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Strophes

Publié le 14 août 2009 par Menear
1
L'intérieur du bureau saturé de cartons de déménagement : comme si mon départ prochain dernière semaine d'août vidait via mon regard tous les corps et objets entreposés ici depuis dix mois. Ils m'ont proposés un nouveau contrat indéterminé, ce qui signifie pour moi interminable ou ininterrompu et une partie de moi-même aurait souhaité signer ce contrat mental de suite, sans prendre la peine de le lire, simplement en tournant les pages et paraphant les coins, puis l'espace blanc centré dernière page, une dernière signature, n'en parlons plus. Je serais (aurais été) tranquille et n'aurais plus eu à y penser. Mais le I de CDI, c'est une syllabe en trop. Je préfère encore voir le sol jonché de boites et mettre toutes mes heures, sueurs froides et courbatures avec eux, je les emporterai ou non, ce n'est pas mon problème, mais toutes ces choses seront au moins enfermées sous carton sec et scotch gras, tout ce que je demande actuellement.
2
Depuis le fond du train, chaque arrêt marqué par le hurlement difforme d'une voix (sans doute Guillemette, peut-être une autre), elle annonce les stations, les directs, les terminus. La sortie son de cette voiture est endommagée, les enceintes saturent et crachent des syllabes automatiques, vaguement inaudibles. C'est dans un train fantôme que je me suis assis. A chaque arrêt puis ouverture de portes, un squelette sans âme aux articulations poussiéreuses saute de sous mon siège pour me hurler où je me trouve, d'où je viens et où je vais. Ensuite le train repart et le squelette s'enterre à nouveau.
3
Pop-up sur mon écran d'ordinateur, une nouvelle fenêtre de chat recouvre mes autres fichiers empilés les uns sur les autres. Le client qui demande ma lecture et mon attention porte un nom qui s'affiche sur la partie droite de l'écran (colonne) et ce nom là c'est le mien. Je reste un moment face à moi-même, me retenant de me (lui ?) demander si ses articulations (genoux, chevilles, poignets, alternativement et dans tous les sens) le lancent autant que moi-même ce jour et si, plus généralement, cela lui plaît d'être moi, lui, nous et de le rester. Peut-être pourrions nous nous rencontrer, éviter de nous frôler l'un l'autre (ne pas risquer de s'annuler mutuellement), nous dire deux mots et repartir chacun dans le prolongement de nos trajectoires respectives, peut-être en prenant le risque de nous les mélanger et de ne plus jamais pouvoir, par la suite, revenir sur nos pas.
4
Je n'écris plus de brèves à proprement parler depuis janvier je crois. Je trace plutôt des paragraphes à présent mais je ne saurais expliquer pourquoi.

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