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"Le noeud gordien" de Jünger

Publié le 06 octobre 2007 par Vincent

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 Alors que tout le monde ne jure aujourd'hui que par Huntington et son fameux choc des civilisations, on serait bien inspiré de relire le livre d'Ernst Jünger Le noeud gordien - sans doute moins populaire qu'Huntington mais beaucoup plus accessible au lecteur lambda en dépit de son érudition historique et surtout plus profond. Attention, je ne dis pas qu'Huntington est sans intérêt (au contraire), seulement quitte à penser le rapport (conflictuel) entre l'Orient et l'Occident, autant s'adresser à la personne la plus profonde.

Jünger s'appuie sur la fameuse histoire du noeud gordien: l'empire du monde reviendrait à qui saurait le défaire selon une ancienne prophétie. Alexandre le Grand, au lieu de le défaire, le trancha (ce qui n'est pas tout à fait le même, vous en conviendrez) et réussit à franchir l'Indus (et aussi, ne l'oublions pas, à mêler le peuple grec et perse par des mariages - eux qui étaient les frères ennemis de deux guerres médiques).

Jünger part de cette histoire et met les pieds dans le plat en posant la question qui fâche: vu que l'histoire nous enseigne que l'Orient, c'est le despotisme, quelle est la vérité du despotisme ? Alors qu'aujourd'hui, certains veulent amener la démocratie au Proche-Orient, Jünger part du constat inverse qu'il y a une vérité (il ne dit pas un bien, attention) du despotisme tout comme il y a une vérité de l'individualité libre prônée par l'Occident. Les guerres orient/occident sont d'ailleurs la rencontre entre ces deux logiques. En Orient, la soumission au despote est aveugle mais si le despote meurt, l'armée est en déroute. L'Occident ne connaît pas une telle déroute si le chef meurt mais ses troupes n'ont pas la force effrayante et massive de milliers d'hommes complètement soumis. Deux pôles, deux logiques.

Un petit extrait pour vous donner envie de le lire:

"En Orient, l'histoire de la tour et du soldat qui s'en précipite sans hésiter sur l'ordre de son maître revient sans cesse: on l'emploie aussi pour illustrer la puissance des tsars. Et chaque Européen éprouvera ici le même sentiment que le Comte de Champagne: il se verra amené à un point où éclatera en lui le plus sincère, le plus violent des refus. les formes fondamentales dont il se croyait sûr, telles que courage et fidélité, obéissance, sacrifice, ordre et discipline, sont ici arrachées de leur place; l'horreur d'un monde étranger lui monte au coeur."  


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