Magazine Cinéma

Un prophète

Par Pretatourner

<a hre

Ayant vu Un prophète au Festival de Cannes, en avant-première, je dois dire que j’ai trouvé ce film tout simplement superbe.

La performance des deux acteurs principaux, Tahar Rahim et Niels Arestrup, comme le traitement singulier de l’univers carcéral.

affiche un prophète

 Pour l’anecdote, je l’ai vu sous la recommandation du réalisateur marocain Mohamed Zineddine…étant pour ma part, corse et, cela va sans dire, fière de l’être.

Aussi, au-delà de certaines polémiques liées à des « on dit », je souhaite plutôt m’attacher aux interrogations réelles qui, de mon point de vue, sous-tendent le film.

Une vie est-elle possible après la peine carcérale ? La peine carcérale permet-elle une réinsertion et une « droite réinsertion » des anciens détenus dans le « corps social » comme cela devrait être son objectif républicain (Rousseau) ou perpétue-t-elle la propension aux actes délictueux par une scission entre le regard que renvoie la société sur le détenu et le vécu du prisonnier, esseulé (Foucault) ?

 Ce point là est présent tout au long du film. Malik, confronté à la violence de l’univers carcéral, finit par trouver sa liberté dans le développement de son propre réseau de délinquance. Ainsi, au-delà de toute appréciation morale, c’est bien la question de l’efficacité de la peine carcérale qui est, en filigrane, posée.

L’insularité et la perpétuation des valeurs d’un peuple peuvent-elles passer outre l’intégration d’autres cultures ? Telles semblent être les grandes interrogations de l’œuvre de Jacques Audiard. Si l’on peut bien sûr considérer qu’un amalgame entre « Mafia » et nationalisme corse est un raccourci pouvant induire une confusion du spectateur, il n’en est pas moins troublant que le film de Jacques Audiard pointe un fait incontestable : le dépeuplement d’une île, d’un peuple, et la crainte de la disparition de ses codes.

La scène qui évoque, en filigrane, cette disparition qui menace, est sans doute celle où l’on perçoit la solitude de César Luciani, l’ancien parrain respecté et craint de tous, rouler à terre un coup de pied au ventre. Aucune jeunesse pour le défendre. L’absence de descendance (filiale ou agrégée) est sa faiblesse.

Le film ne donne pas à voir une Corse raciste. Il donne à voir une Corse en manque de descendance. Il donne à penser sinon une transmission de valeurs, à tout le moins une substitution de mœurs. Et c’est là toute la force de son propos.

Un prophète


Retour à La Une de Logo Paperblog

Magazine