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Un nouveau type de tourisme

Publié le 04 octobre 2007 par Moraarnaud

Drôle de news. Mais moi qui aime manger de la viande, je pense que c'est une très bonne nouvelle. Je sens que je vais m'attirer les foudres de certains, mais que voulez-vous on ne se refait pas. En tout cas vive la france qui remet à l'ordre du jour la biodiversité.

Après l'ours et le loup, bientôt le retour du bison dans les montagnes françaises ? Une expérience de réintroduction menée depuis deux ans dans l'arrière-pays de Grasse témoigne des bouleversements opérés sur l'écosystème par l'imposant ruminant qui a redonné vie à son environnement.

Sol sec, plantes pailleuses, herbes cassantes: sur le plateau du Haut-Thorenc, à plus de mille mètres d'altitude, l'ardeur de l'été a laissé la nature exsangue, comme dans tout le sud-est de la France.

Le millier d'hectares de forêts et de prairies du domaine de Patrice Longour n'échappe pas au constat... sauf dans les espaces où Ponidur fait paître sa tonne nonchalante aux côtés d'une vingtaine de ses congénères: des bisons d'Europe arrivés de Pologne à l'été 2005 pour une expérience scientifique hors du commun.

A la différence des bisons accueillis dans les réserves animalières ou élevages français, le troupeau de Thorenc est le premier à s'ébattre librement dans un vaste espace naturel où il cohabite avec la faune locale des cerfs, chevreuils, sangliers, chamois, renards ainsi qu'avec des chevaux sauvages de Przewalski, et, régulièrement, des promeneurs en visite sur le domaine.

"Il en fut ainsi durant des siècles dans les forêts françaises et européennes avant que la quasi-totalité des bisons ne disparaissent au Moyen-Age, victimes de la déforestation", explique Patrice Longour, vétérinaire spécialiste de faune sauvage qui a bataillé durant dix ans, entouré d'un groupe de passionnés, pour faire aboutir ce projet.

Les transformations de la nature, deux ans après l'arrivée de ses protégés, n'en finissent pas de le stupéfier: les terrains travaillés par le troupeau comptent désormais entre 30 et 40 espèces végétales au m2 contre cinq à sept auparavant; les tapis d'aiguilles de pin qui étouffaient la floraison ont disparu, digérés dans un nouvel humus, plus riche, moins sec où s'épanouissent des herbes souples -trèfles, graminées, plantains, légumineuses.

"J'ai une équipe de jardiniers sans pareil: les sangliers fouissent la terre où les bisons déposent leur bouse pleine de graines prêtes à germer dans un substrat particulièrement riche. On parle de biodiversité, je la pratique !", décrit Patrice Longour.

Dans les bois les plus denses, le rouleau compresseur des bisons élague les branches basses, se régale des arbustes colonisateurs, crée des "igloos végétaux" où se réfugient les animaux- "notamment les cervidés".

"Grâce au bison, la trilogie du feu des forêts méditerranéennes vole en éclats: plus de sol sec pour s'enflammer en un clin d'oeil, plus d'arbustes pour alimenter le feu, plus de branches basses pour le transporter dans les arbres".

Une efficacité sans commune mesure avec l'entretien des forêts assuré par les bovins domestiques, estime le vétérinaire: "c'est comme si vous compariez le comportement d'un australopithèque avec celui d'un citadin lâché dans la nature !"

Quelque 3.000 bisons d'Europe sont actuellement recensés dans le monde, alors qu'"il faudrait rapidement arriver à 5.000 individus pour sauver l'espèce", selon Patrice Longour.

Il se prend à rêver: "la France pourrait participer à ce sauvetage tout en offrant aux régions faiblement peuplées de nouvelles perspectives d'aménagement du territoire basées sur le tourisme animalier, la recherche scientifique et l'entretien des espaces naturels".


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