chagrin qu’il y avait au fond de moi. J’aimerais tout oublier, mais la cicatrice est toujours là.

La souffrance

La douleur des nuits remplies de cauchemars, je m’étouffe dans mes draps pour ne plus en souffrir. Mon âme existe encore, mais mon coeur est incapable d’y survivre. Offrir son coeur à quelqu’un est précieux, mais le forcer est impensable, intenable, épouvantable… Penser que je t’ai laissé une partie de mon coeur en toute confiance, que j’ai pu me laisser faire, que j’ai pu étouffer mes cris me fait mal. Mais quand je te regardais faire, mon âme, elle, rêvait d’être ailleurs, de se perdre dans la mort. Qu’est-ce que j’avais fait de mal? Pendant le temps que tu profitais de moi, tu m’as massacrée!

Je pourrais passer ma vie à subir la torture des souvenirs, des traces que tu as laissées. Je pourrais passer ma vie à chercher pourquoi tu m’as choisie. Ma colère envers toi, le regret de mon enfance blessée, la honte d’avoir été  impuissante,tout ça me détruit. Comment pourrais-je accepter? Comment pourrais-je seulement te pardonner? Pour l’instant, j’en suis incapable. Mais je me suis pardonnée pour retrouver ma paix intérieure. Ce n’était pas de ma faute, je ne t’ai rien demandé. Je ne suis plus une victime et je m’accroche à la vie.

Désormais je peux vivre, tu es rendu loin de moi, loin de mon âme. Jamais plus personne ne m’atteindra!

Reflet de Société, Vol. 18, No. 3, Juin/Juillet 2009, p. 10

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