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… dragueur de supérette, dragueur d’opérette !

Publié le 17 août 2009 par Magadit

machoLui c’est un dragueur à l’étalage, elle, une victime consentante du rayon surgelé. Leur idylle ne vaut pas un caddie et ils le savent tous les deux. Elle vivra au mieux le temps de leur liste de course et prendra fin sur le tapis de la caissière, entre la carte Monop’ et la carte bleue. En Cash. Pas de crédit pour les bandits.

Il commencera par reluquer le fond de son caddie et la forme de sa carosserie. Pas de yaourts pour enfants, pas de couches, une seule brosse a dents. L’affaire semble intéressante. Du bio ? Banco. Elle lui rendra la pareille l’air de tout l’air de rien. Pas de Tampax, point d’O.b. ? Donc pas de femelle à domicile à contenter. Quelques légumes ? Un homme doit savoir un minimum cuisiner. De la lessive, de la crème a récurrer ? Ouf, un homme émancipé…

Ils se tourneront autour, elle fera inopinément un détour par le rayon rasoirs, lui par le rayon beauté. « Encore vous ? » Quel heureux hasard … Encore un ou deux rayons. La conversation est engagée. Pas de nom, pas de CV. A peine une allusion à la hausse des prix, à la baisse du pouvoir d’achat. Il insistera sur les premiers prix. Non pas par économie mais juste pour le plaisir de la voir se pencher.

Elle battra des cils, rejouera la grande scène de la damoiselle en détresse, sur la pointe des pieds, tee-shirt relevé. « Dieu que ces conserves sont difficiles à attraper ». Princier, il volera a son secours, se frottera légèrement mais ne réclamera point de baiser.

Le manège ne fait que commencer.

Elle s’apitoiera sur la difficulté de choisir des saucisses sèches bien dures, il soupirera sur la douceur des pêches, la taille des melons qui dira-t-il doivent tout juste tenir dans sa main. Il demandera au rayon vin si elle a une bonne descente. Elle acquiescera rougissante tandis qu’il lui assurera quant à lui juste tremper ses lèvres.

Amis poètes bonsoir et bienvenus au rayon romantisme de superette…

Ils tourneront encore, choisiront sans regarder les mêmes plats cuisinés, tandis que les autres couples, les vrais, s’étriperont devant les étalages. Ceux là feront la gueule, s’invectiveront sur l’inutilité d’un achat, la lenteur de l’autre, le prix à dépenser. Eux monteront la voix, risqueront l’estocade : ils ont déjà baisé.

L’air entendu, l’aventure dans les yeux, la chasse continuera. Rayon hygiène la tension montera d’un cran. C’est là ou tout va se jouer. Il a l’experience pour lui, il le sait. Elle s’aventurera, fleur bleue, devant les huiles corporelles, ignorera les déo, gels fraicheur intime et crèmes dépilatoires et autres tuent l’amour. Il préfèrera crânement un regard appuyé au rayon des capotes, XXL évidemment. Elle détournera les yeux, l’air effarouchée. Ce n’est pas tout à fait comme ça, qu’elle a été élevée.

Il lâchera donc l’affaire, sans un regard en arrière. Il n’est pas là pour rigoler. C’est un chasseur un vrai. Un prédateur de supermarché…


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