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Contes de l'ordi sacré : Gudule au centre de la terre 1

Publié le 01 août 2009 par Porky

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EPISODE 1 : Où  l'on plonge directement dans l'action sans  passer par la description préalable. (Trop fatigant).

Le lecteur avisé, passionné et ravi de voir réapparaître sur son écran son feuilleton favori, se souvient certainement qu'au terme du conte précédent, Gudule et le Servile Séide avaient été précipités au centre de la terre par un Caribou Maudit assez facétieux. Adonc la descente ne causa aucun problème vu qu'elle fut sans escale ; là où les ennuis commencèrent, ce fut à la réception.

Pendant cette interminable chute, Gudule avait eu le temps de réfléchir et au moyen de remédier à cette situation inattendue et très inconfortable. « Dès que nous atterrissons, nous nous rendons chez le Caribou Maléfique, je calomnie le Caribou Maudit, je persuade la majesté souterraine de nous aider, je reviens sur la terre et j'extermine tout le monde. » Programme séduisant qu'elle estimait être absolument réalisable et ce du début à la fin. Elle se laissa donc tomber avec toute la grâce et la légèreté dont elle était capable (et ça n'allait pas chercher loin) tandis que le Servile Séide, évanoui, chutait comme une pierre.

La providence veillait sur le destin de l'horrible sorcière : au lieu de s'éclater comme une figue trop mûre sur des rochers pointus, elle s'enfonça jusqu'au menton dans un énorme tas d'excréments. Matelas certes peu ragoûtant mais bien pratique en ces circonstances. Le Servile Séide n'eut pas cette chance. Il rencontra, lors de son atterrissage, un sommier rocheux qui ne lui fit pas de cadeau : il expira d'un coup en se fracassant tête, buste, bras et jambes.

Lorsque Gudule émergea de son tas malodorant, crottée jusqu'aux sourcils, elle fut bien marrie en découvrant le cadavre de celui sur lequel elle espérait bien s'essuyer d'abord et passer ses nerfs ensuite. « Et merde, merde, merde ! gronda-t-elle. Il est clamsé, ce crétin ! Il va m'obliger à psalmodier une formule magique et la chute m'a un peu fait mélanger les incantations. Tant pis, essayons ! »

Alors qu'elle fermait les yeux pour mieux se concentrer, elle entendit s'élever une voix bizarre ; en fait, le terme « voix » convient assez mal pour décrire le son qui ressemblait à un feulement mâtiné de couinement et de dernier soupir poussé par un agonisant. Dérangée, Gudule poussa un grognement d'énervement. La « voix » se tut. Puis le bruit recommença, légèrement, mais vraiment très légèrement plus fort. « Mais qui se permet donc de troubler ma concentration ? » cria Gudule. Sa voix résonna dans les entrailles de la terre. Le glapissement cessa tout aussitôt pour être remplacé par le son d'une guitare qu'on écorchait vive. « Ils ont des goûts musicaux à chier, ici », pensa Gudule et elle se pencha sur le Servile Séide, étendit sa main sur lui. « Lève-toi et marche, tas de graisse ! » lança-t-elle après avoir psalmodié un truc qui lui était tout à coup revenu en mémoire.

Evidemment, cela n'allait pas marcher, elle en était sûre. Mais, à sa grande surprise, le Servile Séide releva la tête et regarda autour de lui d'un air surpris. « Eh bien voilà, je m'améliore, dit Gudule. Ouste, debout, fainéant. On a du chemin à faire pour trouver le palais du Caribou Maléfique. » « Je veux bien, ma douce, fit le Servile Séide. Mais tous mes os sont brisés. Si tu les recollais, ce serait plus facile pour moi de me mouvoir. »

Donc, l'incantation n'avait fonctionné qu'à moitié. Gudule se gratta le menton. C'était bien beau d'avoir ressuscité cet abruti mais s'il fallait le porter sur ses épaules, sa tâche n'en serait pas simplifiée. « Tu n'aurais pas pu faire attention, crétin déglingué ! cria-t-elle soudain. Si tu avais atterri correctement, comme moi, je n'aurais pas à faire tout ce boulot ! » « J'étais évanoui », plaida le Servile Séide mais c'était une mauvaise excuse et Gudule le lui fit savoir en lui filant un bon coup de pied dans une rotule déboîtée.

« Eh là ! lança tout à coup une voix courroucée. Tu t'es trompée de porte, débile ! Ici, ce n'est pas l'enfer, c'est le centre de la terre. Pour torturer les damnés, c'est le royaume d'à côté ! » « Mais je ne veux pas aller en enfer, rétorqua Gudule sans même chercher à savoir d'où venait et à qui appartenait cette voix. Et je ne torture personne. Je réconforte mon ami blessé. » « Tu parles ! rétorqua la voix, goguenarde. Vu la façon dont tu le traites ! Tu ne serais pas par hasard Gudule la Nulle ? » « Je suis Gudule, effectivement, dit la sorcière en relevant fièrement la tête. Mais le terme nulle ne s'applique pas à moi. » « Bien sûr que si ! D'ailleurs, il n'y a qu'à voir comment tu psalmodies ! Une rumeur annonçait ta venue. Ce n'est pas une erreur, on dirait. C'est bien toi qu'on a vu passer à travers les différentes strates !  Malheur à nous ! »

Gudule, que l'ironie qui vibrait dans cette voix indisposait, tourna la tête de tous côtés, cherchant à voir à qui appartenait l'organe qui produisait de si méchantes affirmations. Elle en fut pour ses frais. « Montre-toi donc, dit-elle. Que je voie à qui j'ai affaire. »

(A qui appartient cette voix ? Est-elle une amie ou une ennemie ? Le feulement/gémissement/râle entendu précédemment, qu'est-ce donc ? Et le Servile Séide va-t-il retrouver l'usage de ses membres ? On bronze gentiment en attendant la suite.)


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