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Soigner sa tenue pour tenir sa classe

Publié le 03 août 2009 par Soseducation

De toute ma scolarité, je ne me suis jamais senti aussi mal que pour M. Perrichon, mon professeur principal de troisième.

Il se démenait pour être toujours présent, motivé, disponible. Pas une semaine ne passait sans qu’il ne nous réunisse pour « faire le point ».

Mais pendant le cours, c’était toujours la même ambiance désolante : boulettes de papier, bavardages, tricheries, quand ce n’était pas de cruels sarcasmes échangés entre élèves, et chuchotés à voix basse contre ce professeur pourtant si dévoué.

C’est que son survêtement usé, troué, souvent douteux, ses auréoles de sueur sous les aisselles, et ses éternelles baskets, constituaient pour les trente garnements que nous étions, un motif inépuisable de railleries et de dissipation.

C’était d’autant plus injuste que d’autres professeurs, pas forcément plus consciencieux par ailleurs, s’attiraient le respect des élèves par leur tenue stricte, qui nous en imposait.

A quatre semaines de la rentrée scolaire, des milliers de professeurs réfléchissent déjà à leur tenue vestimentaire. Ils savent en effet que, dès leur entrée en classe, ils seront scrutés par trente paires d’yeux impitoyables, et que le moindre faux pas pourra alors leur être fatal.

Pour aider les nouveaux venus à bien commencer l’année, voici quelques conseils tirés de l’expérience :

- Par principe, le professeur a intérêt à porter des vêtements le plaçant « un cran au-dessus » de ses élèves. Cela lui permet de se placer d’emblée en position de force, et d’autorité. Ainsi, dans un établissement où le T-shirt est de mise chez les élèves, le professeur aura intérêt à porter une chemise. Là où les élèves portent des chemises, il aura intérêt à porter un veston.

- Il est préférable de choisir des vêtements simples, et des couleurs neutres, afin que l’attention des élèves soit captée par le cours, et qu’ils ne soient pas distraits, même involontairement, par des détails inattendus de la tenue de leur professeur.

- Les chaussures un peu sonores sont pratiques, car elles permettent au professeur de faire des bruits de pas, sur l’estrade ou dans la salle de classe, ce qui impressionne toujours les élèves. Les baskets, dans cette optique, sont un handicap. (J’emprunte cette idée à Daniel Faivre, professeur de lettres en lycée, dans les colonnes de Marianne).

- Lorsque la matière enseignée le permet, le professeur a intérêt à porter la tenue consacrée : blouse blanche en sciences, bleu de travail en technologie, tenue sportive en EPS, même s’il n’y a pas d’utilité directe. En effet, cela fait partie du décorum, contribue à créer une ambiance de travail particulière, et crédibilise le professeur dans sa discipline.

- Pour les professeurs femmes, les hauts talons sont à éviter, en raison des risques de chute sur l’estrade.

- Il va sans dire que les garçons, à un âge où travaillent les hormones, seront ravis que leur professeur (femme) porte des mini-jupes suggestives, des décolletés plongeants, ou laissent apparaître leurs sous-vêtements. A chacune de juger si elle est prête à assumer les regards et les jeux auxquels les élèves ne manqueront pas de se livrer.

- Les vêtements doivent bien sûr toujours être propres. Inutile de souligner l’effet désastreux que peut avoir une simple tache, lorsque les élèves s’en aperçoivent. La même remarque est valable pour les accrocs, les auréoles de sueur, les boutons déboutonnés, et le cas particulièrement dévastateur de la braguette mal fermée…

- Dans le même ordre d’idée, une parfaite propreté corporelle est indispensable : cheveux propres et bien coupés, déodorant et parfums discrets, rasage quotidien pour les hommes, maquillage léger pour les femmes.

- Dernier point, particulièrement délicat : l’hygiène bucco-dentaire. Si le professeur n’est pas irréprochable sur ce plan, il y a fort à craindre que les élèves en fassent un vrai sujet de préoccupation.

Ce tour d’horizon ne serait pas complet si l’on n’abordait pas la question fort discutée de la cravate.

Bien entendu, cet attribut qui tend à disparaître même dans la plupart des entreprises, restera pour beaucoup de professeurs inenvisageable.

Cependant, sous-estimer les avantages de porter la cravate serait dommage. Des études sociologiques ont montré que celle-ci augmente de 30 % l’acceptation de l’autorité. Et pour ceux qui craignent le ridicule, n’oublions pas qu’à une époque pas si lointaine, les professeurs portaient la toge à l’université, et la redingote au lycée !

Chronique d’Isabelle Hannart


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