Magazine Journal intime

Les feuilles mortes…

Par Daniel Valdenaire

Les feuilles mortes se ramassent à la pelle…….. Le large trottoir du centre de mon village se couvrait aux premiers jours de l’automne d’une épaisse couche de feuilles mortes. Ces feuilles aux tons rouges et mordorés, finissaient leur vie en tournoyant, s’amassant jusqu’à faire un tapis à la merci des coups de vent de l’automne. Notre plaisir, sur le chemin de l’école était de traîner les pieds sous lesquels ces feuilles, sans résistance s’écrasaient en bruissant. Les jours passaient, les arbres peu à peu, laissaient leurs branches à nu. Le vent et la pluie s’occupaient du retour des feuilles à la terre. Certaines tentaient de s’échapper, mais le temps faisait son œuvre et l’hiver venu, elles avaient été absorbées par le rythme immuable de la nature. C‘était dans l’ordre des choses. Puis, une nouvelle époque est venue. Une architecture nouvelle des villes s’est imposée. Des lotissements se sont construits, dévorant l’espace, imposant un nouveau mode de vie, de nouvelles priorités. La vie de village s’est alors transformée en une vie citadine où les rythmes de la nature devinrent peu à peu des contraintes qu’il fallût modeler, adapter afin de correspondre au monde moderne. C’est ainsi que les cloches ne sonnèrent plus, mais firent du «  bruit «  que le coq devint l’ennemi à abattre. Des distances qui autrefois étaient compatibles avec la marche à pied devinrent des conditions si épouvantables qu’il fallût organiser des transports scolaires. Là où il y avait un garde-champêtre, il y a maintenant trois ou quatre employés » territoriaux «  et non pas des cantonniers ! Il faut ajouter à cela un ou deux policiers municipaux déguisés en robot-cop et parcourant le village dans une voiture flambant neuve sur laquelle est écrit en gros «  POLICE MUNICIPALE « . Parce que bien entendu même dans les villages, il n’est plus possible de se garer et il faut sévir. D’où la création d’un rond-point à l’entrée sud et d’un autre à la sortie nord et ceci afin de faciliter le trafic provoqué par la grande surface nord et celle du sud. Et mes feuilles, me direz-vous ? Mes belles feuilles mortes sont-elles aussi devenues une nuisance qu’il est vital de combattre ! Ces feuilles que l’instituteur nous faisaient dessiner ! Ces feuilles, ces ignobles feuilles bouchent les canalisations, s’infiltrent sous les portes, et même sont responsables de chutes ! Il faut donc lutter. Les communes ont dû créer un CDD ou un mi-temps ou je ne sais quelle formule pour mettre tous les matins de bonne heure dans les rues une personne, le casque sur les oreilles, qui à l’aide d’un appareil aussi bruyant qu’un 747 au décollage pousse les feuilles en plusieurs tas, qu’un autre employé territorial, dans un camion viendra charger pour les déverser dans une déchetterie qui entres  parenthèses à dû coûter, si j’en crois la feuille d’imposition au moins 1 million d’euros à la communauté. Les feuilles ont été interdites de retour vers cette terre qui les attendait  pour se régénérer.


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