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Adieu Yasmine…

Publié le 10 août 2009 par Boustoune

« Le comédien français Yasmine Belmadi est décédé des suites d’un accident de scooter »
.
La nouvelle est tombée samedi 18 juillet, quelques jours avant la sortie d’Adieu Gary, film de Nassim Amaouche dont il est l’un des acteurs principaux. On ne peut que déplorer cette mort prématurée, qui prive le cinéma français d’un de ses jeunes talents les plus doués.
Révélé par Sebastien Lifshitz dans le moyen-métrage Les corps ouverts, où il crevait l’écran dans le rôle complexe d’un jeune beur homosexuel en plein tourments existentiels, puis dans Les terres froides, du même auteur, Yasmine Belmadi a ensuite travaillé avec des cinéastes intéressants, tels Jean-Claude Guiguet, François Ozon, Gilles Marchand, Mahmoud Zemmouri ou Laetitia Masson, sachant mener sa carrière avec discrétion, mais beaucoup de discernement dans ses choix.
Adieu Gary - 2  Adieu Gary - 7     
Il l’a prouvé une dernière fois en acceptant de jouer dans Adieu Gary, première réalisation d’un jeune cinéaste, Nassim Amaouche. Un premier film, certes, mais ambitieux et doté d’un ton assez original et d’un message social fort.
Yasmine Belmadi y incarne Samir, un jeune homme sortant de prison et revenant auprès de sa famille, dans un village d’Ardèche sinistré depuis la fermeture de l’usine. Son père, Francis - joué par un Jean-Pierre Bacri égal à lui-même, donc excellent – faisait d’ailleurs partie de la « charrette » de licenciements, mais il a décidé de rester par fierté et par attachement au village, et il continue d’entretenir religieusement une machine qu’il a récupérée, sur laquelle il a travaillé toute sa vie. Et son jeune frère Icham (Mhamed Arezki) est employé comme magasinier dans un supermarché. Un boulot mal payé et souvent dégradant, mais une des rares opportunités d’emploi dans ce village touché de plein fouet par le chômage. Alors, Icham subit et prend son mal en patience, espérant un jour pouvoir rejoindre le « bled », lieu idéalisé où il n’a jamais mis les pieds, mais où pense-t-il, la vie ne peut pas être pire que dans ce coin paumé au fin fond de la France. Samir, qui n’a que peu ou pas d’expérience professionnelle et présente le handicap de sortir de prison, n’a guère d’autre option que de rejoindre son frère au supermarché, mais il n’aura peut-être pas sa persévérance…
Ces trois personnages permettent au cinéaste de confronter des conceptions différentes du monde du travail. Le père représente la fierté ouvrière et une morale aujourd’hui jugée désuète. Peu importaient les bas salaires et les conditions de travail rigoureuses. L’essentiel était l’amour du travail bien fait et la cohésion du groupe, du collectif. Une sorte d’utopie qui a volé en éclats lors de la fermeture du seul site apte à garantir la vie économique de la zone. Icham a un peu repris le flambeau, la passion et le sens du collectif en moins, rêvant encore sans trop y croire d’un ailleurs plus prospère. Samir, lui, semble résigné. Pour lui, la région est définitivement sinistrée et les métiers ouvriers ne seront jamais mieux considérés que comme une forme moderne d’esclavage. Il est définitivement individualiste et sait qu’il doit partir pour construire véritablement sa vie… Sans jamais prendre parti pour l’un ou l’autre des personnages, Nassim Amaouche aborde des questions passionnantes, fait se télescoper les points de vue, et invite au débat.

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