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La confusion des hémisphères ou les petites compromissions

Publié le 03 août 2009 par Vogelsong @Vogelsong

Sectaires et fermés. Qualificatifs récurrents adressés à ceux qui ne participent ou n’approuvent pas les projets gouvernementaux, quel que soit le domaine. Le temps fait son œuvre, les plus rétifs rentrent dans le rang. Conscients que l’UMP est là pour un moment, conscients que trois années de mainmise totale n’ont entamé en rien la crédibilité d’un président qui avait tout pour lasser. On s’y résout, s’y adonne, prétexte à l’appui pour en croquer ou même, servir la gamelle.

RoseDesVents
Une démocratie apaisée nécessite de la part de toutes ses parties, un respect de règles tacites. L’empoignade idéologique sur des sujets de société fondamentaux impose l’acceptation par la majorité d’un rôle réel dans le processus de décision.
F. Mitterrand lors de sa réélection avait largement pioché dans la société civile pour composer un gouvernement de “rassemblement national”. À ceux qui critiquent N. Sarkozy pour sa politique de débauchage, les éditorialistes vautrés ou les politologues de salons ont beau jeu de rappeler que le seul président de la République de gauche fit de même. Mais, mis à part un goût immodéré pour les vestales, il n’y a rien de commun entre F. Mitterrand et N. Sarkozy. Rien.
La stratégie du régime consiste à garder le pouvoir par dislocation idéologique. Semer la zizanie dans un espace politique, déjà en décomposition avancée, s’adresser à des bêtes blessées, grabataires ou malades, les recruter pour en faire des émissaires, des porteurs de fanions ne constitue pas l’ouverture dans une démocratie apaisée. Seulement une manière crasse de gérer la cité dans la perspective unique de rester aux commandes, de profiter des affaires.

Chantre de la deuxième gauche, M. Rocard s’est porté volontaire au nom de “l’intérêt du pays” pour servir de héraut à la politique anxiogène du régime. Le président du pouvoir d’achat, pour annoncer des impôts supplémentaires (en l’occurrence une taxe dite écologique) désigne, non pas son sinistre et oisif chef de gouvernement, mais un birbe dignitaire de la gauche. Le “never been” M. Rocard ne peut ignorer que cette taxe va entrer dans le dispositif général de la politique économique du gouvernement. La miraculeuse loi TEPA, le suivi des chômeurs par des opérateurs privés, la casse de l’éducation nationale ne peuvent être dissociés d’une prérogative annoncée comme ponctuelle, même au nom de l’écologie. C. Lagarde rassure tout le monde en déclarant benoite sur les ondes d’une radio publique que cet impôt sera compensé par une baisse équivalente d’autres prélèvements. Une approche globale donc.
Vendre sa minuscule notoriété pour servir l’opposition dans des projets écologiques discutables est une chose, d’autres, en authentiques cyniques foulent au pied les valeurs, les convictions, les aspirations pour sous-traiter le siphonnage électoral de l’extrême droite. Il y a avait un homme pour cela. Capable d’allier avec autant d’abnégation le mensonge, la froideur avec une antipathie naturelle qui confine au destin unique. Celui de l’ordure. Un seul, peut être. Et N. Sarkozy le déniche.
Ratisser l’ivraie chez l’adversaire pour lui faire faire les basses œuvres est malin, mais pas digne de la démocratie apaisée que la communication gouvernementale évoque à longueur de dépêches.

Dans une logique diamétralement opposée, quelques figures du gouvernement issues de l’UMP font office de gracieux partenaires. N. Kosciusko-Morizet est de ceux-là. Gracile, diaphane, elle serait appréciée, dit-on, pour sa connaissance des dossiers. Experte en écologie, elle pense, par exemple, que la croissance économique infinie n’est pas incompatible avec le respect de la planète. Courbes spéculatives de cloches à l’appui. Elle fit une campagne hardie pour le productiviste président N. Sarkozy. Finalement, récompensée par une pluie de nomination tant à l’UMP qu’au gouvernement. C’est pourtant en vierge sylvestre qu’elle débarque à l’économie numérique. Elle réussit même à passer pour fréquentable auprès des écœurés du sarkozysme. Dans son sillage une ribambelle de “geeks” fascinés qui pensent ou veulent penser qu’ils en mordront. La galerie de portraits du sarkozysme fait oublier les plus élémentaires des vérités. N. Kosciusko-Morizet partage solidairement, comme membre du gouvernement, les décisions concernant la politique d’immigration, les réformes économiques ou l’embastillement des internautes. Elle fait banc commun, cause commune, avec M. Alliot-Marie, E. Besson ou B. Hortefeux. Elle reçoit ses subsides par la voie hiérarchique. Quand F. Lefebvre s’exprime au nom du gouvernement, il y inclut inévitablement la sympathique maire de Longjumeau. Et le président déclare probablement qu’”elle fait un travail remarquable”.

Grosses ficelles, plus que génie politique, on use et abuse de subterfuges. La médiasphère se regarde regarder ces pitoyables comportements sans y apporter le moindre éclairage. Il y a assez de gens de talent à droite pour faire un gouvernement complet. Faire croire en des “tasks forces” réunissant les “bonnes volontés” pour trouver des solutions consensuelles dans l’univers étriqué du sarkozysme est une fable. Tout est pouvoir. Le conquérir, le garder. Les petites compromissions comme les mascarades nombrilistes ne servent en rien la démocratie. Quoi qu’en pensent les serviteurs zélés et les opportunistes de ce régime plébiscitaire.

Vogelsong – 31 juillet 2009 – Paris


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