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S. Thomas d'Aquin, Commentaire sur Jean 6 (6)

Publié le 07 août 2009 par Walterman
ILS LUI DIRENT DONC: "QUE FERONS-NOUS POUR £[TRAVAILLER AUX OEUVRES DE DIEU?" Sur cette question, sachons que les Juifs, instruits par la Loi, croyaient que rien n’est éternel, si ce n’est Dieu. Ainsi, lorsque le Seigneur eut dit que la nourriture spirituelle DEMEURE POUR LA VIE ETERNELLE, ils comprirent que cette nourriture est quelque chose de divin. Et voilà pourquoi, en interrogeant, ils mentionnent non pas la nourriture mais l’oeuvre de Dieu: QUE FERONS-NOUS POUR TRAVAILLER AUX OEUVRES DE DIEU? En cela, ils n’étaient pas loin de la vérité puisque la nourriture spirituelle n’est rien d’autre que de travailler aux oeuvres de Dieu — Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle?

JÉSUS RÉPONDIT ET LEUR DIT: "L’OEUVRE DE DIEU, C’EST QUE VOUS CROYIEZ EN CELUI QU’IL A ENVOYÉ."

Dans cette réponse du Seigneur, il faut avoir présent à l’esprit que l’Apôtre distingue la foi des oeuvres, en disant qu’Abraham n’a pas été justifié par les oeuvres mais par la foi. Qu’est-ce donc que le Seigneur affirme là, que la foi elle-même, c’est-à-dire croire, est l’oeuvre de Dieu?
A cela il y a deux réponses. L’une consiste à dire que l’Apôtre ne distingue pas la foi des oeuvres prises au sens absolu, mais des oeuvres extérieures. Certaines oeuvres en effet sont extérieures, celles que produisent les membres du corps, et parce qu’elles sont plus manifestes, elles sont communément appelées oeuvres. D’autres au contraire sont intérieures, celles qui s’exercent dans l’âme elle-même, qui ne sont connues que des sages et de ceux qui se recueillent en leur coeur. En un autre sens, on dit que croire peut être compté parmi les oeuvres extérieures, non que la foi soit les oeuvres elles-mêmes, mais au sens où elle en est le principe. C’est pour cela qu’il dit expressément: C’EST QUE VOUS GRO YIEZEN GEL UI QU’IL A ENVOYE. Ce n’est pas en effet la même chose de dire croire à Dieu — ainsi en effet je désigne l’objet —, croire Dieu parce qu’ainsi je désigne le témoin, et croire en Dieu parce qu’ainsi je désigne la fin; de sorte que Dieu se rapporte à la foi comme son objet, son témoin et sa fin, mais autrement ici ou là, parce que l’objet de la foi peut être une créature [comme créée] — je crois en effet que le ciel a été créé — et qu’une créature peut aussi être témoin de la foi — je crois en effet Paul ou n’importe lequel des saints — mais la fin de la foi ne peut être que Dieu: de fait, c’est vers Dieu seul que notre esprit peut être tourné comme vers sa fin. Or la fin, qui comme telle est bonne, est l’objet de l’amour: voilà pourquoi croire en Dieu comme à une fin est propre à la foi formée par la charité. Cette foi ainsi formée est principe de toutes les bonnes oeuvres et, dans cette mesure, le fait même de croire est appelé OEUVRE DE DIEU.
Mais si la foi est L’OEUVRE DE DIEU, comment les hommes accomplissent-ils les oeuvres de Dieu?
Cette difficulté est dénouée par Isaïe lorsqu’il dit: Toutes nos oeuvres, c'est toi qui les fais pour nous, Seigneur. En effet, le fait même que nous croyions et tout ce que nous accomplissons de bien nous vient de Dieu: Dieu lui-même est celui qui opère en vous le vouloir et son accomplissement. Et s’il dit explicitement que croire est l’oeuvre de Dieu, c’est pour manifester que la foi est un don de Dieu, comme il est dit dans l’épître aux Ephésiens.


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