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Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

Publié le 08 août 2009 par Nemotaku
Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

Pour ceux qui connaissent la signification du mot « onanisme », le titre de ce manga peut faire peur, très peur. Et pourtant oui, Onani Master Kurosawa commence par une histoire de branleur, au sens littéral et cru du terme. Kurosawa est le nom de notre héros et il exécute quotidiennement un rituel des plus étranges. Tous les soirs, après les cours, il reste dans la bibliothèque à lire en attendant patiemment que tous les autres élèves soient partis. Puis il rejoint les toilettes des filles, celles du 3ème où il n'y a jamais personne, et il se branle purement et sauvagement en fantasmant sur sa « victime » du jour. Tout en prenant le soin ensuite de nettoyer toute trace de son « forfait ». Évidement, tout ceci n'est pas sans risque, car si la branlette est par définition une activité solitaire, Kurosawa ne va pas tarder à faire des rencontres imprévues.

Kurosawa, Kitahara, Nagaoka & les autres.

Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

Imprévues, car Kurosawa est à l'image de son sport de prédilection : solitaire, un peu reclus, limite méprisant bref c'est quelqu'un de bien peu social. Pourtant il est sans cesse suivi par un drôle d'oiseau nommé Nagaoka, sorte de leader des otakus de sa classe, qui est amical avec plus ou moins tout le monde et s'accroche à Kurosawa même si celui ci ne lui rend pas grand chose en retour. Mais d'autres rencontres sont encore plus imprévues, pire redoutés.

Ainsi, un soir après avoir accompli son rituel, une des peurs de notre héros se réalise. Il a été surpris sortant des mauvaises toilettes par Kitahara, une fille timide , lui ressemblant un peu par son côté associable, et qui fait penser, selon Kurosawa , à un écureuil apeuré.

Toutefois Kurosawa ne tient pas vraiment compte des autres. Il rejette Nagaoka sans ménagement et se comporte avec lui de façon plutôt hypocrite. Sûr de sa supériorité, il raconte un bobard moyennement crédible à Kitahara pour se débarrasser du problème. Mais pour lui, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Kurosawa va passer dans la classe supérieure une fois les vacances terminées.

Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

Il reste alors égal à lui même : impatient de retrouver son rituel, peu soucieux d'autre chose que de la « qualité de sa matière première » (les filles de sa classe) et prêt à continuer sans passion ni rêve sa vie scolaire. Cette année sera pourtant loin d'être ennuyeuse , notamment puisqu'il retrouvera Kitahara dans sa classe.

Kitahara est la tête de turc des filles de sa classe, son apparence et son attitude semblent même faire penser qu'elle l'a été toute sa vie. On le sait, le harcèlement scolaire (ijime) prend des proportions importantes au Japon. Mais ce qui frappe chez Kitahara, c'est à la fois la continuité des attaques et son extrême niveau de résistance. Résistance qui consiste à supporter et au pire à plier. Intelligente et travailleuse, Kitahara est avant tout une boîte noire dont nul ne sait vraiment ce qu'il va sortir.

L'école de la vie

C'est d'ailleurs avec la véritable entrée en scène de ce personnage que le manga commence vraiment. Le rituel de Kurosawa ne devenant plus qu'un détail de l'histoire. Car ce que OMK raconte avant tout, ce sont les histoires de ses personnages principaux et , au second plan, de toute la classe de Kurosawa. En dire plus est tentant mais cela relèverait purement et simplement du spoiler et du véritable gâchis de la découverte et par conséquent, même si c'est un crève cœur, je m'abstiendrais donc.. Sachez cependant que la fin est courageuse et grandiose et que le scénario alterne avec une justesse de rythme qui impressionne les révélations et les moments plus introspectifs. Il faut d'ailleurs un certain temps pour voir où le scénariste veut nous emmener car même si Kurosawa reste le personnage principal, c'est lui que l'on suit et il est narrateur, OMK traite avant tout de l'adolescence, thème finalement peu traité en profondeur dans une production manga qui n'a pourtant que trop de héros adolescents.

Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

C'est là que se trouve le véritable fil rouge de l'histoire. Le rituel de Kurosawa n'est au final qu'un exemple des nombreux problèmes qui peuvent arriver lors de cette période de la vie. Et pour une fois , un manga a décidé que l'adolescent n'était pas juste un héros qui vit une période cool de sa vie mais un être humain traversé par un torrent d'interrogations et de réponses contradictoires et souvent fausses sur beaucoup de sujets et particulièrement sur ses liaisons avec les autres. C'est un véritable contre pied fait à la plupart des scénarios de la production manga qui parle beaucoup trop peu et trop rarement de ces aspects là de ses héros. Mais il est vrai que c'est un pari sacrément casse gueule si l'on veut que ça marche.

Là, le pari est toutefois relevé avec brio par OMK car le scénario arrive à la fois à trouver les bonnes questions (celles qu'on c'est tous plus ou moins posées) et à mettre en scène les mauvaises réponses (celles qu'on a tous plus ou moins trouvées). Les personnages prennent alors une profondeur impressionnante dans une histoire qui permet au scénariste et au mangaka de briller dans l'art pour le premier de la nuance et pour le second de la mise en scène. C'est d'ailleurs un autre point fort de OMK qui arrive à mettre en forme de façon originale son histoire. Si la mise en page est somme toute assez académique, elle n'en est pas moins réussie et est renforcée par le style originale du dessin, sorte de mélange entre un cahier de brouillon et un manga finalisé.

Pour l'amour de Dieu, lisez le !

Onani Master Kurosawa. Pour l'amour de Dieu, lisez ce manga !

OMK est un manga puissant, très puissant. C'est une œuvre unique, intelligente, originale et d'une justesse absolue en dehors de ses quelques tentatives d'humours rarement bien placés. C'est aussi et surtout une œuvre profondément vivante tout comme le sont ses personnages et , à ce point de la critique, autant vous l'avouer OMK m'a secoué comme rarement manga l'avait fait avant. Après lecture, il m'a bien fallu quelques heures pour me « remettre » de ce véritable coup de poing dans le ventre et je n'aurais pas assez de mot pour décrire combien j'adule ce manga.

Pourquoi ? Parce que tout y est quasiment parfait. Parce que ces personnages sont 1000 fois plus vivants que bon nombre d'autres héros. Les héros de OMK sont troublants de vérité tandis que l'histoire est aussi injuste et belle qu'est la vie et croyez moi ça ça change tout.

Et vous savez ce qui m'a vraiment foutu sur le cul ? Scénarisé par Ise Katsura et dessiné par Yoko, cet OMK qui fout une claque gigantesque à une bonne partie de la production actuelle est un manga amateur qui ne sera probablement jamais édité et qui, sans l'existence d'Internet, serait de façon quasi certaine tombé dans l'oubli. A ce niveau là, on peut presque parler de miracle.

Un chef d'oeuvre.

Onani Master Kurosawa est disponible en intégralité et en anglais ici : http://www.mangafox.com/manga/onani_master_kurosawa/


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